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VI.

Table des matières

La chasse à la panthère offre infiniment plus de dangers et de difficultés que celle du lion. Rien n’est plus débonnaire que le lion, ce pendant de l’ours Martin des Pyrénées, auquel les bergers pyrénéens donnent des coups de houlette. Les chasseurs européens prennent le lion au piège comme un renard surprend une poule; quelques-uns l’assassinent tout à leur aise et conquièrent sans péril sérieux les lauriers de saint Hubert. Mais quoique les naturalistes aient rangé le lion et la panthère, deux animaux de caractère bien différent, dans la même classe, et leur aient également assigné la distinction féline, sous prétexte que l’un et l’autre vivent, chassent la nuit et ont les prunelles dilatées par les ténèbres, la panthère seule est vraiment, pour la férocité, la ruse, l’énergie vitale, de race féline. Jamais, sinon au cas de légitime défense, le lion n’attaque l’homme.

Comme beaucoup de voyageurs, j’ai rencontré maintes fois, en allant et en venant de Bone à Guelma et de Guelma à Bone, le lion couché sur le travers de la route. Une allumette chimique, un claquement de fouet suffisaient pour que messire lion, comprenant qu’il n’avait pas le droit d’intercepter la voie publique, nous livrât aussitôt passage. Il ne se sauvait pas; il se levait lentement, d’un pas grave et compassé de roi de tragédie, regagnait la montagne,– et nous passions.


A ma voix, une jeune moukère sortit un yalagan à la main.

Pendant mon séjour aux thermes de Hammam-Meskoutine, dans la province de Constantine, j’entendais de mon lit rugir et hurler lions et panthères. Je m’endormais bercé par ces rauques concerts en pleine forêt. J’ai vu des Arabes tuer à coups de matrak, derrière l’établissement de Meskoutine, un audacieux lion qui, en plein jour, était venu attaquer leurs troupeaux. Je suis allé souvent puiser de l’eau à une source où, à certaines heures de la nuit, le lion venait s’abreuver. Je ne dissimulerai pas la vivacité de mon émotion lorsqu’un jour je l’aperçus près de la source, et non loin d’un douar.

–Le lion! le lion! m’écriai-je aussitôt, comme si j’eusse appelé à mon secours.

A ma voix, une jeune moukère sortit impétueusement de sa tante, un yatagan à la main. J’oubliai ma terreur pour contempler la ravissante jeune fille arabe.

Elle était d’une belle stature; son corps, élancé comme le palmier, ployait sous le poids de l’or, de la soie, des bijoux dont elle était littéralement couverte. La transparence de son haïck en mousseline laissait voir les boucles de sa chevelure noire, constellées de cercles et de grappes d’argent accrochés aux oreilles. Deux grands yeux de gazelle pleins de molles et suaves lumières éclairaient sa physionomie un peu sauvage; ses lèvres saillantes étaient vermillonnées de henné et parfumées de souak. Les tatouages de son front, distinction de sa tribu, figuraient un losange bleu; ceux qui enguirlandaient ses bras un bouquet de palmes. Son pied mignon, sur lequel retombait un lourd anneau d’argent massif, chaussait une babouche du Maroc brodée de brillantes arabesques. Lorsque mes yeux se reportèrent de la moukère à la source, je ne vis plus le lion. Avait-il subi comme moi le charme, l’enchantement de la beauté enivrante de cette enfant, ou avait-il jugé dans sa sagesse léonine que deux personnes à dévorer eussent été un morceau de digestion trop difficile? Je ne sais; toujours est-il que je revins souvent près de la tente de Lalla Néfiza, mais que je ne revis plus messire lion.

Chasses au lion et à la panthère en Afrique

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