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III
IDYLLE.

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Dans un petit sentier tracé au milieu des prairies qui descendent jusqu’à la Meuse, non loin de Rotterdam, une jeune fille allait seule et rêveuse, et disait à mi-voix:

–Je voudrais être fleur d’aubépine pour que sa main me cueillît, petite fleur des champs pour qu’il me plaçât sur son cœur! Quand naissent les bleuets, quand l’avoine fleurit, quand les pinsons et les linottes chantent sous les feuilles, quand les hirondelles reviennent au nid de l’an passé, au sommet de la cheminée, il aime à venir avec moi, dans les champs et à me dire: Je t’aime! Voici le premier jour du printemps! voici le premier rendez-vous! Je l’attends et il ne vient pas!

Au même instant, un jeune homme accourut tout essoufflé.

–Marthe! Marthe! cria-t-il.

–André! mon petit clerc! méchant! déjà en retard.

–Ce n’est pas ma faute, petite Marthe, mon maître a fait hier une empiète importante, et ce matin j’ai dû l’aider à la transporter à la maison. C’est la momie d’une reine d’Égypte, moins pure que toi, Marthe et moins belle.

–Tu mens peut-être, André, et moi je n’en sais rien.

Faut-il vous raconter cette conversation amoureuse? J’hésite, je l’avoue, j’ai peur de vous distraire sans vous amuser; j’ai peur que ce tableau rose et bleu vous semble fade, j’ai peur encore de me répéter quelques pages plus loin.

Car, sachez-le, tout le long, le long, le long de cette histoire, mes petits amoureux vont se becqueter comme des colombes; ainsi nous les retrouverons plus loin, n’ayez pas peur.

Puis, maintenant, ils veulent être seuls.

Ne soyons pas indiscrets.

Nous les retrouvons au bout de deux heures, toujours entrelacés. Ils se séparent, et nous entendons ces mots:

–Adieu, chère Marthe, ou plutôt à ce soir!

A onze heures, tu passeras dans la rue, je me tiendrai sur le seuil de la porte. Maître Justin Oysel sera couché ainsi que sa vieille gouvernante, viens!

–Mais, murmura Marthe, ce soir. c’est bien tard, ne m’as-tu pas assez vue ce matin?

–Assez vue! s’écria André: plus je te vois, plus je veux te voir. Toujours, encore! A ce soir, Marthe, à ce soir!

A ce soir!–Ce mot m’attriste malgré moi! Ce soir, c’est l’avenir!

Ah! s’ils avaient vécu! Comme ils ne se quitteraient pas! Ce soir! c’est le lendemain, c’est l’exécution de la promesse, c’est la fin de la chanson, le dernier mot de mon histoire, c’est le complément inconnu, Quel monde d’espoir entre cette heure qui sonne en ce moment, et ce soir onze heures!

Ce soir. Je frémis.

Les amoureux, eux aussi frémissaient, mais c’était d’espoir et de désir.

Contes abracadabrants

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