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PRÉFACE

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Table des matières

Ce volume renferme le LIVRE DE L’EXILÉ, ouvrage inédit d’Edgar Quinet, écrit à Bruxelles, en 1852, pendant les six premiers mois de la proscription.

Chaque attentat contre la France, contre la justice, lui arrachait une protestation nouvelle. Le Droit d’Asile, L’Expédition du Mexique, Lettres Politiques aux journaux persécutés, France et Allemagne, France et Italie, forment la suite naturelle du LIVRE DE L’EXILÉ.

L’unité du volume est dans une même pensée politique: l’horreur du césarisme. Au moment où la faction bonapartiste conspire encore une fois la ruine de la patrie, il est utile de remettre en lumière le tableau de l’oppression subie pendant dix-neuf ans; il est nécessaire de rappeler les avertissements du proscrit.

Toute l’histoire morale et politique d’un quart de siècle se déroule ici à nos yeux.

Contraste saisissant entre les premières pages du LIVRE DE L’EXILÉ, le lendemain du crime d’État, et l’accent plein d’espérance, précurseur de la chute de l’Empire! La sérénité commence à poindre à mesure que l’âme du pays donne des symptômes de réveil. La foi dans l’avenir domine partout, et ce qui la justifie, c’est le tressaillement de la France à la voix de ses grands proscrits. Chacune de leurs pensées est pour cette patrie asservie et aveuglée. Comment un si grand amour, des. efforts si persévérants, une volonté si héroïque de faire luire la vérité, de rallumer l’étincelle, n’auraient ils pas la puissance d’acquérir un don de seconde vue?

Edgar Quinet signale le péril, et en même temps les moyens de le conjurer. Le désastre suit de près la prophétie. Un autre danger surgit; le proscrit ne se décourage pas, et trouve dans son patriotisme des lueurs toujours plus vives pour dévoiler l’obscur avenir.

«Que doit faire un écrivain, qui voit son pays, s’engager les yeux fermés, dans le chemin de la décadence? — L’avertir. — Oui, sans doute. Et si les avertissements ne servent de rien? Recommencer, comme si rien n’avait été dit; étouffer ses dégoûts, compter sur la nature humaine, sur ses retours, sur sa force de renaissance et de vitalité. — Subissons donc le supplice de démontrer pour la centième fois l’évidence.»

La Révision, écrite quelques semaines avant le coup d’Etat, paraît d’une actualité plus vivante, qu’il y a vingt-quatre ans. On dirait qu’il s’agit des choses et des hommes d’aujourd’hui.

L’Expédition du Mexique prédit le fossé de Quérétaro; France et Allemagne: Sedan et la perte d’Alsace-Lorraine; France et Italie: la restauration théocratique de 1875.

Les Lettres politiques, semblent s’adresser à la presse de nos jours.

Depuis son retour en France (7 septembre 1870), pendant le temps si court qu’il lui fut donné de vivre, dans la patrie retrouvée, il multiplie ses avertissements, au milieu des plus graves circonstances. Lettres aux Électeurs, Discours dans les bureaux, à l’Union républicaine, ou dans des réunions privées, en toute occasion, il renouvelle son grand axiome: «Pour faire contre-poids à la

«formidable puissance de l’Allemagne, la France a la

«Liberté ; la Liberté, qui pèse encore autant qu’un

«monde!»

L’ordonnance de ce volume, le classement chronologique des éléments qui le composent, a été préparé par Edgar Quinet lui-même, le 9 mars 1875, douze jours avant sa dernière maladie. Mais il n’a pu relire une seule des lignes écrites en 1852, Ces pages d’un premier jet, il les eût revues avec le soin infini qu’il mettait dans toute son œuvre. Aurait-il effacé certains passages empreints d’amertume, cri de douleur, arraché au proscrit jeté sur la terre étrangère? Non, sans doute. L’histoire maintient ses droits. Ces sévérités s’adressent à la démocratie césarienne, alors en voie de formation. Il eût montré dans une Préface, le chemin parcouru par la France, depuis la nuit de Décembre, jusqu’à l’aurore des jours meilleurs qu’il a entrevus dans ses dernières pages sur les Sentiers de France. Il eût établi un lien entre ces écrits, divers par la date, les lieux, les événements, identiques par l’esprit de rénovation, de justice et d’amour.

La vie lui a manqué. Ce qu’il n’a pu achever, le lecteur le fera; il trouvera l’enchaînement naturel des vérités démontrées dans ce livre, vérités cent fois plus frappantes qu’à l’heure où le proscrit les datait du seuil de l’exil, puis des oubliettes de l’exil.

Il a payé de sa vie ses inquiétudes patriotiques et le droit de dire à ceux qu’il a tant aimés: «Pendant cinquante ans, je n’ai jamais cherché que votre intérêt; j’y ai quelquefois sacrifié le mien;. je ne vous ai jamais ni trompés, ni flattés.»

Le lecteur entendra ici la voix du grand citoyen, dont la vie et l’œuvre se résument dans cette parole: «J’ai

«adoré la France. J’ai rêvé pour elle la gloire de devenir

«l’idéal des peuples modernes.»

VEUVE EDGAR QUINET.

Paris, 27 octobre 1875.

Le livre de l'exilé, 1851-1870

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