Читать книгу La Suisse entre quatre grandes puissances - Dimitry Queloz - Страница 43
1.2. L’ère Pfyffer
ОглавлениеAu début de l’année 1882, le chef du Département militaire donna personnellement de nouvelles missions pour la reprise des travaux concernant les plans de mobilisation de l’armée, imposant une nouvelle philosophie.145 Il avait compris la grande faiblesse du système imaginé par Siegfried. Si la mobilisation décentralisée des corps de troupes de l’infanterie permettrait de rassembler rapidement les hommes mis sur pied, elle nécessiterait en revanche beaucoup plus de temps pour les équiper. Le matériel de guerre des corps de troupes était en effet stocké de manière centralisée, généralement dans les arsenaux situés dans les principales villes des cantons. Le plan de Siegfried impliquait de le transporter depuis les arsenaux cantonaux jusqu’aux places de rassemblement de corps. De tels transports nécessiteraient l’emploi des voitures et des chevaux de réquisition. Ils ne pourraient donc commencer avant que cette dernière opération ne soit terminée. La rapidité de la mise sur pied des hommes serait ainsi largement contrebalancée par la lenteur de leur équipement et l’armée ne serait, en fin de compte, pas mobilisée plus rapidement.
Le système Hertenstein prenait le contrepied de celui de Siegfried. Hertenstein voulait mobiliser toutes les troupes de manière centralisée, dans les villes où se trouvaient les arsenaux des cantons. Ainsi, le grand défaut du plan Siegfried disparaissait. De plus, celui imaginé par Hertenstein s’appuyait sur l’infrastructure existante. Toutefois, il avait ses propres désavantages: la mise sur pied des hommes se ferait plus lentement et il n’y aurait plus la possibilité d’adopter d’emblée un dispositif tactique. Le plus important défaut était cependant le risque de voir la mobilisation massive de troupes dans les grandes villes des cantons conduire à une saturation des moyens de transport et des infrastructures de logement, sans parler des problèmes de ravitaillement. Par ailleurs, il existait des incertitudes quant à la rapidité de l’équipement des troupes et à l’efficacité du système de réquisition des chevaux. Enfin, il fallait compter avec une augmentation des déplacements des troupes.