Читать книгу Histoire de la guerre d'Italie - Charles Marchal - Страница 16

XI.

Оглавление

Table des matières

Les cinq grandes puissances adhérèrent à la proposition de la cour de Russie de déférer le règlement de l’affaire d’Italie à un congrès, et elles tombèrent d’accord sur les quatre points suivants, proposés par le gouvernement britannique:

1° Déterminer les moyens par lesquels la paix peut être maintenue entre l’Autriche et la Sardaigne;

2° Etablir comment l’évacuation des Etats romains par les troupes françaises et autrichiennes peut être le mieux effectuée;

3° Examiner s’il convient d’introduire des réformes dans l’administration intérieure de ces Etats et des autres Etats de l’Italie dont l’administration offrirait des défauts qui tendraient évidemment à créer un état permanent et dangereux de trouble et de mécontentement, et quelles seraient ces réformes;

4° Substituer aux traités entre l’Autriche et les Duchés une confédération des Etats de l’Italie entre eux pour leur protection mutuelle, tant intérieure qu’extérieure.

Ce fut alors que le cabinet de Vienne se mit à faire, du désarmement préalable du Piémont, une condition expresse de son entrée au congrès. Toutes les puissances se récrièrent contre l’injustice de cette prétention. Le gouvernement anglais fut d’avis qu’il suffirait d’admettre le principe du désarmement général, sauf à en régler l’exécution à l’ouverture même des délibérations des plénipotentiaires. Guidé par les mêmes sentiments de conciliation qui lui avaient fait adhérer à la réunion d’un congrès et aux bases de la négociation, le gouvernement de Napoléon III s’empressa de donner son adhésion à cette combinaison. Surgit alors un nouveau dissentiment: l’adhésion officielle de la Sardaigne au principe ainsi admis était-il ou non préalablement indispensable? Il était de toute équité que le Piémont, adhérant à ce principe, fût appelé à se faire représenter au congrès. C’est ce que fit ressortir le gouvernement français. Du reste, quelques jours auparavant, M. le comte de Cavour avait traité à fond la question dans la dépêche suivante au marquis d’Azeglio, ministre sarde à Londres:

«Monsieur le marquis,

«Le gouvernement russe vient de faire la proposition formelle de soumettre la question italienne à un congrès des grandes puissances.

«Je m’empresse, monsieur le marquis, de vous faire connaître les vues du gouvernement du roi à cet égard.

«La Sardaigne n’a pas d’objection à émettre à la réunion d’un congrès qui, prenant en considération les intérêts et les plaintes légitimes de la Péninsule, chercherait à donner une solution pacifique et satisfaisante aux difficultés qui attirent à juste titre l’attention sérieuse de l’Europe.

«Mais le cabinet de Turin croit en même temps que le Piémont devrait être représenté à ce congrès, et il est persuadé que son intervention serait utile, pour ne pas dire indispensable, si les puissances qui montrent une sympathie réelle envers l’Italie et celles qui désirent obvier au danger de l’état anormal de la Péninsule pensent qu’elles peuvent faire prévaloir un système plus conforme à la justice en obtenant des concessions et des garanties de nature à calmer l’esprit public.

«La Sardaigne possède la confiance des malheureuses populations dont le sort va être décidé ; elle a déjà élevé la voix en leur faveur au congrès de Paris, et cette voix a non-seulement été écoutée par les gouvernements les plus éclairés de l’Europe, mais elle a réussi à calmer des colères et des ressentiments prêts à éclater; elle a désarmé la révolution, en y substituant l’action régulière et légale de la diplomatie.

«La Sardaigne, en se mettant à la tête du mouvement national, s’est toujours servie de l’influence qu’elle avait acquise pour combattre ouvertement les passions révolutionnaires; au lieu d’exciter les esprits d’hommes aigris par les souffrances et les déceptions, elle s’est efforcée de les contenir et de les faire arriver, par la douceur, à une appréciation plus saine des événements et des obstacles qui retardaient l’accomplissement de leurs légitimes désirs.

«Nous pouvons le déclarer à haute voix: si l’Italie n’a pas été récemment le théâtre de nouveaux troubles, si nous n’avons pas à déplorer de frénétiques mouvements populaires, suivis de réaction sanglante, c’est à l’action salutaire et l’attitude prudente du Piémont qu’il faut en grande partie l’attribuer.

«En ce qui regarde les questions qui doivent faire l’objet des délibérations du congrès, le cabinet de Londres sait la manière de voir du gouvernement du roi à ce sujet.

«Dans le mémorandum du 1er mars, il a exposé franchement ses vues, il a signalé les griefs de la Péninsule, il a indiqué les réparations qu’elle réclame. Cette explication a été communiquée à la cour d’Angleterre, et elle y a rencontré un accueil favorable.

«Lord Malmesbury a reconnu la modération de la Sardaigne, et il a rendu hommage à sa bonne foi. Ainsi, soit par sa politique en général, depuis que les affaires d’Italie ont pris la première place dans les préoccupations de l’Europe, soit par ses déclarations clairement formulées relativement aux points qui semblent actuellement rendre une solution immédiate... nécessaire, le gouvernement anglais doit être convaincu que la cour de Sardaigne prêtera un appui sincère à toutes les mesures que les grandes puissances, réunies en congrès, pourront proposer dans l’intérêt de l’Italie.

«J’aime donc à me flatter que le cabinet de Londres admettra sans difficulté le droit pour la Sardaigne d’être représentée au congrès proposé par la Russie.

«C’est donc avec instance que je vous prie, Monsieur le Marquis, de soumettre les observations ci-dessus à lord Malmesbury en lui lisant cette dépêche et en lui en laissant copie.

«Je suis, etc.

«C. CAVOUR.»

Histoire de la guerre d'Italie

Подняться наверх