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V
COMMENT SORTIR DE LA

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Les trois bandits n’hésitèrent pas: ils s’élançèrent dans les jardins du docteur et disparurent bientôt sous les arbres.

On frappa de nouveau à la porte du cabinet de toilette.

Malgré leur nudité, le président de la Faculté de médecine et son secrétaire se décidèrent à ouvrir.

C’était le pasteur d’un village voisin.

L’homme pieux ferma les yeux.

–Bien! dit le président, causons ainsi, si vous voulez, car mon élève et moi venons d’être dépouillés par trois pendus.

–Comment! interrompit le pasteur, par trois pendus? Hélas! les malheureux! je les ai enterrés ce matin! C’est ce dont je venais vous prévenir, monsieur le président, car j’ai appris que ces malheureux, d’ailleurs innocents, devaient servir à vos expériences scientifiques. Laissez-les en terre sainte, je vous en prie, car je réponds de leur âme.

–Gardez-les, gardez-les, mais je commence à avoir froid, dit le président.–Soyez-donc assez bon pour aller me chercher ma robe de chambre qui se trouve sur le pied de mon lit, dans ma chambre à coucher, et par la même occasion, apportez une couverture de laine pour mon élève.

Le pasteur fit ce qui lui était demandé.

–Mais, dit le président, quand il fut vêtu, comment vous êtes-vous procuré ces corps?

–J’avais chargé mon bedeau de les dépendre pendant la nuit.

–Diable! mais j’ai fait sur eux une expérience qui doit avoir pas mal secoué monsieur votre bedeau: les cordes étaient électrisées. Enfin, vous m’avez sauvé la vie, monsieur le pasteur, vous pouvez garder vos cadavres, d’autant plus qu’ils sont innocents. J’attendrai une autre pendaison pour faire mes expériences.

Un bruit inusité se fit entendre sur la place de la ville.

Le docteur s’approcha de la fenêtre.

C’étaient Eudes, Urbain et Bénédict à demi vêtus qui venaient d’être empoignés par les gendarmes.

–Ceux-là sont coupables, j’en suis sûr, dit le président. Ils m’ont tout avoué. Dans huit jours, je pourrai expérimenter sur leurs corps.

–Que voulez-vous donc faire? dit le pasteur.

–Rappeler un pendu à la vie.

–Et vous croyez réussir?

–Oh! certainement.

–Eh bien! ajouta le pasteur, en faveur de la vie que je vous ai sauvée, vous en convenez, promettez-moi une chose.

–Je vous la promets d’avance!

–Eh bien! envoyez-moi le premier pendu que vous ressusciterez.

–Pourquoi faire:

–Vous lui aurez rendu la vie, moi, j’essayerai de lui rendre l’honneur!

Le pasteur attend depuis vingt ans le premier ressuscité.

Le président de la Faculté de médecine vient de mourir.

Le pasteur n’attend plus.

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