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XII.

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Nouveau témoignage des dispositions conciliantes du cabinet des Tuileries: il promit d’engager le Piémont à acquiescer préalablement au principe du désarmement général, pourvu toutefois que la Sardaigne et tous les autres Etats italiens fussent invités à faire partie du Congrès. À ce propos, le Moniteur du 20 avril rappelait que, dans une circonstance analogue, aux conférences de Troppau, en 1820, le cabinet de Vienne avait pris lui-même l’initiative d’une proposition semblable.

Le prince de Metternich y avait représenté qu’il était à la fois juste et utile d’inviter les divers Etats italiens à envoyer des plénipotentiaires au congrès que l’on avait résolu de tenir à Laybach pour s’occuper des affaires d’Italie, et cet avis avait été partagé par toutes les Puissances.

«Au surplus, ajoutait le Moniteur, en ce qui concerne le désarmement, le Gouvernement de l’Empereur ayant admis le principe, ne saurait avoir d’objection quant au moment qui pourrait être jugé le plus opportun pour en arrêter l’exécution, et si les Puissances étaient d’avis d’y procéder même avant la réunion du Congrès, il ne verrait pour sa part aucun motif de ne point se conformer à ce vœu.»

Ces dernières concessions étaient le point extrême de ce que la France pouvait accorder. Les nouvelles difficultés que l’Autriche pourrait soulever, en réponse à ces conciliantes propositions, devaient être considérées comme un refus définitif de participer aux négociations d’abord acceptées par elle.

Mais le cabinet de Vienne ne chercha même plus, cette fois, à traîner les choses en longueur, il déclara refuser purement et simplement d’adhérer aux propositions d’arrangement, et adressa directement au cabinet de Turin une insolente sommation d’avoir à désarmer immédiatement.

L’empereur Napoléon ordonna alors la concentration de plusieurs divisions sur les frontières du Piémont. Il était temps. Dans son ultimatum au Piémont l’Autriche avait fixé un délai de trois jours pour désarmer.

Voici le texte de cet ultimatum:

Le comte de Buol au comte de Cavour.

Vienne, 19 avril 1859.

«Monsieur le comte,

«Le Gouvernement impérial, Votre Excellence le sait, s’est empressé d’accéder à la proposition du cabinet de Saint-Pétersbourg de réunir un Congrès des cinq grandes Puissances pour chercher à aplanir les complications survenues en Italie.

«Convaincus, toutefois, de l’impossibilité d’entamer, avec des chances de succès, des délibérations pacifiques en présence du bruit des armes et des préparatifs de guerre poursuivis dans un pays limitrophe, nous avons demandé la mise sur pied de paix de l’armée sarde et le licenciement des corps francs ou volontaires italiens, préalablement à la réunion du Congrès,

«Le gouvernement de Sa Majesté Britannique trouve cette condition si juste et si conforme aux exigences de la situation, qu’il n’hésite pas à se l’approprier en se déclarant prêt à insister, conjointement avec la France, sur le désarmement immédiat de la Sardaigne et à lui offrir, en retour, contre toute attaque de notre part, une garantie collective à laquelle, cela s’entend, l’Autriche aurait fait honneur.

«Le cabinet de Turin paraît n’avoir répondu que par un refus catégorique à l’invitation de mettre son armée sur pied de paix et d’accepter la garantie collective qui lui était offerte.

«Ce refus nous inspire des regrets d’autant plus profonds, que si le gouvernement sardo avait consenti au témoignage des sentiments pacifiques qui lui était demandé, nous l’aurions accueilli comme un premier symptôme de son intention de concourir de son côté à l’amélioration des rapports malheureusement si tendus entre les deux pays depuis quelques années. En ce cas, il nous aurait été permis de fournir, par la dislocation des troupes impériales italiennes dans le royaume Lombardo-Vénitien, une preuve de plus qu’elles n’y ont pas été rassemblées dans un but agressif contre la Sardaigne.

«Notre espoir ayant été déçu jusqu’ici, l’Empereur, mon auguste maître, a daigné m’ordonner de tenter directement un effort suprême pour faire revenir le gouvernement de Sa Majesté Sarde sur la décision à laquelle il parait s’être arrêté.

«Tel est, monsieur le comte, le but de cette lettre. J’ai l’honneur de prier Votre Excellence de vouloir bien prendre son contenu en la plus sérieuse considération, et de me faire savoir si le gouvernement royal consent, oui ou non, à mettre sans délai son armée sur pied de paix et à licencier les volontaires italiens.

«Le porteur de la présente, auquel vous voudrez bien, mon sieur le comte, faire remettre votre réponse, a l’ordre de se tenir à cet effet à votre disposition pendant trois jours.

«Si, à l’expiration de ce terme, il ne recevait pas de réponse, ou que celle-ci ne fût pas complétement satisfaisante, la responsabilité des graves conséquences qu’entraînerait ce refus, retomberait tout entière sur le gouvernement de Sa Majesté Sarde. Après avoir épuisé en vain tous les moyens conciliants pour procurer à ses peuples la garantie de paix sur laquelle l’Empereur est en droit d’insister, Sa Majesté devra, à son grand regret, recourir à la force des armes pour l’obtenir.

«Dans l’espoir que la réponse que je sollicite de Votre Excellence sera conforme à nos vœux, tendant au maintien de la paix, je saisis cette occasion pour vous réitérer, monsieur le comte, les assurances de ma considération la plus distinguée.

«DE BUOL.»

La Sardaigne ne pouvait pas répondre autrement que comme le fit M. de Cavour.

Le comte de Cavour au comte de Buol.

Turin. le 26 avril 1859.

«Monsieur le comte,

«Le baron de Kellersperg m’a remis, le 23 courant, à cinq heures et demie du soir, la lettre que Votre Excellence m’a fait l’honneur de m’adresser, le 19 de ce mois, pour me mander, au nom du gouvernement impérial, de répondre par un oui ou par un non à l’invitation qui nous est faite de réduire l’armée sur le pied de paix et de licencier les corps formés de volontaires italiens, en ajoutant que si au bout de trois jours Votre Excellence ne recevait pas de réponse, ou si la réponse qui lui était faite n’était pas complétement satisfaisante, S. M. l’empereur d’Autriche était décidé à avoir recours aux armes pour nous imposer par la force les mesures qui forment l’objet de la communication.

«La question du désarmement de la Sardaigne, qui constitue le fond de la demande que Votre Excellence m’adresse, a été l’objet de nombreuses négociations entre les grandes Puissances et le gouvernement de Sa Majesté. Ces négociations ont abouti à une proposition formulée par l’Angleterre, à laquelle ont adhéré la France, la Prusse et la Russie. La Sardaigne, dans un esprit de conciliation, l’a acceptée sans réserves ni arrière-pensée. Comme Votre Excellence ne peut ignorer ni la proposition de l’Angleterre ni la réponse de la Sardaigne, je ne saurais rien ajouter pour lui faire connaître les intentions du gouvernement du Roi à l’égard des difficultés qui s’opposaient à la réunion du Congrès.

«La conduite de la Sardaigne, dans cette circonstance, a été appréciée par l’Europe. Quelles que puissent être les conséquences qu’elle amène, le Roi, mon auguste maître, est convaincu que la responsabilité en retombera sur ceux qui ont armé les premiers, qui ont refusé les propositions formulées par une grande Puissance, et reconnues comme justes et raisonnables par les autres, et qui maintenant y substituent une sommation menaçante.

«Je saisis cette occasion pour vous réitérer, monsieur le comte, les assurances de ma considération la plus distinguée.

«C. CAVOUR.»

Histoire de la guerre d'Italie

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