Читать книгу Programme des Épouses Interstellaires Coffret - Grace Goodwin - Страница 20

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Roark

Il est l’heure de foutre le camp de cette putain de planète primitive. La baguette ReGen est la seule chose qui me permette de protéger ma famille, ainsi que le centre de téléportation. L’argent est le nerf de la guerre sur Terre, comme sur Trion. Natalie ne m’avait pas dit qu’elle était issue d’un milieu aisé. On n’a passé qu’une nuit ensemble, on n’a pas vraiment eu le temps de discuter.

La superficie de sa demeure, le fait qu’elle ait des domestiques pour l’aider, les meubles extravagants et les œuvres d’art qui trônent chez elle, tout me porte à croire qu’elle est fortunée. Mais le jet, là, c’est autre chose.

Le jet de Natalie est tout petit, lent, rien à voir avec les vaisseaux de la Flotte de la Coalition, mais y’a rien de mieux sur Terre. Je suppose que leurs soldats ont des vaisseaux plus rapides mais je n’ai aucun moyen de le savoir. Et je m’en tape. Ma priorité est de mettre ma femme et mon fils en lieu sûr sur Xalia, des gardes les protègeront, ils seront en sécurité, ils monteront la garde devant leur chambre toute la nuit. Le jet est lent mais je suis content qu’il existe, —c’est le moyen le plus rapide pour rejoindre le terminal de téléportation du Programme des Epouses.

Miranda s’est efficacement occupée d’organiser le transport en deux temps trois mouvements. Elle se met au volant d’une grosse cylindrée tandis que Natalie et moi prenons place à l’arrière, Noah est sanglé dans sa coque, on dirait un guerrier en armure. Natalie me dit que ça s’appelle un siège-auto, on est assis sur des sièges, je ne comprends pas ce qu’elle veut dire. Miranda effectue le court trajet nous conduisant à la piste d’aéroport tandis que Natalie passe la baguette ReGen sur mes blessures, qui se referment les unes après les autres. Elle passe de l’une à l’autre dès que ça s’arrête de saigner. Les blessures se s’ouvrent à nouveau au moindre de mes mouvements, le sang coule.

Un passage dans le caisson ReGen s’avèrera nécessaire. Je doute que la gardienne Egara dispose de la technologie nécessaire au centre de recrutement. Il est hors de question que ces docteurs humains primitifs posent leurs mains sur moi. Ils se servent toujours d’agrafes métalliques vieilles comme Hérode pour effectuer leurs sutures, ils viennent à peine d’intégrer la Coalition et n’ont pas encore accès aux instruments plus avancés d’un point de vue technologique. J’ai pas besoin d’être charcuté plus. J’ai pas non plus besoin d’une transfusion de sang humain, comme l’a suggéré Natalie. Je sais que mon organisme réduirait immédiatement à néant les tentatives des médecins humains.

Non. Je dois emmener ma famille loin de cette planète. Et vite. Sans caisson ReGen, je risque de mourir d’ici quelques heures.

J’ai dormi pendant presque toute la durée du vol sur Miami. A mon réveil, la gardienne Egara est devant moi. Deux brutes de militaires humains l’accompagnent, prêts à me porter hors de l’avion.

Ils m’aident à me tenir debout, pestent parce que je pèse une tonne mais me soutiennent et me portent jusqu’à un véhicule. La gardienne Egara a pris place au volant. La voiture est plus grande que celle de Natalie, on s’entasse tous dans le long véhicule noir. Elle comporte quatre rangées de sièges supplémentaires. Natalie s’assoit et l’un des hommes m’allonge sur elle, ma tête repose sur ses genoux. Elle passe ses mains dans mes cheveux, les hommes effectuent des points de compression sur mes blessures.

« Vous êtes du SAMU ? » demande Natalie à l’homme a la peau mate, il est penché sur sa poitrine. Il est plus brun que moi, ses cheveux sont d’un noir plus profond que l’espace. Sa peau est marron foncé, ses yeux sont comme un puit insondable. Il appuie sur mon épaule et ma poitrine, la douleur me fait l’effet d’un coup de poignard.

« Urgentiste, » répond-il en indiquant son ami penché sur le siège arrière. Le deuxième homme fait un point de compression sur les blessures dans mon dos. « Médecin militaire. »

Natalie hoche la tête. « Vous êtes des Marines ? »

L’homme situé derrière moi a la peau claire, comme du papier mâché, des cheveux auburn flamboyant. Ce sont des humains totalement différents, je suis stupéfait de voir leurs couleurs de peaux si différentes. Natalie a la peau claire et les cheveux blonds, la gardienne a les cheveux bruns et la peau mate. Quant à ces deux hommes, leurs couleurs de peau et de cheveux sont aux antipodes. Jadis, le peuple de Trion comptait des ethnies et des couleurs de peau différentes. Mais à travers les âges, nous sommes devenus une race unique. Notre race unique est le fruit de nos métissages avec des extraterrestres, comme Natalie. Des peuples provenant d’autres planètes.

L’homme à la peau claire secoue la tête et effectue un mouvement de torsion avec sa main. « Non. Armée de Terre. Avant. Il grogne. Désolé mec mais tu saignes comme un goret. »

J’ignore ce qu’il veut dire par là mais ça sent mauvais.

« Comment ça avant ? » demande Natalie.

L’homme à la peau claire hoche la tête. « Ouais. Avant. On fait désormais partie de la Coalition Interstellaire. »

L’homme à la peau mate sourit. « Si on veut. Normalement, on est affectés au transport de biens et de personnes entre la Terre et la Colonie. Ça change un peu aujourd’hui.

— Quelle colonie ? » demande Miranda à l’arrière, Noah fait des bulles et des bruits avec sa bouche. J’imagine ses petites mains potelées posées sur sa bouche, en train de baver.

« Les contaminés, » je réponds. Dans la Flotte de la Coalition, tout le monde connaît cette planète colonisée par Prillon Prime. Ils envoient leurs guerriers finir leurs jours là-bas, s’ils sont capturés ou contaminés par la technologie de la Ruche durant la bataille. Les installations étaient à l’origine destinées aux guerriers Prillon, mais de plus en plus de guerriers ont du mal à réintégrer la vie civile à cause de leurs nouveaux implants cyborgs, la population de la colonie a dû accepter d’autres races.

« Doucement, mec. » L’homme aux yeux sombres me fixe du regard, j’ouvre les yeux et remarque son iris cerclé d’argent si caractéristique. Il a été humain jadis, il se comporte comme tel à l’heure actuelle.

« Je voulais pas t’offenser.

— T’as combattu ces bâtards ?

— Oui. Quatre ans dans le Secteur 843. J’abhorre la Ruche. » Je me suis engagé volontairement pour servir la Flotte de la Coalition à l’aube de mon vingtième anniversaire. Quatre ans sur un vaisseau de guerre à combattre le fléau de l’univers m’ont suffi. J’ai fait mon temps, j’ai trouvé mon épouse. »

Il me fixe, me jauge, jusqu’à ce que son alter ego brise la tension ambiante. « On obéit aux ordres de la Gardienne Egara. »

Natalie est perplexe mais j’ai pas la force de lui expliquer. Je répondrai à ses questions en temps utile.

« Ce sont mes hommes. Vous pouvez leur faire confiance » lance la Gardienne Egara par-dessus son épaule. Je les ignore tous, je me concentre sur Natalie qui passe ses doigts dans mes cheveux. Miranda s’extasie sur mon fils dans le siège auto, j’essaie d’oublier l’espace, la guerre et la Ruche. Si je n’avais pas fait la guerre, je n’aurais pas eu le droit de me marier. Les caresses de Natalie m’apaisent, je ne regrette rien de cet enfer.

La Gardienne conduit calmement et efficacement, elle pénètre sur le parking fermé du centre de recrutement des Epouses, je me demande quel est son passé. Elle est très calme si on considère le remue-ménage ambiant. Natalie lui fait confiance, elle regarde Noah avec amour. Ça signifie donc que je peux lui faire confiance.

Les hommes de la gardienne m’aident à sortir de la voiture et me portent jusqu’à l’ascenseur. Une fois à l’intérieur, la gardienne appuie sur le bouton de fermeture des portes. Elle s’adresse à moi pour la première fois.

« Contente de vous revoir, Conseiller Roark, on dirait que vous avez eu des soucis sur Terre.

 Il y avait un assassin. »

Elle hausse un sourcil sans répondre, les portes s’ouvrent, elle nous conduit dans la salle de téléportation. Les hommes m’installent dans un fauteuil tandis que la gardienne se dirige vers le pupitre de commandes. « J’ai besoin des codes de transport. Ça ne prendra que quelques minutes. »

Je m’assois, m’affale sur ma droite, dans la position que je trouve la plus confortable. Natalie avance vers moi et agite de nouveau la baguette sur mon dos, la douleur s’apaise légèrement. Miranda berce Noah, il regarde autour de lui d’un air curieux. Il a mangé et fait des histoires dans l’avion, puis, il s’est endormi pendant toute la durée du vol. J’avais espéré qu’il dormirait durant le trajet. La lumière vive et les nouvelles sensations l’ont peut-être effrayé.

La gardienne Egara parle à l’homme roux qui l’a rejoint aux commandes. « Trion. Centre de téléportation de Xalia. Entrez les coordonnées.

—Bien m’dame. Ils viennent de nous envoyer les codes. Cinq minutes.

— Dites-leur de préparer le caisson. Il devra y séjourner dès son arrivée, ordonne Natalie.

—Un caisson de RéGénération ? La gardienne me regarde pour avoir confirmation de l’étendue de mes blessures. Je hoche la tête.

—Dites au Docteur Brax de tout installer pour mon arrivée, comme initialement prévu. »

Elle me regarde bizarrement mais transmet mot pour mot ce que je viens de dire. Ceci étant fait, elle me regarde et croise les bras sur sa poitrine, la femme calme et efficace cède la place à la femme en colère. « Parlez-moi de l’assassin.

—On m’a suivi chez Natalie. On savait que j’allais venir, que Natalie était sur Terre, ainsi que la raison de ma visite. »

Elle pivote sur ses talons et fait les cent pas. « Suivi ? D’ici ?

— Comment expliquez-vous qu’on ait attaqué ma famille ?

— Qui pourrait vouloir vous attaquer sur Terre ? »

Les mêmes que ceux qui m’ont capturé et torturé sur Trion.

« Vous pensez que c’est lié à l’embuscade dans laquelle vous êtes tombé sur Trion ? » La gardienne grimace, une ride se forme entre ses sourcils joliment arqués. Elle est vraiment belle. « C’est impossible. Ça voudrait dire qu’un espion Trion se cache ici-même. »

Je hausse les épaules et grimace, la douleur irradie dans ma poitrine au moindre mouvement. Y-a-t’il un autre terminal de transport dans le coin ?

— Non. Le plus proche est situé en Europe Centrale. »

Natalie pousse un cri. « Il a pas pu te traquer depuis l’Europe. Il lui aurait fallu des jours pour te retrouver.

— Ils viennent de Miami, Gardienne. C’est la seule explication plausible. Ça fait un an que Natalie est revenue sur Terre, mais dix jours à peine pour moi. On m’en veut, ou on veut obtenir quelque chose de moi. Pourquoi suis-je le seul à être en vie alors que tout l’Avant-poste Deux a été décimé ? On m’a suivi. »

La gardienne Egara effectue les vérifications nécessaires tandis que l’homme s’occupe de la téléportation. Ses mains volent littéralement sur l’écran. « Laissez-moi consulter les livres de bord. »

Elle plisse les yeux. « Je retrouve la trace de votre téléportation et les communications d’hier, une épouse a été téléporté sur Atlan aujourd’hui. Y’a rien … attendez. »

Sa main s’immobilise, elle écarquille les yeux. Ses doigts s’agitent nerveusement. « Un message crypté a été envoyé une heure avant votre transport. Le centre était fermé lorsqu’il est arrivé. La communication a dû basculer sur le centre de recrutement de Paris. Ils étaient de garde hier soir. »

Elle nous contemple, moi et Natalie, elle agite toujours la baguette dans mon dos.

« Il y a un message. Attendez un moment que je le déchiffre. »

Sa dextérité m’impressionne. Elle tient plus du combattant de la Coalition que d’une Terrienne, mon cerveau embrumé se remémore la teneur de notre conversation avant-hier. Elle était mariée à deux guerriers Prillon qui sont morts. Son corps se fige tandis qu’elle scrute l’écran. « Le message émane du terminal de téléportation de Xalia : Le médaillon du Conseiller Roark a tinté sur Terre. Roark est sur Terre. Trouvez les coordonnées de la Terre et de cette épouse humaine, Natalie Montgomery. Boston. Eliminez-les tous les deux. Rapportez-moi le médaillon. »

La main de Natalie se fige. La douleur cesse comme par magie, la baguette se focalise sur une zone bien spécifique.

« Quelqu’un veut le médaillon ? » demande-t-elle.

Je me tourne pour la regarder. Ses joues sont pâles, ses yeux écarquillés. Je préfère voir son visage rouge de passion et de désir que ce visage hagard, inquiet, stupéfait. Dès que je serai de retour sur Trion, une fois guéri, et après avoir tué celui qui essaie de me voler le médaillon, je la baiserai pendant une semaine non-stop.

« Pourquoi voudraient-ils le médaillon ? demande la gardienne Egara.

— C’est la clé de la salle des coffres souterrains du Continent Sud de Trion. Chaque Conseiller détient la clé de la salle des coffres de son territoire.

— Que contient cette salle des coffres ? Tu m’en as parlé mais sans détailler, ajoute Natalie.

— Des armes. De la technologie. Des richesses. Nous menons une vie simple, mais ça ne veut pas dire pour autant qu’on ne se prépare pas à une attaque de la Ruche. »

La Gardienne Egara s’offusque. « Apparemment, quelqu’un veut s’emparer des armes pour envahir Trion.

— C’est mon problème. L’espion qui se terre au sein de votre programme, c’est le vôtre, Gardienne.

— Une taupe, » ajoute Natalie, un terme terrien que je n’avais jamais entendu.

La gardienne me regarde d’un air sombre. « Vous gérez votre problème, Conseiller, et je gèrerai le mien. Ses jours sont comptés. Surtout depuis que je sais que je dois le traquer.

— Le transport est prêt, Gardienne. Le soldat à la peau mate interrompt notre conversation. Conseiller, ils nous disent de vous dire que le Docteur Brax vous attend avec Seton et une équipe médiale.

 Excellent. » Il est temps de rentrer. Je fais mine de me lever mais Natalie m’aide.

Miranda lui tend le bébé, les larmes aux yeux. On va traverser la galaxie, on ne reviendra plus jamais.

« Viens avec nous, dit Natalie à Miranda, en prenant sa main. Elle regarde la Gardienne Egara. Elle nous accompagne.

— Hein ? sort Miranda les yeux écarquillés, en secouant la tête. « Je peux pas. Je ne suis pas mariée. Je ne peux pas aller sur Trion ! C’est pas un simple voyage en Floride.

— On ne reviendra pas. Je t’en prie, viens avec nous. J’agis par pur égoïsme, j’ai besoin de toi.

— Elle n’est pas mariée, dit la gardienne Egara. Mais en tant que Conseiller Trion, Roark pourrait accorder sa permission. Mais vous— elle me montre du doigt, —ne pouvez pas rester plus longtemps sans passer dans le caisson. »

Les effets de la baguette ReGen s’amenuisent. Je dois à tout prix séjourner dans le caisson.

« Roark, je t’en prie.

— La décision ne m’appartient pas. Je ferai tout pour te rendre heureuse, gara, mais Miranda doit prendre sa décision elle-même.

— Viens avec nous, supplie Natalie. C’est magnifique là-bas. On te trouvera un mari. T’as personne ici. Pas de famille. Saisis ta chance. C’est ce que j’ai fait, regarde le résultat. »

Miranda est terrorisée.

La gardienne Egara s’adresse à elle. « On n’a pas le temps. Vous devez vous décider. Je ne peux pas tolérer qu’un Conseiller Trion meure dans mon sas de téléportation. »

Miranda acquiesce avec ferveur. « D’accord. Je viens. »

Natalie lui prend la main et la guide vers le sas de téléportation. Je m’assure qu’on soit tous bien ensemble, le bébé est dans les bras de ma femme. Je remercie la gardienne, les dents serrées.

Elle hoche la tête. « Bonne chance. Puissiez-vous trouver le bonheur dans l’univers. Votre voyage débutera dans trois … deux … un. »


Natalie

Le transport génère une lumière bleue, comme la dernière fois, mais cette fois-ci, je n’ai pas un taré d’assassin aux trousses. Cette fois-ci, je ne pleure pas la mort de mon mari. Je ne hurle pas parce que la doctoresse et les gardes qui me protégeaient sont morts. Mon mari et mon fils sont avec moi. J’ai Miranda. La petite dague que Roark m’a donnée quand on était dans l’oasis est fourrée dans ma botte. Hors de question que j’approche d’un terminal de transport désarmée. Roark n’a pas besoin de connaître mes angoisses vu qu’il a été blessé, mais je me sens mieux sachant que je peux veiller sur nous si nécessaire.

On rentre sur Trion, on va retrouver les docteurs, les gardes et le peuple de Roark. Mais nous ne sommes pas encore en sûreté.

Mon esprit divague entre conscience et inconscience pendant plusieurs heures, je serre étroitement Noah dans mes bras. J’ignore combien de temps s’écoule avant que les lumières ne s’atténuent. Je me réveille allongée par terre, Noah toujours contre ma poitrine. Miranda dort non loin, la plateforme est imbibée du sang de Roark.

J’ouvre la bouche pour appeler à l’aide mais l’équipe médicale encercle Roark sur le champ. Je les regarde tous, une taupe se cache parmi eux. Ce n’est pas lui qu’ils veulent. Non, pas maintenant qu’ils me savent en possession du médaillon. C’est moi qu’ils veulent.

« Conseiller. » Un homme de l’âge de Roark s’approche de lui. Il est grand, brun et séduisant. Il porte un pantalon et une chemise noirs, avec une sorte d’insigne coloré sur la poitrine, les hommes qui l’entourent obéissent à ses ordres. « Roark, mon ami, faut toujours que tu te pointes en sang et à moitié mort. Ça commence à devenir lassant.

— Arrête tes jérémiades Seton, et occupe-toi de ma femme. Un traître est parmi nous. »

Noah choisit ce moment pour s’agiter et pousse un cri à vriller les tympans.

Tout le monde se fige et me regarde. Ainsi que Noah.

Roark est installé sur une civière Trion, trois personnes agitent des baguettes ReGen. « Natalie et moi avons appris que le temps s’écoulait différemment sur Terre. Je suis parti combien de temps, Seton ?

—Trente-cinq minutes, répond Seton. On a averti tes parents, ils sont ici et attendent votre retour. »

Trente-cinq minutes ? Je comprends maintenant la surprise de Roark avec le bébé, alors qu’on s’était quittés il y avait quelques jours à peine.

« Prends soin de ma femme, Seton. Et de mon fils. Occupe-toi d’eux.

— Ton fils ? demande Seton, Quel traître ? Roark, mais putain qu’est-ce qui t’arrive ?

— Il est hors de question que je quitte ma famille en dépit de mon état. Je veux deux gardes qui veillent sur eux jour et nuit. Que mes parents restent avec Natalie et Noah. Je ne fais confiance à personne. »

Seton guide Roark vers un étrange caisson ovale qui luit dans le noir. Roark me regarde tandis qu’ils l’installent à l’intérieur. « Protège Noah, femme. Tu peux faire confiance à Seton et à mes parents. A personne d’autre. »

Il soutient mon regard, je hoche la tête. Noah me tire les cheveux et j’attrape son petit poignet d’un air absent, je l’empêche de m’arracher les cheveux. « Tout ira bien, Roark. Guéris vite. On sera là à ton réveil. »

Roark hoche la tête et détourne le regard vers l’homme âgé appuyé contre le rebord du caisson, il règle les commandes. « Combien de temps cette fois-ci, Docteur Brax ? »

L’homme âgé soupire d’un air gêné, j’imagine que cette conversation entre le docteur et Roark n’est pas la première. « Vingt-quatre heures seraient souhaitables, Conseiller. Vous n’étiez pas totalement guéri la dernière fois. »

Roark sourit. « C’est trop long. Je peux pas laisser ma femme sans protection si longtemps. »

J’ouvre la bouche pour protester mais Seton me prend de court. « Je la protègerai au péril de ma vie, Roark. Je resterai à ses côtés. Tu as ma parole. »

Roark regarde son ami, je vois que sa décision est prise. « Elle est toute ma vie, Seton.

— Je sais. »

Roark hoche la tête et se tourne vers le docteur. « Vingt-quatre heures, pas une minute de plus.

—Excellent. Vous prenez la bonne décision, monsieur. » Les mains du docteur s’affairent deux fois plus vite qu’auparavant autour de Roark, avant que ma tête de mule de mari ne change d’avis. J’ai pas vraiment hâte de le voir s’endormir si longtemps mais ça en vaut la peine si c’est pour se rétablir complètement.

« Gara. »

Un couvercle transparent coulisse au niveau du visage de Roark, suivi d’une vive lumière. Il me regarde, ses paupières se ferment, le processus de guérison est amorcé.

Une fois Roark entièrement endormi, tout le monde se tourne vers moi. Et Noah.

Bon sang. J’ai l’impression de passer sous un microscope. Je porte un jean et un T-shirt enfilé avant de partir à l’aéroport, tout maculé du sang de Roark lorsque j’ai utilisé la baguette ReGen. Miranda se racle la gorge et je recule vers elle. J’avais complètement oublié sa présence. Elle dévisage Seton, bouche bée, il rompt la tension ambiante et se dirige vers nous. Je n’ai passé que deux jours sur Trion, pas très longtemps mais plus que Miranda, bien sûr. Pourtant, je n’ai pas peur. Je suis contente d’être là.

« Vous devez être Natalie. » Sa voix grave est agréable, comme s’il avait peur de nous. Miranda nous dévisage tour à tour. Je hoche la tête pour lui faire comprendre que tout va bien et m’adresse à Seton. « Oui, je suis Natalie. Voici Miranda. »

Il s’incline et met un genou à terre devant moi. Miranda pose sa main sur mon épaule et Noah se fige dans mes bras, il dévisage cet homme avec curiosité. « Je suis Seton, ma Dame. Je jure de vous honorer et de vous protéger, vous et votre fils, au péril de ma vie. »

Je reste sans voix, ne sachant que répondre. Il s’agit d’un rituel officiel, je ne sais que dire.

« La coutume veut, ma fille, que tu acceptes sa proposition et que tu l’autorises à se relever. » Une voix féminine et rassurante me parvient de derrière. Je me retourne et aperçois une femme d’un certain âge vêtue de crème et or, un homme qui ressemble à Roark en plus vieux se tient derrière elle, il est aussi sauvage et imposant que son fils.

J’humecte mes lèvres, me retourne vers Seton, qui reste genou à terre, tête baissée. « Merci, Seton. J’accepte, euh, tu peux te relever. »

Seton se lève et se poste devant moi, il est plus grand que Miranda et moi, tout comme Roark. Mais il ne m’intéresse pas. Je le connais. C‘est un ami de Roark, le seul homme auquel je peux me fier sur cette planète. Le savoir à mes côtés me donne la confiance nécessaire pour affronter le couple âgé—mes beaux-parents—désireux, ou pas, d’avoir une belle-fille extraterrestre.

« Et mon fils ? » dit-elle à Seton en voyant Roark dans le caisson.

Elle n’a pas besoin d’en dire plus, Seton lui explique l’étendue de ses blessures et la durée de son séjour dans le caisson.

« On a appris ce qui s’était passé, vous nous donnerez de plus amples détails. Ultérieurement. »

Je ne peux qu’acquiescer, contente qu’elle se préoccupe de l’état de santé de son fils et s’intéresse à la nature de ses blessures.

Je me retourne avec Noah dans les bras, le père de Roark m’adresse un large sourire. Il est derrière sa femme, tout à fait à son aise. Il jette un œil au caisson dans lequel son fils entame son processus de guérison et me regarde avec tendresse. La mère de Roark me dévisage de la tête aux pieds, les bras croisés sur sa poitrine, en train de décider si je réussis oui ou non l’examen de passage.

Oui, c’est ma belle-mère. Il ne manque qu’une musique de film d’horreur.

Elle avance sans me quitter des yeux. Je garde la tête droite sans baisser les yeux. Je ne vais pas me laisser intimider par une extraterrestre de cinquante balais, toute belle-mère soit-elle. Non. Justement parce que c’est ma belle-mère. Si je fais preuve de faiblesse, elle m’en fera voir des vertes et des pas mûres toute ma vie. J’ai lu et vu tous les films d’horreur. Je sais très bien comment ça se termine.

« Vous devez être la mère de Roark.

— Je suis Tracen. Roark est mon fils. Elle regarde brièvement Noah. Vous devez être Natalie, la femme de Roark.

— Oui. » J’ignore où elle veut en venir. Roark m’a dit que sa mère l’avait poussé à s’inscrire au Programme des Epouses car il devait se marier, avoir une descendance. D’après ce qu’il m’a dit, il avait accepté et trouvé la femme idéale. Moi. Rien ne dit que les parents de Roark acceptent que leur fils ait épousé une Terrienne. Je ne sais pas s’ils voudront d’un petit-fils à moitié extraterrestre. Ma propre mère n’a pas voulu entendre parler de Noah, j’ignore ce qui va se passer.

La mère de Roark avance et me prend dans ses bras. Elle sanglote, me serre si étroitement avec Noah que mon fils commence à s’agiter.

« Soit la bienvenue, ma fille. C’est un jour béni, nous gagnons une fille et un petit-fils. Tu nous as ramené Roark, Natalie de la Terre. Je ne te pourrais jamais assez te remercier pour ce miracle. Bienvenue. Bienvenue dans notre famille. » Sa voix se brise, elle colle sa joue baignée de larmes contre la mienne.

Je reste figée avec Noah tandis qu’elle nous enlace en pleurant. C’est gênant, je jette un œil à Roark endormi dans le caisson, j’aurais bien aimé qu’il se réveille et vole à mon secours.

L’immense père de Roark s’avance et enlace son épouse, moi et Noah, je me sens immédiatement en sécurité et protégée. « Bienvenue ma fille. » Sa voix grave et rauque ressemble tant à celle de Roark que même Noah se fige.

« Je— Merci. » Je ne sais pas quoi dire, comment réagir. Je ne m’attendais pas à ça. D’abord, Seton qui s’agenouille devant moi comme si j’étais une princesse et maintenant, ça.

J’aimerais bien qu’ils me lâchent. Mais ils n’en prennent pas le chemin. Ils me gardent aux bras de longues minutes, comme s’ils voulaient s’imprégner de leur nouvelle fille et de leur précieux petit-fils. Leur amour est palpable. Ça doit être ça, l’amour. Je n’ai jamais ressenti d’émotion aussi intense de la part de mes propres parents. Jamais. Ni quand je rentrais à la maison pour les vacances d’été, ni pour l’obtention de mes diplômes au collège et lycée, ni pour la naissance de Noah. Jamais.

Ça m’a manqué.

Je craque, les larmes roulent sur mes joues tandis qu’ils me prennent dans leurs bras protecteurs. « Roark a de la chance d’avoir des parents tels que vous. »

Tracen émet un petit rire et finit par reculer. « Quand il ne râle pas. » Elle sourit d’un air taquin. Sous le choc, je reste immobile tandis qu’elle regarde Noah, son sourire chaleureux resplendit d’amour. « C’est tout son père. Son regard passe de moi à Noah. Mais il a tes yeux. »

Tenir Noah dans mes bras est très réconfortant, je le sais en sécurité. « Oui. Il s’appelle Noah. »

Noah s’agite, les parents de Roark reculent, ce sont les grands-parents dont j’avais rêvé pour lui.

« Je peux le prendre ? » demande Tracen.

Je souris. Mon dieu, c’est d’une simplicité enfantine. Un câlin et tout roule. Je suis disposée à lui passer mon fils. « Bien sûr, il va bientôt avoir faim. »

Tracen tend les bras et je lui passe Noah avant de me tourner vers Miranda. « On a ses affaires ?

— Bien sûr. Mais ça ne va pas durer éternellement. » Miranda regarde Tracen, puis moi, avec appréhension. « Je … je comprends rien à ce que vous dites. »

Je regarde Miranda sans comprendre.

« Pourquoi n’a-t-elle pas de neuro-processeur ? » demande le père de Roark.

Oh, merde. J’ai oublié cette aiguille à la con et le neuro-processeur que la Gardienne Egara m’a implanté pour comprendre leur langue. « On est partis en vitesse à cause des blessures de Roark. On n’a pas eu le temps de le lui implanter.

— On va y remédier séance tenante. La pauvre, elle doit se sentir complètement perdue. » Le père de Roark s’adresse au docteur. « Docteur Brax, cette femme a besoin d’un neuro-processeur sur le champ. »

J’avais oublié ce truc de traduction. On m’a implanté le mien à l’issue de ce rêve torride. Miranda a été catapultée dans un univers extraterrestre situé à des dizaines d’années-lumière, et ne comprend un traître mot de ce qui se dit. « Désolée, Miranda. Ils vont t’implanter un traducteur afin que tu puisses les comprendre.

— Si Miranda veut bien s’asseoir dans un fauteuil d’examen, on le lui implantera sans tarder. Dites-lui bien que ça ne fait pas mal … bref, vous en avez fait l’expérience.

— Merci … euh, j’ignore votre prénom, » dis-je au père de Roark en guidant Miranda vers le fauteuil indiqué par le Docteur Brax.

« Aran. »

Je hoche la tête et explique tout à Miranda. Je me lève et lui prends la main tandis qu’on implante le neuro-processeur dans sa tempe, juste derrière l’oreille.

Noah commence à s’agiter dans les bras de Tracen. « Il doit avoir faim.

— Oui, répond Tracen. Je suis surprise qu’il ne dorme pas. Et vous aussi d’ailleurs. Lors de votre premier voyage, vous dormiez quand on vous a rencontrée.

— Ah bon ? Je n’étais même pas au courant de leur visite.

— Oui, notre fils est très possessif. Je comprends pourquoi.

— C’est mieux comme ça ? » Je pose la question à Miranda, elle nous regarde tour à tour les yeux ronds, elle comprend tout ce qui se dit dans le dispensaire.

Elle sourit, vraisemblablement plus à son aise. « Waouh. C’est génial. Merci. » Le bébé se plaint à nouveau, « Vous avez du lait maternisé ici ? Natalie le nourrit au sein mais c’est un vrai glouton, elle n’a pas assez de lait. »

Tracen roucoule et fait des chatouilles à son petit-fils, elle ne prend même pas la peine de lever la tête pour répondre. « J’ignore ce qu’est du lait maternisé mais j’ai élevé deux enfants. On va faire en sorte que vous ne manquiez de rien. »

Je me détends. C’est si facile que ça ? J’arrive pas à y croire. D’ici demain Roark sera complètement rétabli, j’ai enfin trouvé la famille de mes rêves.

Le père de Roark se tourne vers Miranda. « Je suis surprise que vous accompagniez Natalie durant un si long périple. »

J’ignore quel est le protocole mais je veux la protéger, je l’interromps avant que Miranda ne puisse répondre. « C’est mon amie, Noah l’adore. Je ne pouvais pas la laisser en plan.

— Bien sûr que non. » Tracen sourit, elle enlace Miranda et Noah. Noah pousse un cri, sa faim momentanément oubliée, il scrute le visage de Miranda. Il l’adore, elle m’a aidée à prendre soin de lui depuis ma sortie de la clinique.

« Bienvenue dans la famille, Miranda. Vous êtes des nôtres, on vous protègera au même titre que Natalie et Noah. »

Miranda cligne doucement des yeux, elle réalise peu à peu, surtout maintenant qu’elle comprend tout. Je lui souris comme jamais, on s’entend comme des sœurs, elle me sourit en retour. « Merci. »

Tracen la relâche mais Noah hurle et agite ses petits bras potelés pour trouver refuge dans les bras familiers de Miranda.

Tracen le lui passe à contre cœur.

« Il ne vous connaît pas encore très bien, je m’empresse de la rassurer.

— Oh, je sais ma chère. Ne t’inquiète pas. Ça ne durera pas. »

Derrière, le père de Roark rit, attire son épouse contre lui et l’enlace. « Il t’aimera, gara, au même titre que ton fils et moi. »

Elle regarde son mari avec tant d’amour que mon cœur s’arrête l’espace d’un instant. Tant d’amour après toutes ces années. Mes parents ne se sont jamais regardés comme ces deux extraterrestres. Jamais.

Seton se racle la gorge derrière moi, je l’avais complètement oublié. « Excusez-moi, ma Dame, mais nous devons vous conduire en lieu sûr pour la nuit. Tous. »

Je me tourne vers lui mais me distrais en voyant la silhouette endormie de Roark dans le caisson. « Je veux rester à ses côtés. » Je ne peux pas le quitter. Plus jamais. Surtout depuis que les méchants—comment les appeler autrement ?—veulent s’emparer du médaillon que je détiens. Je sais que Noah sera en sécurité et protégé avec Miranda et les parents de Roark. Roark, en revanche, est seul. Je n’ai pas envie qu’il soit seul. Je veux que ce soit moi qu’il voit à son réveil.

Je me tourne vers Miranda, prête à plaider ma cause mais elle secoue la tête. « Aucun problème, Natalie. Je m’occuperai de Noah pour la nuit. Reste auprès de Roark. Il a besoin de toi. »

Seton avance sur ma gauche. « Il est inconscient, ma Dame. Il ne sait même pas que vous êtes là. Vous devriez vous reposer. »

Je fais mine de protester mais je croise le regard de Tracen avant de formuler ma pensée.

« Laisse-la, Seton. Il sentira sa présence. Crois-moi. Il saura. Les gardes l’escorteront à n’importe quelle heure si elle souhaite voir Noah. »

Seton croise les bras, lève un sourcil et regarde le père de Roark hausser les épaules. « Inutile de me regarder, Seton. Ils sont mariés. Et nos femmes sont têtues. Tergiverser ne te mènera à rien. » Il regarde son fils dans le caisson d’un air sombre. « A moins que tu doutes de sa sécurité ici-même. Tu peux la protéger ? Roark nous coupera la tête à tous les deux s’il arrive quoi que ce soit à sa femme. »

Seton décroise ses bras. « Oui. J’ai assez de gardes pour protéger deux endroits différents. Mais Miranda et Noah doivent rester avec vous. Je n’ai pas assez de gardes pour veiller sur trois endroits différents.

— Elle vient avec nous bien évidemment. » Tracen se détache de son époux, se poste auprès de Miranda et pose ses mains sur le bras de la jeune femme. « Viens avec nous ma chérie. Notre chambre d’ami possède un lit confortable et moelleux, on va donner à manger à Noah et le coucher. Tu vas te reposer. Je me demande comment tu tiens encore debout après un tel voyage. »

Je m’avance pour embrasser la petite tête toute douce de Noah et dis au revoir à Miranda et à mes nouveaux beaux-parents. Seton reste à mes côtés et adresse un signe de tête à un groupe de gardes, ils le saluent en retour et emboîtent le pas à ma nouvelle famille qui s’éloigne dans le couloir conduisant hors du dispensaire. J’ignore l’heure qu’il est mais comme l’a dit Tracen, je suis épuisée. Roark m’a fait l’amour toute la nuit, je me suis réveillée à l’aube, on s’est fait agresser, toute cette panique, devoir filer sur Miami. Et on a traversés la moitié de la galaxie.

J’ai le droit d’être fatiguée non ?

Ils n’ont pas un caisson spécial « mamans h.s. » ?

« Je pourrais m’asseoir ? Je demande à Seton.

— Bien sûr. » Il se rue à l’autre bout de la pièce et m’apporte une chaise, je m’assois auprès de la silhouette endormie de Roark. On n’est pas sous une tente pleine de sable, plutôt dans le service de chirurgie d’un grand hôpital. L’édifice est en béton, les murs en pierre. Tout est aseptisé, solide. « Où sommes-nous ?

— A Xalia, répond Seton. La capitale du Continent Sud, la résidence permanente du Conseiller Roark. »

Peu importe. Nous ne sommes pas en plein désert, c’est déjà un bon début. Je présume que Xalia est une grande ville, peut-être entourée de remparts.

« Merci. » Je m’assois dans cette chaise étrange. On dirait une chaise pliante, facile à transporter, rembourrée et confortable. Je replie mes jambes sous moi, rassurée par la dague fourrée dans ma botte, je pose ma tête sur mes bras et le contemple, j’aimerais tant qu’il sente ma présence.

« Je suis là, Roark. Je reste là. »

Seton fait les cent pas derrière moi. Le docteur active des commandes sur un pupitre de contrôle. Je suppose qu’il vérifie le processus de guérison de Roark, je ne sais pas vraiment ce qu’il fabrique à vrai dire. Deux gardes sont postés devant l’entrée. Les autres sont partis.

Je me tourne vers Seton. « Deux gardes ? Y’en a d’autres à l’extérieur ?

— Oui. Ne vous inquiétez pas, ma Dame. Une douzaine de gardes encercle le terminal de téléportation, une autre douzaine veille sur votre fils. Le Commandant Loris est chargé de protéger le terminal, c’est un homme de confiance et un officier aguerri. »

Je me fiche de savoir qui c’est. Douze hommes c’est pas grand-chose, surtout quand je pense à ce qui m’est arrivé la dernière fois que j’étais sur cette planète. Pour lui, ça fait dix jours, pour moi, c’est une éternité. « Y’a des Drovers aux alentours ?

— Non. Nous ne sommes pas à l’Avant-poste Deux. Vous êtes au Nord, ma Dame, dans une grande ville. Le territoire Drover le plus proche se trouve à des centaines de kilomètres. Vous êtes en lieu sûr. »

Des centaines de kilomètres ça peut aller, j’aurais préféré des milliers de kilomètres. Des millions. J’ai été en danger malgré dix années-lumière.

« Ok. Je me tourne vers Roark.

— Vous avez faim ? » demande Seton.

A ma grande surprise, mon ventre gargouille. Je meurs de faim. « Oui. Merci. »

Seton me salue et ordonne à un garde de m’apporter de quoi manger. J’avale à la hâte un ragoût léger mais nourrissant. Les légumes sont bizarres mais savoureux, j’engloutis deux assiettes et un morceau de pain en un temps record. Le ventre plein, Roark à l’abri, mes paupières se ferment, je baisse la tête et sombre dans le sommeil.

« Ma Dame. La voix douce de Seton ne me dérange pas. Il va me dire d’aller me reposer.

— Non. Je reste. »

Seton soupire, je pose mes bras sur le caisson de Roark, appuie ma tête dessus et m’endors dans ma chaise.

Programme des Épouses Interstellaires Coffret

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