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IX.

Table des matières

Averti par les Arabes qu’une panthère passait habituellement dans le sauvage ravin de la Medjerda, Ben-Amar explora les pentes abruptes de ce ravin couvert de chênes-liége, de chênes-zend, de vignes vierges, de roches embroussaillées, et aperçut enfin une panthère qui se glissait par l’étroite ouverture d’une grotte presque inaccessible et en partie dissimulée sous des ronces. A peine entrée, la défiante panthère ressortit pour s’assurer sans doute qu’elle n’avait pas été suivie ou dépistée; cette inspection de corps-de-garde terminée, elle rentra.

Ben-Amar, trop éloigné d’elle pour la tirer, certain d’ailleurs qu’il la retrouverait, alla coucher sous une tente de la tribu qui lui avait désigné cette panthère et le lendemain matin, dès l’aube, il revint se poster en embuscade à portée de fusil du repaire de l’animal. Après quelques moments d’attente, la panthère montra sa tête hors de l’antre, scruta du regard à droite, à gauche, et sortit enfin. Une balle vint à cet instant la frapper à la tête et la fit rouler au fond du ravin. Il remporta. Le lendemain Ben-Amar revint à la charge, monta la faction devant l’antre. Deux panthereaux en sortirent. Ben-Amar les tua.

Une autre fois, le Négro, comme on appelle souvent le mulâtre Ben-Amar, battait d’épais fourrés dans lesquels il entre et se glisse comme un chat-tigre, quand il entendit des cris de sanglier. Il se dirigea vers l’endroit d’où partaient ces cris. Un râle lui apprit que le sanglier expirait sous l’étreinte d’un lion ou d’une panthère. En effet, retenant son souffle et éteignant le bruit de ses pas, il vit bientôt une magnifique panthère léchant voluptueusement le sang de l’animal qu’elle venait d’égorger. Ben-Amar, complétement caché au regard, fit du bruit en se remuant. La panthère, défiante, lâcha le sanglier, tourna, retourna sur elle-même, fouilla les broussailles d’un œil allumé par l’inquiétude, et jugea prudent de disparaître. Ben-Amar traîna le sanglier derrière un gros arbre, près d’une clairière où il voulait attirer la panthère, et attendit patiemment sa venue. Elle revint en prenant les mêmes précautions de prudence, tâta le terrain, huma le vent pour savoir si le danger qui l’avait fait fuir était encore à redouter, et se décida enfin à s’approcher du sanglier, objet de sa convoitise. Ben-Amar la tira; la balle lui traversa le cou. Le premier mouvement de la panthère fut de fuir; mais, se sentant blessée, elle rebroussa vers Ben-Amar et se posta menaçante en face de lui, sur une petite éminence qui le dominait. L’Arabe fait feu sur elle une seconde fois; cette fois, la balle l’atteint au défaut de l’épaule et laboure ses flancs. Furieuse, la panthère s’élance sur Ben-Amar, dont le fusil était déchargé. Une lutte corps à corps s’engage entre l’homme et la bête féroce; mais le vigoureux Négro fut assez heureux pour se dégager des étreintes de son ennemie, et pour lui asséner un terrible coup de crosse qui abattit à ses pieds la panthère blessée et brisa son fusil: le canon lui resta entre les mains. Cet accident, que la bourse plate de Ben-Amar n’aurait peut-être pas pu réparer, fut largement compensé par la générosité du capitaine Fauvelle qui commandait la place de Souk-Arras en1857, et qui a péri d’une chute de cheval. Le capitaine Fauvelle fit cadeau à Ben-Amar d’un beau fusil à deux coups, et lui promit d’envoyer ses lionceaux et ses panthereaux, qui s’ébattaient dans une cour du bureau arabe de Souk-Arras, au Jardin des Plantes de Paris. Le cadeau et la promesse, qui ne put se réaliser par la mort accidentelle du commandant de place, rendirent fou de joie le valeureux Ben-Amar.

Chasses au lion et à la panthère en Afrique

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