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En sortant de la demeure de M. Râle, Georges jugea nécessaire de retourner immédiatement à Brevannes. Il tenait à faire à M. de Trévanon sa confession pleine et entière de la conduite qu’il venait de tenir, et à lui soumettre les papiers qu’il emportait. Lui et le docteur les examinèrent encore devant le vieillard.

Georges demanda des explications qu’il ne put obtenir d’une mémoire troublée et confuse à l’égard de certaines pièces qu’on lui présentait.

Georges les emporta toutes à Montmorency. Il passa la nuit à les parcourir, à prendre des notes, à rapprocher les époques, les chiffres, pour se rendre compte d’une situation qui, au fur et à mesure qu’il avançait dans ses recherches, paraissait s’éclaircir.

Le livre de comptes surtout qui remontait à vingt-cinq ans, et qui avait été tenu très exactement, jour par jour, par M. de Trévanon père, devait faire foi devant la justice ou, du moins, l’aider à établir une preuve. Or, il n’y avait pas place à la dette réclamée dans ce livre, non plus que dans le testament. Que supposer? Une dette de jeu? Comment ne l’aurait-on pas réclamée à la mort de M. de Trévanon? Comment avait-on attendu l’attaque de paralysie de son frère, seul capable de défendre les droits des enfants et de jeter la lumière dans cette affaire?

Georges entrevoyait une infâme machination. Les allures de M. Râle, ces livres si soigneusement cachés, autorisaient tous les soupçons.

Pendant cette longue nuit, Georges se prit à regretter que sa qualité d’étranger ne lui permît pas de plaider lui-même cette cause délicate. Le souvenir de Cécile lui envahissait le cœur, et il s’écriait:

–Que je serais heureux de défendre ces enfants!

Chateaubriand a dit: «Le cœur humain veut plus qu’il ne peut; il veut surtout admirer, il a en soi-même un élan vers une beauté inconnue pour laquelle il fut créé dans son origine.» Cécile était-elle cette beauté à laquelle Georges devait dès lors rapporter toutes ses pensées? Il ne le savait pas encore; mais cette nuit-là, la pensée de la jeune fille ne cessa de l’occuper: il la voyait passer sans cesse devant ses yeux, et, tout éveillé, le jeune homme se plongeait dans des rêves dorés que ses recherches obligées pouvaient seules interrompre. C’était s’occuper encore de Cécile que de reprendre ce travail, et vite il s’y remettait.

Une chose étonnait Georges. Outre la présence du livre de comptes que l’oncle croyait en haut et pour lequel le jeune homme avait fait transporter le malade au premier étage, toutes les pièces trouvées chez M. Râle avaient des signatures de M. de Trévanon. Pourquoi? Il ne pouvait se l’expliquer.

Le jour le retrouva au travail. Et le matin, lorsque Madeleine entra dans la chambre de son frère, celui-ci lui dit avec vivacité:

–Je suis content, je trouverai la voie du salut pour les orphelins; et parmi mes illustres amis, un défenseur.

Nos Américains (épisodes de la guerre de sécession)

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