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CHAPITRE PREMIER.

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Table des matières

LES hommes ont beau travailler pour surmonter les obstacles qui les empêchent d’atteindre à la perfection, s’ils ne sont nez avec un talent particulier pour les Arts qu’ils ont embrassez, ils seront toûjours dans l’incertitude d’arriver à la fin qu’ils se proposent. Les régles de l’Art&les exemples des autres peuvent bien leur montrer les moyens d’y parvenir: mais ce n’est point assez que ces moyens soient surs, il faut encore qu’ils soient faciles&agréables.

Or cette facilité ne se rencontre que dans ceux, qui avant de s’instruire des régles,&de voir les Ouvrages d’autruy, ont consulté leur inclination,& ont examiné s’ils étoient attirez par une lumiére intérieure à la profession qu’ils vouloient suivre. Car cette lumiére de l’esprit, qui n’est autre chose que le Génie, nous montrant toûjours le chemin le plus court&le plus facile, nous rend infalliblement heureux,&dans les moyens,&dans la fin.

Le Génie est donc une lumière de l’esprit, laquelle conduit à la fin par des moyens faciles.

C’est un présent que la Nature fait aux hommes dans le moment de leur naissance,&quoy qu’elle ne les donnent ordinairement que pour une chose en particulier, elle est quelquefois assez libérale pour le rendre général dans un seul homme. On en a vû plusieurs de cette sorte,&ceux qui sont assez heureux pour avoir reçû cette plénitude d’influences, font avec facilité tout ce qu’ils veulent faire,&c’est assez pour eux de s’appliquer pour réüssir. Il est vray que le Génie particulier n’étend pas ainsi son pouvoir sur toutes fortes de connoissances: mais il pénétre ordinairement plus avant dans celle qui est de sa domination.

Il faut donc du Génie, mais un Génie éxercé par les régles, par les réfléxions,&par l’assiduité du travail. Il faut avoir beaucoup vû, beaucoup lû& beaucoup étudié pour diriger ce Génie, &pour le rendre capable de produire des choses dignes de la posterité.

Cependant comme le Peintre ne peut, ni voir, ni étudier toutes les choses qui seroient à souhaiter pour la perfection de son Art, il est bon qu’il se serve sans fcrupule des études d’autruy.

Abregé de la vie des peintres

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