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PREMIÈRE PARTIE

CHAPITRE IV
Qui devrait être le premier.
Où l'on fait connaître Fanchette.

Table des matières


Un riche marchand de draps de cette capitale, nommé Florangis, habitant des rues saint-denis ou saint-honoré (peu nous importe) avait une vaste boutique; où l'on ne découvrait que les quatre murs; en récompense, on voyait dans le fond un large escalier, sur lequel vingt personnes pouvaient aller de front sans se coudoyer. On parvenait par cette belle route dans un magasin obscur, dont les croisées garnies d'abajours ne donnaient qu'un faible crépuscule. Toutes les étofes, tant de nos manufactures, que d'angleterre et des indes s'y trouvaient, on n'avait qu'à choisir. Outre ce beau magasin, cette grande boutique, et cet escalier commode, ce marchand avait une femme, jolie comme une paysanne irlandaise [B], coquette comme une fille d'affaire [C], aimant le jeu, la table etc.......... [D].

[B] L'abbé Prévôt dit que ce sont les plus belles personnes de l'Europe.

[C]: Un grand homme (monsieur de Voltaire) vient de donner un petit ouvrage (la princesse de Babylone) dans lequel il prouve qu'on peut nommer ainsi les filles de l'opéra.

[D]: La dame à vapeurs a malicieusement laissé dans cet endroit une petite lacune, que les scholiastes des races futures ne manqueront pas de remplir par des sotises.

Malgré les moyens de fixer la fortune qu'on vient de lire, le marchand se ruina. Mais auparavant sa femme eut une fille. On crut pendant quelques années que la jeune personne serait riche, et son éducation fut conforme à cette fausse idée. Fanchette (c'est son nom) avait douze ans, lorsqu'elle perdit sa mère, qui ne put survivre au désastre de sa maison, qu'elle avait causé. A quinze ans, elle éprouva un malheur plus grand encore: Son père, honnête-homme, mais qui n'avait pu, comme tant d'autres, résister à sa femme, tomba malade: il sentit que sa fin était proche; et sa fille qu'il abandonnait dans l'âge des passions et de la séduction, fit couler des pleurs bien amers. Il l'apela, la baigna longtems de ses larmes, et lui tint un discours aussi tendre que sage, qu'on lira dans le chapitre suivant.

Contes de Restif de la Bretonne

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