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III
CE QUI ARRIVA LA NUIT.

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Un moment après, on vit une ombre noire qui grimpait à la première potence.

Quand elle fut parvenue en haut, on distingua parfaitement l’homme qui était venu s’asseoir vers les minuit au pied de la potence de Pétrus.

L’inconnu se pencha, coupa la corde, les deux corps tombèrent par terre avec un bruit sinistre. Il en fit autant aux deux autres potences. Puis il redescendit.

Il ôta la corde du cou des trois premiers pendus et la remit au cou des trois autres, puis faisant sortir du milieu d’un taillis d’arbres verts une petite charrette, il plaça dedans les corps de Pétrus, de Ghislain et d’Yseux et les emmena lentement.

Quant à Eudes, Urbain et Bénédict, ils restérent ainsi étendus par terre, avec la corde au cou, jusqu’au matin.

Cependant, dans cette ville et à cette époque, il n’était pas d’usage de laisser les pendus se détériorer au sommet des potences; le lendemain de l’exécution, le bourreau venait avec le président de la Faculté de médecine, on reconnaissait les cadavres et la Justice en faisait don à la Science. La Science donnait la tête aux phrénologues, les mains aux chiromanciens, et le corps aux étudiants praticiens.

La Justice donnait les vêtements et l’argent de poche du supplicié au bourreau et à ses aides.

Quant à l’État, il s’emparait des biens du criminel, si toutefois le criminel avait des biens.

Au petit jour, le bourreau réveillé par sa femme se leva, but un verre de vin rouge, se coupa, dans une petite guillotine modèle,–dont il étudiait le système,–deux ou trois tranches de saucisson d’Arles, puis, ce léger repas fait, il essuya sa bouche, prit son chapeau et sortit.

Dans ce temps-là, c’étaient les garçons cordiers qui servaient d’aides au bourreau. Il fut donc en réveiller trois, les priant de se munir d’une charrette et d’aller l’attendre au bas de la côte du gibet.

Six heures sonnaient comme le bourreau heurtait à la porte du président de la Faculté de médecine.

Le président était déjà levé.

Les deux hommes s’éloignèrent.

L’un, celui qui arrêtait la mort, dit à l’autre, celui qui la donnait:

–Avez-vous fait ce que je vous ai dit?

–Oui, monsieur, répondit l’autre.

–C’est bien, qu’on porte de suite les cadavres chez moi, mais avant tout, je veux les reconnaître.

Arrivés au pied des potences, les cinq personnages, à savoir les trois aides, le bourreau et le président de la Faculté jetèrent un grand cri!

Ils venaient d’apercevoir les trois hommes par terre.

Seuls, le bourreau et ses aides s’aperçurent de la substitution, mais on se garda bien d’en dire un mot au docteur.

–Qu’importe! après tout, dit le Président de la Faculté après avoir tâté les victimes, rien n’est cassé, la mine est bonne, faites ce que j’ai dit.

Les aides s’emparèrent d’Eudes, d’Urbain et de Bénédict et, après les avoir dépouillés de leurs vêtements, les transportèrent chez le président de la Faculté.

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