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I.

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Table des matières

Pendant que les chambres Sardes concédaient au roi Victor-Emmanuel des pouvoirs extraordinaires, en cas de guerre avec l’empire d’autriche, M. le Comte de Walewski, ministre des affaires étrangères, rédigeait sur l’ordre de l’Empereur Napoléon un exposé des faits.

Voici le texte de cet exposé, qui, le 27 avril 1859, fut communiqué par S. E. le ministre d’Etat au Sénat, et par S. E, le ministre des affaires étrangères.

«L’état de l’Italie, aggravé par les mesures administratives adoptées dans le royaume Lombard-Vénitien, avait déterminé le gouvernement autrichien à faire, dès le mois de décembre dernier, des armements qui n’ont pas tardé à présenter un caractère assez menaçant pour éveiller en Piémont les plus sérieuses inquiétudes.

«Le gouvernement de l’Empereur n’a pu voir surgir ces difficultés sans se montrer vivement préoccupé des conséquences qu’elles pouvaient avoir pour la paix de l’Europe. N’étant pas dans le cas d’intervenir directement pour proposer lui-même les moyens de les prévenir, il s’est toutefois empressé d’accueillir les ouvertures qui lui ont été faites. Plein de confiance dans les sentiments du gouvernement de Sa Majesté Britannique, aussi bien que dans les lumières de son ambassadeur à Paris, le gouvernement de l’Empereur a sincèrement applaudi à la mission que M. le comte Cowley est allé remplir à Vienne, comme à une première tentative propre à préparer un rapprochement; et il s’est félicité avec une satisfaction non moins réelle d’apprendre que les idées échangées entre M. l’ambassadeur d’Angleterre et le gouvernement autrichien étaient de nature à fournir des éléments de négociations.

La proposition de se réunir en congrès, présentée dans le même moment par la Russie, répondait à cette situation de la manière la plus heureuse, en appelant les cinq Puissances à participer également à la discussion d’une question d’intérêt européen; le gouvernement de l’Empereur n’a pas hésité à faire connaître qu’il adhérait à cette proposition.

En y adhérant de même, le gouvernement anglais a jugé utile de préciser les bases des délibérations éventuelles du congrès. Çes bases sont les suivantes:

«1° Détérminer les moyens par lesquels la paix peut être maintenue entre l’Autriche et la Sardaigne;

«2e Etablir comment l’évacuation des Etats romains par les troupes françaises et autrichiennes peut être le mieux effectuée;

«3° Examiner s’il convient d’introduire des réformes dans l’administration intérieure de ces Etats et des autres Etats de l’Italie dont l’administration offrirait des défauts qui tendraient évidemment à créer un état permanent et dangereux de trouble et de mécontentement, et quelles seraient ces réformes;

«4° Substituer aux traités entre l’Autriche et les duchés une confédération des Etats de l’Italie entre eux, pour leur protection mutuelle tant intérieure qu’extérieure.

«Le gouvernement de l’Empereur a mis à acquiescer sans réserve à ces bases de la négociation le même empressement qu’il avait montré à accepter la proposition d’un congrès.

«Le gouvernement autrichien avait, de son côté, donné son assentiment à la réunion d’un congrès, en l’accompagnant de quelques observations, mais sans y mettre des conditions formelles et absolues, et tout devait faire espérer que les négociations pourraient s’ouvrir dans un délai rapproché.

«Le cabinet de Vienne avait parlé du désarmement préalable de la Sardaigne comme d’une mesure indispensable pour assurer le calme des délibérations, et il en fit plus tard une condition absolue de sa participation au congrès. Celte demande ayant soulevé des objections unanimes, le cabinet de Vienne y substitua la proposition d’un désarmement général et immédiat, en l’ajoutant comme un cinquième point aux bases des négociations.

«Ainsi, messieurs, tandis que la France avait successivement accepté, sans hésitation, toutes les propositions qui lui avaient été présentées, l’Autriche, après avoir paru disposée à se prêter aux négociations, soulevait des difficultés inattendues.

«Le gouvernement de l’Empereur n’en a pas moins persévéré dans les sentiments de conciliation qu’il avait pris pour règle de sa conduite. Le cabinet anglais, continuant de s’occuper avec la plus loyale sollicitude des moyens de faire disparaître les retards que la question du désarmement apportait à la réunion du Congrès, avait pensé que l’on satisferait au cinquième point mis en avant par l’Autriche si l’on admettait immédiatement le principe du désarmement général, en convenant d’en régler l’exécution à l’ouverture même des délibérations des plénipotentiaires.

«Le gouvernement de Sa Majesté a consenti à accepter cette combinaison. Il restait toutefois à déterminer si, dans cet état de choses, il était nécessaire que la Sardaigne elle-même souscrivît préalablement au principe du désarmement général. Il ne paraît pas qu’une pareille condition pût être imposée au gouvernement sarde s’il était laissé en dehors des délibérations du Congrès; mais cette considération même offrait les éléments d’une combinaison nouvelle qui, entièrement conforme aux principes de l’équité, ne semblait pas soulever d’objections. Le gouvernement de l’Empereur déclara au gouvernement anglais qu’il était disposé à engager le cabinet de Turin à donner lui-même son assentiment au principe du désarmement général, pourvu que tous les Etats italiens fussent invités à faire partie du congrès.

«Vous savez déjà, messieurs, que, modifiant cette suggestion de manière à concilier toutes les susceptibilités, le gouvernement de Sa Majesté Britannique a présenté une dernière proposition basée sur le principe du désarmement général simultané et immédiat. L’exécution devait en être reglée par une commission dans laquelle le Piémont serait représenté. Les plénipotentiaires se réuniraient aussitôt que cette commission serait elle-même rassemblée, et les Etats italiens seraient invités par le congrès à siéger avec les représentants des cinq grandes Puissances de la même manière qu’au congrès de Leybach en 1821.

«Le gouvernement de l’Empereur a voulu manifester de nouveau ses dispositions conciliantes en adhérant à cette proposition, qui a été de même acceptée sans délai par les cours de Prusse et de Russie, et à laquelle le gouvernement piémontais s’est également déclaré prêt à se conformer.

«Toutefois, au moment même où le gouvernement de l’Empereur croyait pouvoir nourrir l’espoir d’une entente définitive, nous avons appris que la cour d’Autriche refusait d’accepter la proposition du gouvernement de Sa Majesté Britannique et adressait une sommation directe au gouvernement sarde. Pendant que d’un côté le cabinet de Vienne persiste à ne pas consentir à l’admission des Etats italiens au Congrès, dont il rend ainsi la réunion impossible, de l’autre il demande au Piémont de s’engager à mettre son armée sur le pied de paix et à licencier les volontaires, c’est-à-dire à concéder sans délai et isolément à l’Autriche ce qu’il a déjà accordé aux puissances, sous la seule réserve de s’en entendre avec elles.

«Je n’ai pas besoin de faire ressortir le caractère de cette démarche ni d’insister plus longuement pour mettre on lumière les sentiments de modération dont le gouvernement de l’Empereur n’a cessé au contraire de se montrer animé. Si les efforts réitérés des quatre Puissances pour sauvegarder la paix ont rencontré des obstacles, notre conduite l’atteste hautement, ces obstacles ne sont point venus de la France. Enfin, messieurs, si la guerre doit sortir des complications présentes, le gouvernement de Sa Majesté aura la ferme conviction d’avoir fait tout ce que sa dignité lui permettait pour prévenir cette extrémité, et ce n’est point sur lui qu’on pourra en faire peser la responsabilité. Les protestations que les gouvernements de la Grande-Bretagne, de la Russie et de la Prusse ont adressées à la cour d’Autriche attestent qu’on nous rend déjà à cet égard une entière justice.

«En présence de cet état de choses, si la Sardaigne est menacée, si, comme tout le fait présumer, son territoire est envahi, la France ne peut pas hésiter à répondre à l’appel d’une nation alliée à laquelle l’unissent des intérêts communs et des sympathies traditionnelles, rajeunies par une récente confraternité d’armes et par l’union contractée entre les deux maisons régnantes.

«Aussi, messieurs, le gouvernement de l’Empereur, fort de la constante modération et de l’esprit de conciliation dont il n’a jamais cessé de s’inspirer, attend avec calme le cours des événements, ayant la confiance que sa conduite, dans les différentes péripéties qui viennent de se succéder, rencontrera l’assentiment unanime de la France et de l’Europe.»

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