Читать книгу Programme des Épouses Interstellaires Coffret - Grace Goodwin - Страница 19
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ОглавлениеNatalie
Je me réveille dans le lit où m’a déposée Roark lorsque mes larmes se sont taries. Je regarde le réveil sur la table de chevet, il est environ quatre heures du matin. Il fait encore nuit, je suis trop bien pour esquisser le moindre geste. Je me blottis sous les grosses couvertures, je suis aux anges. Roark est là, avec moi. Avec nous.
Je tends la main mais ne rencontre que des draps froids.
La panique m’envahit et je me redresse à la hâte, je scrute la chambre dans la lumière chiche, je cherche mon mari, j’ai peur qu’il ait changé d’avis, qu’il soit reparti sur Trion sans moi. Il est vraiment là ? Je n’ai pas rêvé ? Je suis éreintée, mes muscles sont endoloris, ma chatte me fait mal. Je sens son sperme, j’ai pas rêvé.
Je sais que c’est complètement stupide. Vu sa façon de me faire l’amour, la façon dont il m’a consolée quand j’ai pleuré, je n’ai aucune raison de douter de son dévouement envers moi ou notre fils.
Mais les mauvaises habitudes ont la vie dure, je me suis réveillée tellement souvent en pleurant la nuit cette année, revivant l’agression dans mes cauchemars. Je l’imaginais mort, ainsi que les gardes qui m’ont sauvé la vie dans le sas de téléportation. Comme la doctoresse.
Le cœur battant, je m’efforce de tendre l’oreille. D’entendre Noah. Ou cette saleté d’horloge de grand-mère au premier étage. Le silence froid est ma seule réponse.
Le silence est mon seul compagnon dans ce lieu inoccupé. La porte de Noah est suffisamment entrebâillée pour l’entendre pleurer, juste assez pour entendre son adorable petit corps respirer et s’agiter.
Pendant les deux à trois semaines après sa naissance, j’allais le voir toutes les trente minutes, j’avais peur qu’il cesse de respirer. Mais là, j’ai dormi d’un sommeil de plomb, sans me réveiller. Quatre heures du mat’. C’est un gros dormeur mais en général, à cette heure-ci, Noah se réveille pour manger, grognon et trempé.
Où est Roark ?
Je me glisse hors du lit, nue, puisque j’ai fait l’amour avec Roark. Il m’a posée là et m’a prise sans relâche, par derrière, son sexe me dilatait tandis qu’il me caressait, ses mains jouaient avec mes bagues de tétons et mon clitoris, il m’a fait jouir, je me suis contorsionnée comme une possédée. Quand il a terminé, je me suis endormie dans ses bras protecteurs, mon dos contre sa poitrine, sa bite profondément enfoncée en moi.
Je veux m’endormir comme ça tous les soirs de ma vie.
J’enfile une nuisette en soie m’arrivant aux genoux et me dirige sur la pointe des pieds vers la chambre de Noah. J’ouvre la porte le plus doucement possible, je fixe le berceau du regard.
Vide.
J’ouvre la porte en grand et fais irruption dans la chambre, prête à appeler Miranda. Elle m’aide avec Noah pendant la journée, quand je suis trop fatiguée pour m’occuper de lui. Mais la nuit, cet adorable bébé m’appartient.
Je me rue vers le berceau, le cœur au bord des lèvres.
« Qu’est-ce que tu fais, femme ? » Je m’arrête net en entendant la voix grave de Roark.
Je pivote sur mes talons et le trouve assis dans le rocking-chair près de la fenêtre, notre fils confortablement installé dans ses bras, en train de boire son biberon. « Roark ? Qu’est-ce que tu fais ?
— Je donne le biberon à mon fils. » Il est détendu, serein. Je n’ai jamais vu pareille expression sur son visage. Il me regarde, un doux sourire aux lèvres. « Tu ferais mieux de dormir, femme. Tu as besoin de repos, je t’en ai trop demandé. Va te coucher. Noah est content, moi aussi. On fait connaissance. »
Je regarde, médusée, Noah lever ses petites mains vers le menton de son père. Roark baisse la tête afin que Noah puisse attraper son nez, sa bouche, sa barbe. Noah ouvre de grands yeux curieux en buvant son biberon. Un deuxième biberon se trouve dans le chauffe-biberon près du berceau, c’est un bébé glouton.
« Il boit deux biberons en général.
—T’es un glouton, toi ? » Roark ne quitte pas son fils des yeux. Ils se regardent avec un tel amour que mon cœur se serre, je pose ma main sur ma poitrine. Les larmes me montent aux yeux malgré moi, elles coulent silencieusement sur mes joues, dans le noir.
Je m’essuie sur ma manche, ce qui a pour effet d’attirer l’attention de Roark. « Tu te sens pas bien Natalie ?
— Non. Je vais très bien. » Je renifle, les larmes se tarissent, j’ai le nez qui coule.
Roark sourit. « Viens ici. »
Je vais vers mes hommes, quand Roark installe Noah en travers et me fait de la place sur ses genoux, j’ai l’impression d’être une gamine le jour de Noël. Je me blottis contre lui, pose ma tête contre sa poitrine et écoute battre son cœur.
Roark installe Noah entre lui et moi, on est bien au chaud, en sécurité dans ses bras vigoureux.
« Je t’aime Roark. » Les mots sortent sans prévenir. C’est le meilleur moment de toute ma vie. Grâce à l’homme qui me tient dans ses bras, mon homme idéal. Il faudra que je remercie la gardienne Egara à l’occasion.
« Je t’aime de tout mon cœur, Natalie. Toi et notre fils. Il y a quelques jours encore, j’étais un homme perdu, torturé. Tu es un vrai miracle. Grâce à toi je revis. »
Noah termine son biberon en un temps record, il rote comme un champion du monde, se love contre nous et se rendort. En général, il boit deux biberons, s’amuse un peu, et repart pour deux ou trois heures de sommeil.
Roark fredonne une étrange mélodie lancinante que je ne connais pas. Ça parle de poussière d’étoile et de lune, d’oiseaux qui pépient et de sommeil. Je présume qu’il s’agit d’une berceuse Trion, il faudra que je l’apprenne.
« On rentre quand ? »
Roark se fige et retient son souffle. « Tu te sens prête à rentrer sur Trion ? »
Je touche en souriant la joue toute douce de Noah, qui dort. « Bien sûr. Tu vas pas rester là. T’es bien le chef de tout un continent ? Ton peuple a besoin de toi.
— Ta maison est magnifique, Natalie. Je pensais pas que … »
A mon tour de me figer. « Tu pensais pas quoi ? Tu veux pas de nous ?
— Là n’est pas la question. »
Je ne réponds pas, Roark continue.
« Regarde-moi. »
La lueur de l’aube s’infiltre dans la chambre. La nuit est encore grise mais je vois assez bien pour savoir que son regard s’emplit d’une émotion inconnue.
« Je ne quitterai pas la Terre sans toi. Tu es ma femme. Tu comprends ?
— Oui. Je sais que je suis à lui. Mon corps, j’ai mal partout, le sait aussi.
— Mais on peut prendre notre temps si tu veux. J’ai calculé la différence temporelle pendant que tu dormais. On peut rester ici quelques semaines si ça peut te faire plaisir, ça équivaudrait à un jour ou deux sur Trion. Seton s’occupe de tout. Il est honnête et capable. Inutile de nous précipiter, ma chérie. Je veux que tu te sentes prête et que tu aies envie d’y aller.
— Je me sens prête. » Je regarde la chambre, je dis vrai. Cette maison ne m’intéresse pas. Ma maison, c’est les bras de Roark. Je caresse sa joue et le regarde amoureusement. « J’irai où tu iras, Roark. Ma maison, c’est toi. »
Il pousse un petit grognement, se penche et m’embrasse, notre fils, légèrement bousculé, s’agite et pousse un cri. On l’ignore, la chaleur du baiser est bien trop entêtante, trop enivrante, pour qu’on ait envie d’arrêter.
La porte grince et je recule, m’attendant à voir Miranda entrer dans la chambre pour surveiller Noah.
L’homme qui se tient sur le pas de la porte est tout de noir vêtu, il pointe son arme vers le berceau, là où devrait se trouver notre adorable Noah s’il n’était pas blotti contre Roark.
Avant que je n’aie le temps de réaliser, Roark se lève du fauteuil tel un monstre surgi des ténèbres. Il tourne le dos à l’intrus, pousse Noah et moi à l’écart de la porte. Je trébuche et lui prends instinctivement Noah des bras.
J’entends le bruit d’une arme munie d’un silencieux, j’en ai entendu des centaines de fois dans des films d’action, c’est plus bruyant que ce à quoi je m’attendais, Roark se tord de douleur, on lui a tiré dans le dos.
Je blottis Noah contre moi et fais dos à la porte tandis que Roark nous relâche en poussant un rugissement de colère. Il pivote sur ses talons et se rue vers la porte.
Deux coups. Roark doit être touché, je l’entends grogner de douleur. L’autre coup finit sa course dans le mur sur ma droite, il éclate en morceaux sous l’impact, juste au-dessus du berceau de Noah.
Je tombe à genoux et rampe en direction de la porte ouverte de ma chambre. J’ai un revolver dans le tiroir de ma table de chevet, près de la dague que Roark m’a donnée, cette dague en or qui m’a sauvée la vie. Depuis l’attaque sur Trion, j’ai réussi à dormir seule la nuit me sachant armée.
Noah se réveille et se met à pleurer. Roark pousse un rugissement de colère, j’entends son corps massif foncer sur l’attaquant. Le bruit des coups de poings et des bruits étouffés m’envahissent.
Le berceau de Noah tombe en se fracassant lourdement.
Je me relève et cours me mettre à couvert. Arrivée de l’autre côté du lit, je pose mon fils en pleurs sur le sol et j’ouvre le tiroir. Le revolver est là, ainsi que la dague. Je m’empare des deux et me rue vers la porte juste au moment où Roark repousse l’intrus dans le couloir.
Je lève mon arme, les mains tremblantes mais j’arrive pas à viser correctement, Roark est en plein dans ma ligne de mire.
Roark a deux trous rouges dans le dos, il saigne abondamment, mais il reste campé sur ses deux pieds, tel un géant parmi les hommes.
L’agresseur a dû paniquer, il s’échappe dans le couloir, j’entends ses pas lourds marteler l’escalier en bois en colimaçon.
Je m’attendais à ce que Roark le poursuive mais il reste là, haletant, je reste plantée là dans la chambre. Je ne peux pas laisser Noah tout seul.
« Roark ? »
La porte du bas claque contre le mur, l’agresseur s’est échappé. Dans le couloir, Miranda ouvre sa porte et pousse un hurlement en voyant Roark.
Il titube, s’appuie contre le mur.
Miranda se précipite vers moi, voit le berceau détruit et pousse un cri. « Où est Noah ? Où est le bébé ? »
J’entends ses cris de colère, « Par terre, dans ma chambre.
—Je vais le chercher. » Miranda se précipite et je pousse un soupir de soulagement en voyant que les cris de Noah se calment immédiatement en entendant ses paroles rassurantes. Elle me rejoint près de la porte, Noah aux bras.
« Natalie. »
Je me rue vers lui et le soutient, je l’aide à se tenir droit. Il est lourd et je me mords la lèvre, il pèse sur moi de tout son poids. Punaise, il est énorme.
« Miranda, appelle le 112. Roark a besoin d’une ambulance.
— Non, femme. Hors de question de me laisser charcuter par vos toubibs. Vos balles terriennes, heureusement, n’ont fait que me traverser, inutile de les extraire. Prends la baguette ReGen dans mon sac. Elle me soulagera suffisamment le temps de rentrer sur Trion et de séjourner dans le caisson. » Je file dans l’autre pièce, m’empare de la petite sacoche qu’il a apportée et en extirpe une petite baguette métallique. Elle ressemble à celle dont il s’est servi lors de l’examen médical. La sonde. Ça s’apparentait plus à un orgasme avec un gode magique qu’à un examen. Je m’empresse de la donner à Roark, qui appuie sur un bouton. Une lumière bleue s’allume.
« Passe-la sur mon dos. »
J’obéis, son dos cicatrise, heureusement qu’il n’a pas atteint ses parties intimes. Roark sue à grosses gouttes, le souffle court, finalement ses épaules se détendent. La douleur faiblit. Miranda et moi-même le regardons pendant de longues minutes, les blessures cicatrisent presque entièrement, le sang s’arrête de couler.
« C’est bon. Ça suffit, dit-il en reprenant la baguette. Si ça empire, on s’en servira de nouveau pour endiguer l’hémorragie. On doit filer au centre de Recrutement des Epouses. On nous en veut sur Terre. »
Je secoue la tête. « Mais c’est à Miami !
— L’avion de vos parents se trouve à l’aéroport, me rappelle Miranda. Je vais les appeler, ils nous emmèneront sur Miami. »
J’avais pas pensé au jet privé de mes parents. Ils sont à l’étranger et leur jet ne peut pas aller si loin, ils voyagent en première sur des longs courriers. Leur jet n’attend plus que nous.
« Merci, dis-je à Miranda. Dis-leur qu’on arrive dans vingt minutes. »