Читать книгу Le livre de l'exilé, 1851-1870 - Edgar 1803-1875 Quinet - Страница 20
ОглавлениеLe Barbare. L’Esclave.
Ce sont des systèmes très différents que ceux qui servent à civiliser des barbares ou à émanciper des esclaves.
La première chose pour celui qui prétend au titre de rénovateur est de savoir s’il a affaire à des barbares ou à des esclaves. Et s’il se trompe dans ce premier jugement, il est hors de doute qu’il se trompera plus encore dans les conséquences et les résolutions qu’il voudra en déduire.
S’il applique aux barbares ce qui concerne l’esclave ou à l’esclave ce qui concerne le barbare, il ne peut que tomber de méprise en méprise, c’est-à-dire d’impuissance en impuissance.
Il s’ensuit que rien n’est plus nécessaire que de marquer les caractères de l’un et de l’autre.
Le barbare: liberté, horreur de la servitude, ignorance de la civilisation, individualité, ambition de dominer, orgueil de la race.
L’esclave: vanité, égalité dans la servitude. Pécule, salaire, là est le monde de l’esclave. Il n’en entrevoit pas d’autre. Il est cosmopolite. Une vieille civilisation pèse sur lui. Liberté, esprit humain, dignité morale, indépendance individuelle, affaire du patron ou du bourgeois.
Il me semble que les hommes sur lesquels vous prétendez agir peuvent toujours être ramenés dans l’une ou l’autre de ces catégories. Ou ce sont des barbares ou ce sont des esclaves, soit qu’ils portent en effet ces noms, soit qu’ils tiennent plus de la nature des uns ou de la nature des autres.
Tout se réduit toujours à les arracher d’une sorte de barbarie ou d’une sorte d’esclavage.
Quelquefois la barbarie et l’esclavage sont mêlés, mais il y a toujours un caractère qui domine et sans lequel vous n’avez sur eux aucune prise solide.
Le temps, les sociétés changent, ces grandes classifications subsistent.