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CHAPITRE IV.

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Table des matières

LA Nature doit être considérée de deux maniéres, ou dans les objets particuliers, ou dans les objets en général,&en elle-même. La Nature est ordinairement défectueuse dans les objets particuliers, dans la formation desquels elle est, comme nous venons de dire, détournée par quelques accidens contre son intention, qui est toûjours de faire un Ouvrage parfait. Mais si on la considere en elle-même dans son intention& dans le général de ses productions, on la trouvera parfaite.

C’est dans ce général que les anciens Sculpteurs ont puisé la perfection de leurs Ouvrages,&d’où Polycléte a tiré les belles proportions de la Statuë qu’il fit pour la posterité,&qu’on appella la Régle. Il en est de même des Peintres. Les effets avantageux de la Nature leur ont donné envie de les imiter,&une expérience heureuse a réduit peu à peu ces mêmes effets en Préceptes. Ainsi ce n’est pas d’un seul objet, mais de plusieurs que les Régles de l’Art se sont établies.

Si l’on compare l’Art du Peintre, qui a été formé sur la Nature en général, avec une production particuliére de cette même Nature, il sera vray de dire que l’Art est au dessus de la Nature: mais si on le compare avec la Nature en elle-même, qui est son modéle, cette proposition se trouvera fausse.

En effet, à bien considérer les choses, quelque soin que les Peintres ayent pris jusqu’icy d’imiter cette Maîtresse des Arts, on trouvera qu’elle leur a laissé encore beaucoup de chemin à faire pour arriver jusqu’à elle,&qu’elle contient une source de beautez qu’ils n’épuiseront jamais. C’est ce qui fait dire que dans les Arts on apprend encore tous les jours, parce que l’expérience&les réflexions découvrent sans cesse quelque chose de nouveau dans les effets de la Nature, qui sont sans nombre&toûjours différens les uns des autres.

Abregé de la vie des peintres

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