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AMÉRIQUE DU NORD

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Continent américain. — Amérique du Nord. — Terres arctiques. — Esquimaux. — Groënland. — Dominion du Canada.

Continent américain. — L’Amérique se compose de deux grandes presqu’îles triangulaires reliées ensemble par l’isthme de Panama. Les côtes de l’Amérique du Nord sont profondément échancrées et coupées de golfes profonds; l’intérieur renferme des lacs grands comme des mers et est arrosé par des fleuves immenses, qui circulent dans d’interminables prairies. Le Mexique et le Guatémala, qui forment ce qu’on est convenu d’appeler l’Amérique centrale, sont composés d’immenses plateaux et de terrains volcaniques. Une vaste chaîne de montagnes, qui aux États-Unis prend le nom de montagnes Rocheuses, s’étend du détroit de Behring jusqu’à l’isthme de Panama, et prend le nom d’Andes ou Cordillères dans l’Amérique du Sud, où elle redescend en longeant le grand Océan jusqu’à l’extrémité de la Patagonie. L’Amérique du Sud se trouve ainsi divisée en deux versants, dont l’un forme une langue de terre le long de la mer, tandis que l’autre, beaucoup plus étendu et sillonné de fleuves énormes, est couvert d’impénétrables forêts. Outre la grande chaîne qui traverse du nord au sud tout le continent américain, en longeant le grand Océan, l’Amérique du Nord est coupée par une chaîne beaucoup moins élevée, qui est à peu près parallèle à l’Atlantique: c’est la chaîne des monts Alleghanys.

L’Amérique est baignée dans toute son étendue par les deux océans, mais ses grands fleuves sont tous placés sur le versant oriental.

L’Amérique, par son immmense étendue, présente des climats et des aspects très différents.

«Quand les Européens abordèrent les rivages des Antilles, et plus tard les côtes de l’Amérique du Sud, écrit M. de Tocqueville, ils se crurent transportés dans les régions fabuleuses qu’avaient célébrées les poètes. La mer étincelait des feux du tropique; la transparence extraordinaire de ses eaux découvrait pour la première fois, aux yeux du navigateur, la profondeur des abimes. Çà et là se montraient de petites îles parfumées qui semblaient flotter comme des corbeilles de fleurs sur la surface tranquille de l’Océan. Tout ce qui, dans ces lieux enchantés, s’offrait à la vue, semblait préparé pour les besoins de l’homme, ou calculé pour ses plaisirs. La plupart des arbres étaient chargés de fruits nourrissants, et les moins utiles à l’homme charmaient ses regards par l’éclat et la variété de leurs couleurs. Dans une forêt de citronniers odorants, de figuiers sauvages, de myrtes à feuilles rondes, d’acacias et de lauriers-roses, tous entrelacés par des lianes fleuries, une multitude d’oiseaux inconnus à l’Europe faisaient étinceler leurs ailes de pourpre et d’azur, et mêlaient le concert de leurs voix aux harmonies d’une nature pleine de mouvement et de vie. La mort était cachée sous ce manteau brillant; mais on ne l’apercevait point alors, et il régnait d’ailleurs dans l’air de ces climats je ne sais quelle influence énervante qui attachait l’homme au présent et le rendait insouciant de l’avenir.

«L’Amérique du Nord parut sous un autre aspect: tout y était grave, sérieux, solennel; on eût dit qu’elle avait été créée pour devenir le domaine de l’intelligence comme l’autre la demeure des sens. Un océan turbulent et brumeux enveloppait ses rivages; des rochers granitiques ou des grèves de sable lui servaient de ceinture; les bois qui couvraient ses rives étalaient un feuillage sombre et mélancolique; on n’y voyait guère croître que le pin, le mélèze, le chêne vert, l’olivier sauvage et le laurier.»

Une fois descendu sur la côte, on se trouvait en présence de forêts séculaires impénétrables, élevant un rempart de plantes enlacées, d’arbres, morts ou vivants, debout ou tombés, enchevêtrés, pris les uns dans les autres, et semblant défier le fer de la hache.

Ces deux natures complètement opposées du nord et du sud devaient enfanter et enfantèrent deux civilisations aussi opposées.

L’Amérique du Nord. — L’Amérique du Nord s’étend depuis les régions polaires jusqu’à l’isthme de Panama, et présente à peu près la forme d’un triangle. Elle est admirablement bien disposée pour recevoir une grande civilisation, puisqu’elle est coupée de golfes et de lacs intérieurs, et sillonnée de grands fleuves navigables. Le fleuve Saint-Laurent, qui forme la limite du Canada et des États-Unis, se jette dans l’Atlantique, en face l’île de Terre-Neuve, par une embouchure qui n’a pas moins de 400 kilomètres de large (fig. 138).

Fig. 138. — Amérique du Nord.


Ce fleuve sert de déversoir aux plus grandes masses d’eau douce qui existent dans le monde, les lacs Supérieur, Huron, Michigan, Erié et Ontario. Entre le lac Érié et le lac Ontario, sont les fameuses chutes du Niagara, que traverse aujourd’hui un chemin de fer, placé sur un pont suspendu à 60 mètres de hauteur.

«Une sombre allée, parcourue de furieuses rafales, dit E. Reclus, s’ouvre entre la paroi du roc et une nappe d’eau de 6 à 10 mètres d’épaisseur, se développe librement dans l’espace comme une immense voûte de cristal. Des colonnes de vapeurs irisées jaillissent du tourbillon des eaux grondantes et cachent à demi les deux masses blanches des cataractes. A chaque instant du jour, suivant la marche du soleil, le grand arc-en-ciel peint sur les fumées changeantes se déplace et modifie l’aspect de la chute. Les diverses saisons ajoutent aussi chacune quelques traits de beauté à la magnificence du spectacle. Les arbres encore respectés de Goat-Island et des falaises contrastent avec la blancheur des eaux, en été, par leur verdure, en automne, par les couleurs si variées de leur feuillage. L’hiver, des stalactites de glace, brillant parfois aux rayons solaires comme d’immenses parures de diamants, sont suspendues de toutes parts aux rochers et servent de cadre aux deux grandes nappes plongeantes des eaux; enfin, au printemps, lors de la débâcle, on assiste au formidable spectacle que présentent les blocs de glace, semblables à des débris de montagnes, se pressant sur le bord de la cataracte et s’entre-choquant avec fracas sur la courbe énorme de l’eau qui les entraîne.»

Le Mississipi ou Meschacébé prend sa source au-dessous des grands lacs, coule presque directement du nord au sud et va se jeter dans le golfe du Mexique. Ses principaux affluents sont le Missouri, qui devrait être regardé comme la branche principale du grand fleuve, l’Illinois, l’Ohio, et une multitude de rivières qui viennent des monts Alleghanys ou des montagnes Rocheuses.

«Le Meschacébé (Mississipi), dit Chateaubriand, dans un cours de plus de mille lieues, arrose une délicieuse contrée que les habitants des Etats-Unis appellent le nouvel Éden, et à laquelle les Français ont laissé le doux nom de Louisiane. Mille autres fleuves, tributaires du Meschacébé, le Missouri, l’Illinois, l’Arkansas, l’Ohio, le Wabache, le Tenase, l’engraissent de leur limon et la fertilisent de leurs eaux. Quand tous ces fleuves se sont gonflés des déluges de l’hiver, quand les tempêtes ont abattu des pans entiers de forêts, les arbres déracinés s’assemblent sur les sources. Bientôt la vase les cimente, les lianes les enchaînent, et les plantes, y prenant racine de toutes parts, achèvent de consolider ces débris. Charriés par les vagues écumantes, ils descendent au Meschacébé : le fleuve s’en empare, les pousse au golfe Mexicain, les échoue sur des bancs de sable, et accroît ainsi le nombre de ses embouchures. Par intervalles, il élève sa voix en passant sur les monts, et répand ses eaux débordées autour des colonnades des forêts et des pyramides des tombeaux indiens; c’est le Nil des déserts. Mais la grâce est toujours unie à la magnificence dans les scènes de la nature: tandis que le courant du milieu entraîne vers la mer les cadavres des pins et des chênes, on voit sur les deux courants latéraux remonter, le long des rivages, des îles flottantes de pistia et de nénuphar, dont les roses jaunes s’élèvent comme de petits pavillons. Des serpents verts, des hérons bleus, des flamants roses, de jeunes crocodiles, s’embarquent passagers sur ces vaisseaux de fleurs, et la colonie, déployant au vent ses voiles d’or, va aborder endormie dans quelque anse retirée du fleuve.

«Les deux rives du Meschacébé présentent le tableau le plus extraordinaire. Sur le bord occidental, des savanes se déroulent à perte de vue; leurs flots de verdure, en s’éloignant, semblent monter dans l’azur du ciel où ils s’évanouissent. On voit dans ces prairies sans bornes errer à l’aventure des troupeaux de trois ou quatre mille buffles sauvages. Quelquefois un bison chargé d’années, fendant les flots à la nage, se vient coucher, parmi de hautes herbes, dans une île du Meschacébé. A son front orné de deux croissants, à sa barbe antique et limoneuse, vous le prendriez pour le dieu du fleuve, qui jette un œil satisfait sur la grandeur de ses ondes et la sauvage abondance de ses rives.

«Telle est la scène sur le bord occidental: mais elle change sur le bord opposé, et forme avec la première un admirable contraste. Suspendus sur le cours des eaux, groupés sur les rochers et sur les montagnes, dispersés dans les vallées, des arbres de toutes les formes, de toutes les couleurs, de tous les parfums, se mêlent, croissent ensemble, montent dans les airs à des hauteurs qui fatiguent les regards. Les vignes sauvages, les bignognias, les coloquintes, s’entrelacent au pied de ces arbres, escaladent leurs rameaux, grimpent à l’extrémité des branches, s’élancent de l’érable au tulipier, du tulipier à l’alcée, en formant mille grottes, mille voûtes, mille portiques. Souvent, égarées d’arbre en arbre, ces lianes traversent des bras de rivières, sur lesquels elles jettent des ponts de fleurs. Du sein de ces massifs, le magnolia élève son cône immobile; surmonté de ses larges roses blanches, il domine toute la forêt, et n’a d’autre rival que le palmier, qui balance légèrement auprès de lui ses éventails de verdure..... Des coups de becs contre le tronc des chênes, des froissements d’animaux qui marchent, broutent ou broient entre leurs dents lés noyaux des fruits; des bruissements d’ondes, de faibles gémissements, de sourds beuglements, de doux roucoulements, remplissent ces déserts d’une tendre et sauvage harmonie.»

Il faut mettre en présence de la description que Chateaubriand a faite du Mississipi, les lignes suivantes empruntées à l’auteur de La case de l’oncle Tom, à madame Beecher-Stowe: «Le Mississipi! quelle baguette enchantée a donc transformé les bords de ce fleuve majestueux, depuis que, dans sa prose poétique, Chateaubriand le décrivait poursuivant son cours à travers les solitudes vierges et les merveilles ignorées de la nature? Comme par miracle, on a vu ses bords enchanteurs, pleins d’une sauvage poésie, ce pays des rêves, se transformer en un monde réel, non moins splendide, non moins merveilleux que l’autre. Quel autre fleuve dans l’univers emporte vers l’Océan les richesses d’un pays semblable, dont les produits sont à la fois ceux des pôles et ceux des tropiques? Ces eaux troublées, rapides, écumeuses, ne sont-elles pas la fidèle image de l’activité commerciale d’une race énergique et hardie plus que ne le fut jamais aucun peuple de l’ancien monde?..... Les feux obliques du soleil couchant vacillant sur les eaux paisibles de ce large fleuve; les bambous tremblants, les noirs cyprès, auxquels des mousses grisâtres sont suspendues en guirlandes funèbres, rayonnent sous sa lumière dorée, tandis que le steamer, que les balles de coton entassées sur le tillac font ressembler à une masse carrée, descend le fleuve avec lenteur.»

Région polaire. — L’Amérique septentrionale se termine du côté du pôle par une série de terres inconnues pour la plupart, d’îles et de presqu’îles que les glaces soudent souvent ensemble, à travers lesquelles on a longtemps cherché un passage, qui pût conduire les navires de l’océan Atlantique au grand Océan en évitant la longue traversée du cap Horn. Les découvertes faites par les navigateurs n’ont eu toutefois qu’un intérêt purement scientifique, et on a reconnu que ces parages glacés ne pouvaient être fréquentés que pendant un laps de temps trop restreint, pour que la navigation pût y établir une route commerciale. A côté de ces régions inhabitables et complètement stériles, s’étendent ,de vastes contrées où les Européens ont formé quelques établissements.

Le Groënland, vaste péninsule de forme triangulaire, toujours couverte de neige et de glace, et où la terre n’est apparente que pendant quelques semaines d’été, est habitée par des Esquimaux extrêmement misérables. Les navires fréquentent rarement ces parages désolés; les Danois ont pourtant là quelques stations de commerce où ils vont acheter les rares productions du pays.

Le territoire d’Alaska, qu’on désignait autrefois sous le nom d’Amérique russe, et qui appartient maintenant aux États-Unis, occupe l’extrémité nord-ouest de l’Amérique, jusqu’au détroit de Behring qui le sépare de la Sibérie. Des marais, des plaines de neiges, des montagnes dénudées, et dans les endroits les plus favorisés des bois de pins et d’aunes, donnent à cette contrée peu fréquentée des Européens un aspect triste et désolé. Les indigènes, très clairsemés, vivent dans un état à demi sauvage; on trouve, le long de la côte, et dans les îles du voisinage, quelques factoreries où des compagnies américaines ou russes font le commerce des fourrures.

Les Esquimaux. — Les Esquimaux qui habitent les parties les plus septentrionales de l’Amérique, depuis le Groënland jusqu’au détroit de Behring, sont petits, trapus et assez faibles de complexion. Leur tête est généralement grosse et ne répond pas aux proportions voulues par l’École des beaux-arts. Ces hommes polaires ont les mains et les pieds d’une petitesse remarquable; leurs yeux petits et noirs sont assez enfoncés sous l’arcade sourcilière, leurs lèvres sont épaisses, leurs oreilles longues, leurs cheveux noirs et rudes; ils ont très peu de barbe. Leurs huttes, de forme circulaire, sont garnies de peaux de phoques à l’intérieur, et leurs canots, d’une remarquable exiguité, sont formés de peaux de veaux marins cousues sur une carcasse en bois. Leur forme est celle d’une navette de tisserand, et l’Esquimau les dirige avec une rame étroite au milieu et large aux deux extrémités.

Les vêtements des Esquimaux sont faits de peaux de phoques, et leur allure ne prête nullement à la statuaire, qui n’a d’ailleurs que rarement tenté de les représenter. Les femmes ont des grandes bottines qui montent jusqu’aux hanches; elles sont soutenues par des baleines qui forment une espèce de poche où elles mettent leurs enfants quand elles sont fatiguées de les porter: elles tressent leurs cheveux en longues nattes auxquelles elles suspendent des dents et des griffes d’ours blancs qui forment leur principale parure. Ces femmes sont généralement fort laides, et leurs maris ne connaissent pas la jalousie. Ces peuples paraissent se soucier assez peu des principes qui constituent la famille; mais ils sont en somme très doux, et les voyageurs ne se sont jamais plaints des rapports qu’ils ont eus avec eux. Leur mobilier consiste en peaux de bêtes sur lesquelles ils se couchent et en traîneaux auxquels ils attellent des chiens et qui parcourent avec une extrême rapidité les immenses plaines de neige qui les environnent de toutes parts.

Le Canada. — On désigne aujourd’hui sous le nom de Dominion du Canada, l’ensemble des possessions anglaises dans l’Amérique du Nord. Cet immense territoire, qui n’est limité au nord que par des neiges infranchissables, se compose en grande partie de plaines interminables, coupées de lacs grands comme des mers, et sillonnées par des fleuves immenses. Les divers pays qui le composent forment ensemble une confédération possédant un parlement indépendant, et ne se rattachent politiquement à l’Angleterre que dans la personne de son gouverneur, qui est nommé par le gouvernement de la métropole. Le climat est en général très rude: les chaleurs de l’été sont intolérables, et le froid atteint en hiver une telle intensité, que le mercure s’y congèle quelquefois. L’air est néanmoins salubre, puisque la population, qui s’accroît dans des proportions extraordinaires, est en général d’une vigueur remarquable. Elle se compose d’éléments divers: les descendants des anciens colons français forment une partie importante de la nation, et sont arrivés à une grande prospérité. Ils ont conservé leur langue et leurs habitudes au milieu des colons anglais, irlandais et américains, qui les environnent de toutes parts.

Quoique le Canada soit un pays très froid, l’acclimatation des Français s’y est produite très facilement. Quelques chiffres cités par Quatrefages témoignent de cette facilité : «Je les emprunterai, dit-il, à l’histoire des races françaises qui, depuis le traité de Paris de 1763, n’ont que bien peu contribué directement au peuplement du Canada. On comptait dans cette contrée: en 1814, 275,000 habitants d’origine française; en 1851, 695, 945; en 1861, 1,037,770.» Et le célèbre anthropologiste ajoute que «l’histoire des Acadiens fournit des chiffres tout aussi rassurants. Des renseignements recueillis par M. Rameau, il résulte que cette population descendait tout entière de 47 familles, représentant 400 âmes, en 1671. En 1765, elle comptait 18,000 âmes. Dispersée et chassée par les Anglais, elle fut réduite au chiffre de 8 000 seulement. En 1861, elle était remontée à celui de 95,000 âmes.»

Fig. 139. — Le Canada et le Labrador.


La baie d’Hudson pénètre profondément dans les terres du côté de l’océan Atlantique et forme l’immense presqu’île du Labrador, dont le sol est stérile et à peu près inhabité. A l’extrémité méridionale du Labrador est l’île de Terre-Neuve, avec le grand banc où se rendent les pêcheurs de morues. Les Français ont près de là les petites îles de Saint-Pierre et Miquelon, seul reste de nos anciennes colonies dans ces parages et où sont établies nos pêcheries. La Nouvelle-Écosse, province située au sud de l’embouchure du fleuve Saint-Laurent, présente pour nous un intérêt particulier, parce qu’elle est en grande partie peuplée par les familles des anciens colons français (fig. 139).


QUÉBEC, ancienne capitale du Canada français (60,000 hab.), présente au premier abord un aspect grandiose et imposant. Les rivages du fleuve Saint-Laurent, bordés de rochers escarpés, laissent voir, au milieu des restes d’anciennes forêts, de riches cultures et de jolies habitations. La ville haute est bâtie sur un cap élevé de 115 mètres, et la ville basse, beaucoup mieux construite, s’étend au pied de la montagne et le long de la rivière. Québec est une ville très-forte, mais qui n’a pas de monuments intéressants.


MONTRÉAL (107,000 hab.), ville anglaise, est située sur la côte orientale d’une île formée par le fleuve, à sa jonction avec l’Ottawa. Cette ville possède quelques édifices, entre autres la grande église catholique, une des plus vastes du nouveau monde.

Ottawa (21,000 hab.), capitale de toute la confédération, est située sur la rivière du même nom. Le parlement, édifice très vaste et de construction récente, présente quelques parties remarquables. Mais ce que les touristes vont surtout voir à Ottawa, c’est la chute de la Chaudière, une des plus imposantes de l’Amérique, et dont la célébrité égale presque celle du Niagara.

On a pu voir, à l’Exposition de 1878, de nombreuses photographies représentant les différents aspects des villes du Canada, ainsi que les monuments qui les décorent. Les rues, qui sont généralement très larges et tirées à angle droit, sont garnies de belles boutiques et présentent au premier abord un aspect opulent et grandiose. Les monuments, souvent très vastes et quelquefois somptueux, manquent en général d’originalité. L’exposition canadienne du Champ-de-Mars a été très remarquée pour ses produits agricoles, mais le public français a été frappé de sa pauvreté sous le rapport des arts. Non seulement la peinture et la sculpture étaient pour ainsi dire absentes, mais les industries d’art n’étaient guère mieux représentées. L’instruction est très répandue au Canada, mais elle est un peu exclusive, et on semble négliger par trop les choses du goût. Il en est un peu de même dans toute l’Amérique; mais ce n’est là qu’un état transitoire, et on aimerait voir poindre, chez la race active et intelligente des Canadiens, l’ambition d’être appelés un jour les Athéniens du nouveau monde.

Fig. 140. — Idole de bois.


La région qui s’étend par delà les grands lacs est celle où se déploie surtout la grande activité des défricheurs. Tout est à faire dans ce pays, et il y a dans cet abatage de forêts un élément pittoresque dont nous n’avons aucune idée en Europe, et dont un artiste saurait assurément tirer parti.

La contrée qui s’étend à l’ouest contre les montagnes Rocheuses est encore couverte de tribus indiennes qui s’étendent également sur le sol de la Colombie anglaise du côté de l’océan Pacifique. Ces Indiens offrent cela de particulier qu’on a trouvé chez eux les éléments d’une sculpture, très grossière il est vrai, mais dont les tribus du Missouri n’offrent pas l’équivalent. Ce sont des séries de têtes superposées et toutes pourvues d’un nez d’une dimension formidable, qui les fait ressembler à de vraies caricatures. Il n’y a pourtant aucune intention comique chez les pauvres sculpteurs indiens qui ont taillé ces images colossales dans le bois, et qui paraissent avoir eu l’idée de rappeler par ce monument le souvenir de quelque événement qui a illustré leur tribu, ou d’honorer quelque divinité inconnue (fig. 140).


Le monde vu par les artistes : géographie artistique

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