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III.

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Quatre ans plus tard, M. Thiers disait, dans la séance du 31 janvier 1848:

«Oh! assurément, il n’y a dans le monde aucune contrée qui ait plus de droit à notre intérêt que l’Italie. Sommes-nous chrétiens, chrétiens fervents, elle est la métropole de la foi. Sommes-nous des esprits éclairés, aimant tout ce qu’il y a de beau, elle est la patrie des arts, des lettres; elle est, pour nous autres modernes, ce que la Grèce antique était pour les Romains, ses oppresseurs et ses élèves. Sommes-nous Français, bons citoyens, elle est une sœur longtemps associée à nos destinées, une sœur pour laquelle nous avons combattu, qui a combattu pour nous dans la mesure de ses forces; car lorsque nous sortions de Moscou, poursuivis par les frimas et par l’ennemi, lorsque nos alliés nous abandonnaient dans l’immortelle journée de Malojaroslawer, elle versait des torrents de sang généreux pour couvrir notre retraite. Nous avons donc toutes les raisons religieuses, morales, politiques, de nous intéresser à elle. Mais le sujet est trop vaste, je me renferme dans les considérations politiques.

«Vous savez que toutes les fois que les ennemis invétérés de notre pays, qu’autrefois l’histoire appelait les Impériaux, qu’on appelle aujourd’hui les Autrichiens, toutes les fois qu’ils s’avancent vers notre pays, ils ont deux routes, le Danube et le Pô. Aussi dans tous les temps, tous les Cabinets ont porté un regard vigilant sur la Bavière, la Lombardie et le Piémont. Dans tous les temps, une attaque de l’Autriche sur la Bavière, de l’Autriche sur la haute Italie, était un cas politique des plus graves et souvent un cas de guerre. Ce n’est pas là de la politique impériale, de la politique révolutionnaire; c’est la politique que suivaient, sous l’ancien régime, le vieux Maurepas, l’entreprenant duc de Choiseul, comme le pacifique cardinal de Fleury; c’est la politique de tous les temps.»

S’occupant ensuite de ces traités de 1815, imposés par la coalition étrangère à la France épuisée et trahie, l’auteur de l’Histoire du Consulat et de l’Empire rappelle que ces traités ont été maintes fois déchirés. En effet, ils n’existent plus, ils sont une lettre-morte, et ils n’ont pas la moindre chance de revenir jamais sur la carte de l’Europe.

«Eh bien! ces traités, s’écrie M. Thiers, que disent-ils? Voici le texte de l’article 6 du traité du 14 mai 1814: L’Italie, hors des limites des pays qui reviendront à l’Autriche, sera composée d’Etats souverains.

«Cela veut dire que le Piémont, que Parme, Modène, Florence, Naples, sont indépendants; ils peuvent se donner des constitutions quand il leur plaît, dans la mesure qu’il leur plaît de choisir, et personne n’a le droit d’intervenir.

«Je reconnais qu’il faut observer les traités, mais alors faites-les observer à votre tour. Et alors je vous demanderai: Pourquoi les Autrichiens sont-ils à Modène? pourquoi sont-ils à Parme? pourquoi entrent-ils, pourquoi sortent-ils de ces Etats presque sans qu’on le sache, tant leurs habitudes d’aller et de venir sont prises, tant ils se regardent là comme chez eux? pourquoi souffrez-vous que les Autrichiens soient à Modène, au moment où je parle? Il ne s’agit pas de changer les limites des traités; il s’agit de faire respecter les traités de 1815.

«Aujourd’hui, à Turin, à Florence, à Rome, quand il s’agit d’accorder quelques concessions nouvelles à ces peuples qui jusqu’ici, heureusement, je le leur dois dire, n’ont pas été trop exigeants; quand il s’agit de leur faire quelques concessions nouvelles, savez-vous le mot qui retentit à l’oreille de tous les souverains et de tous les peuples: «L’Autriche le supportera-t-elle? » Et, surtout lorsqu’il ne s’agit plus de réformes administratives, mais de réformes politiques, on dit partout:

«Les Autrichiens vont entrer.» C’est la nouvelle de tous les matins en Italie, c’est l’épée de Damoclès toujours suspendue sur la tête des malheureux Italiens.»

Comme dix ans plus tard l’empereur Napoléon III, M. Thiers exhorte ensuite les Italiens à la concorde, car l’union seule peut les sauver, avec la vieille épée des ducs de Savoie:

«Dans cette attitude, leur dit-il, vous serez respectés; mais s’il pouvait en être autrement, si on voulait attenter à vos droits, à votre indépendance, croyez-le bien, le cœur de la France n’est point glacé. Oui, la France est vieille de gloire, mais elle est jeune de cœur, et si elle reconnaît clairement quelque part la liberté et l’indépendance de l’Europe menacées, vous ne la trouverez pas dégénérée, car elle n’est dégénérée que dans l’opinion de ceux qui la croient faite à leur image!»

Malheureusement, grâce aux révolutionnaires, l’Italie fut vaincue à Novare, dans la personne de l’héroïque Charles-Albert.

La révolution compromit là encore, et, comme toujours, la liberté, qui ne peut triompher qu’à l’ombre de la politique d’ordre et d’autorité, tandis que le désordre et la licence mènent invariablement au despotisme.

Histoire de la guerre d'Italie

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