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Maintenant ce n’était plus Tchouieff mais Stepan qui, dans la salle, lisait souvent l’évangile. Parmi les prisonniers, les uns chantaient des chansons obscènes, les autres écoutaient sa lecture et ses causeries sur ce qu’il avait lu. Deux, en particulier, l’écoutaient toujours en silence et attentivement: un forçat, un assassin, employé comme bourreau, Makhorkine, et Vassili, pris pour vol, et incarcéré dans la même prison en attendant d’être jugé. Depuis qu’il était en prison, Makhorkine avait deux fois rempli les fonctions de bourreau, et deux fois au loin, car on n’avait trouvé personne pour exécuter les arrêts des juges. Les paysans qui avaient tué Piotr Nikolaievitch avaient été jugés par un conseil de guerre, et deux d’entre eux avaient été condamnés à la peine de mort par pendaison.

Makhorkine fut mandé à Penza pour remplir ses fonctions. Auparavant, en pareil cas, il écrivait aussitôt – il lisait et écrivait très bien – une requête au gouverneur, dans laquelle il expliquait qu’étant envoyé à Penza pour remplir un devoir, il demandait qu’on lui donnât l’argent lui revenant pour le séjour et la nourriture.

Mais cette fois, à l’étonnement du directeur de la prison, il déclara qu’il ne partirait pas et ne ferait plus fonctions de bourreau.

— Et les bâtons? As-tu oublié? S’écria le directeur de la prison.

— Eh bien! Quoi! Les bâtons? Soit! Mais pour tuer il n’existe pas de loi.

— Quoi! C’est de Pelaguschkine que tu as appris cela? Et voilà, tu as trouvé un prophète en prison! Prends garde!

Tous les Contes de Léon Tolstoi (151 Contes, fables et nouvelles)

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