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CHAPITRE PREMIER

Table des matières

LA MÉLANÉSIE

Divisions de l’Océanie. — Australie. — Tasmanie. — Nouvelle-Calédonie. — Nouvelle Guinée. — Les Archipels.

Divisions de l’Océanie. — L’Océanie se compose du continent australien et d’une grande quantité d’îles éparses dans l’océan Pacifique. On la divise généralement en trois parties: la Mélanésie, comprenant l’Australie, la Tasmanie, la Nouvelle-Calédonie, la Nouvelle-Guinée, les îles Viti, Salomon, les Nouvelles-Hébrides, etc.; la Malaisie, contenant Bornéo, Sumatra, Java, Timor, les Moluques, les Célèbes, les Philippines, etc.; la Polynésie, avec les îles Sandwich, Nouka-Hiva, Taïti, Pomotou, l’île de Pâques, Tonga, Samoa, la Nouvelle-Zélande, l’archipel des Marianes, les Carolines, les îles Marshall, Gilbert, etc.

L’Australie. — La terre la plus importante de la Mélanésie est le vaste continent australien, dont les côtes sont en partie occupées par des colonies anglaises très florissantes. L’Australie est cependant peu connue, surtout dans l’intérieur.

Les naturels australiens sont un des plus tristes spécimens des races humaines. Leurs membres sont grêles; sous une chevelure crépue, apparaît un front étroit et saillant, avec de petits yeux, des narines démesurées et une bouche aux lèvres épaisses. Ils se tatouent au moyen d’incisions de différentes sortes formant dessin. Les coquillages jouent aussi un très grand rôle dans leur parure. Quant au costume, il consiste en une peau de kangourou jetée sur les épaules.

Melbourne (194,000 hab.) est la ville la plus importante de l’Australie. Fondée en 1837, elle était déjà une cité florissante, lorsque le comte de Beauvoir la visita en 1866: «Oui, c’est une surprise, dit-il, de débarquer à Melbourne; longues files de voitures de place, comme à Londres, théâtres, promeneurs en foule, luxueuses maisons à hauts étages, policemen irréprochablement tenus, restaurants ouverts, porteurs ambulants d’affiches passées par devant et par derrière, squares éclairés, tout donne à cette ville, sauf la largeur des rues, la ressemblance la plus frappante avec l’Angleterre, et, depuis que nous avons vu la terre, il me semble que la couleur locale de ces pays-ci consiste précisément à n’être pas couleur locale, et que la colonie ressemble d’une façon inouïe à la métropole.»

Fig. 99. — Océanie.


Sidney (135,000 hab.) est la plus ancienne ville que les Anglais aient fondée sur le continent australien. «Le panorama qu’offre la rade est unique au monde, dit Henri Rochefort; ces côtes festonnées de palétuviers, de choux palmistes, d’aloès, de cactus, et découpées en girandoles odorantes, dont les brises du Pacifique respectent le feuillage, rappelaient si peu les bords arides de l’Atlantique, que le matelot anglais qui, le premier, côtoya Port-Jackson le prit pour un lac intérieur.

«Sydney est traversée dans toute sa longueur par quatre voies parallèles, bordées de maisons faites d’une pierre pâteuse d’un gris sale qui leur donne l’aspect de monuments bâtis en terre glaise. Entre de hautes et volumineuses constructions, s’allongent des séries de maisons à un ou à deux étages. C’est le chez soi, le home si cher aux Anglais, qui se retrouve avec cette tendance des habitants d’un quartier à s’isoler le plus possible. Peu de maisons ont pour locataires plus d’une seule famille. Il n’est pas rare de voir six Français habiter sur le même palier. Un des caractères du peuple britannique est l’horreur du voisinage...

«Les monuments les plus sérieusement empreints d’architecture sont les banques. C’est à laquelle fera le plus luxueusement «l’œil» aux capitaux.»

Adélaïde (27,000 hab.), Collingwood (20,000 hab.), Ballarat (64,000 hab.), Brisbane (20,000 hab.), sont des villes intéressantes par l’activité que déploient toujours des cités en voie de formation et appelées à un grand avenir. «Je ne connais rien de bizarre comme une ville naissante, écrivait le comte de Beauvoir en parlant de Brisbane: il y a ici des édifices publics qui sont de vrais palais, et pourtant Brisbane n’est encore qu’un grand village; les rues sont jalonnées plutôt que tracées, et elles se devinent au milieu d’une forêt de cèdres rouges, de tulipiers, de bois de fer! Au bout d’une rue qui compte trois ou quatre coquettes boutiques de nouveautés, est un précipice ou un torrent; plus loin j’ai vu écrit sur une bâtisse: «Trésor public» et il n’y avait alentour que les tentes des émigrants arrivés depuis quelques jours.»

En colonisant les côtes de l’Australie, les Anglais ont apporté dans ces lointaines contrées les besoins de notre civilisation européenne. Sydney, Melbourne, Adélaïde, sont des villes très riches, très peuplées, avec des rues percées à angle droit, des places, des promenades publiques, et des édifices, dont quelques-uns affichent tout le luxe et la somptuosité de nos villes européennes. Quelle sera la place des beaux-arts dans cette société qui, née d’hier, est déjà sous bien des rapports aussi avancée que la métropole? Il est difficile de le prévoir, mais des efforts ont lieu en ce moment même pour développer un sentiment qui est le couronnement d’une civilisation, mais qu’on trouve rarement à ses débuts: Melbourne et Sydney ont convié nos artistes à une exposition qui n’est pas sans retentissement. Déjà Melbourne a son Musée, où l’on nous signale des œuvres de Gérôme, Bouguereau, Vibert, Layraud, et des ouvrages beaucoup plus nombreux des artistes anglais en renom, Ansdell, Pettie, Herring, Hodgson, etc.

La Tasmanie. — La Tasmanie, autrefois appelée Terre de Van Diémen, est une île située au sud-est de l’Australie, et occupée par les Anglais depuis 1804. C’est une contrée fertile, d’un climat agréable, et dont le commerce prend tous les jours de l’extension. La capitale, Hobart-Town (21,000’hab.), est une ville d’une physionomie tout anglaise et qui n’offre rien de particulier à signaler.

Fig. 100. — Kanaque, — Kanaque, — Australien. (D’après les modèles de la galerie ethnographique, au Musée d’artillerie.)


Nouvelle-Calédonie. — La Nouvelle-Calédonie est une grande île entourée par un cercle de récifs entourés par des coraux. Ce pays est depuis quelque temps une colonie française qui sert de lieu de déportation, et dont Nouméa est la capitale. Cette colonie, à laquelle on prédit un grand avenir, est encore trop récente pour qu’on puisse y voir poindre une industrie artistique quelconque. Les naturels de l’île sont les Kanaques; les armes de ces sauvages sont la zagaie, la fronde, la massue; un casse-tête, affectant la forme d’un oiseau du pays nommé Cagou, est considéré comme l’arme nationale par excellence. Les prêtres kanaques jouissent d’une grande considération. Ce sont eux qui, lorsqu’une lutte doit s’engager, vont chercher la pierre de guerre et pratiquent les cérémonies qui doivent leur révéler de quel côté sera la victoire. Si l’oracle est favorable, on pousse le cri de guerre: Din! din! akatika! Et les danses commencent. «Les acteurs de cette scène, dit le Guide de la Galerie ethnographique, portent sur la tête la marque de guerre, représentation bizarre d’une figure humaine en bois sculpté, ayant la bouche ouverte, et c’est par cette sorte de lucarne que le danseur peut diriger ses regards. Au masque est attaché un filet qui porte à chacun de ses nœuds une touffe de plumes d’un pigeon commun dans le pays, le noutou.»

Fig. 101 et 102. — Masques kanaques. (Musée du Louvre.)


Fig. 103. — Habitations Kanaques.


Quelques-uns de ces masques ont été rapportés en 1877 et sont maintenant au musée ethnographique du Louvre (fig. 101 et 102).

Les habitations kanaques sont de forme conique et construites en chaume (fig. 103). Une affreuse poupée peinte en blanc, en noir et en rouge, imitant visiblement la forme humaine, les surmonte généralement. On voit aussi autour de ces tristes demeures des pieux au haut desquels on a placé soit de gros coquillages, soit des crânes d’ennemis.

La Nouvelle-Guinée. — La Nouvelle-Guinée est une île de forme allongée, flanquée à ses deux extrémités de presqu’îles qui constituent la terre des Papous et de la Louisiade; le détroit de Torrès sépare de l’Australie ce pays que l’on croit être montagneux et volcanique, mais dont on n’a guère exploré que les côtes. Le Musée ethnographique possède un curieux spécimen des nègres Papous. «Il représente, dit le Catalogue, un type sauvage, mais aussi un des élégants de la tribu. Sa chevelure très longue et très dense, teinte en roux avec de la chaux et poudrée en blanc avec du corail pulvérisé, forme deux grandes touffes recouvertes d’un diadème fait en plumes de casoar. Au-dessus se dresse un peigne de guerre orné d’un oiseau de paradis, la merveille zoologique de cette contrée qui en possède tant d’autres. Un bandeau de petites coquilles et un collier de dents de cachalot complètent la parure. La figure est peinte en rouge, de petits bâtons de nacre sont engagés dans la cloison du nez et dans les lobes des oreilles, un tatouage bleu se dessine sur la poitrine. Les armes sont remarquables: c’est un casse-tête formé d’un long manche en bois dur, sur lequel est engagé un globe de serpentine, puis une lame habilement barbelée et une flèche armée d’un petit marteau en bois: c’est avec cet engin qu’on tue les oiseaux précieux pour ne pas en détériorer la peau.»

Les petits archipels. — Les îles Salomon, Viti, les Nouvelles-Hébrides, etc., sont toutes des terres d’origine volcanique, toutes entourées d’une ceinture de coraux, toutes enfin douées d’une puissance de végétation remarquable. Les naturels qui peuplent ces îles offrent, à côté de traits généraux communs, certaines particularités, spéciales à telle ou telle peuplade, que leurs armes et leurs costumes nous permettent de constater. C’est ainsi que les habitants des îles Viti se montrent plus spécialement soigneux de leur personne, recherchés dans leurs ajustements. Ils prennent plusieurs bains par jour, et leurs coiffures crêpées et roulées en canons annoncent un travail méticuleux. Comme traits généraux il faut signaler l’emploi commun de l’arc et le mélange d’os humains et de fils très fins placés entre eux et les maintenant, dans les instruments de guerre, dans la lance par exemple. Citons aussi le poignard en bois muni de dents de requin sur ses deux arêtes. Quant aux détails de costumes ce sont toujours les mêmes: les coquillages, les dents d’animaux, la verroterie y jouent le plus grand rôle. Les habitations sont toujours aussi les mêmes cases que l’on trouve dans presque toutes les îles de l’Océanie.


Le monde vu par les artistes : géographie artistique

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