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IX

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Les premiers architectes du temple de Diane, à Ephèse, qu’Erostrate devait détruire, Chersiphron et son fils Méragène ont laissé d’importants écrits sur leur art. Vitruve les a lus. L’un des livres de Métagène avait pour objet l’histoire de l’ordre ionique. Avant eux, Théodore, fils de Rhœcus, architecte et fondeur, s’était fait l’historiographe du temple de Junon, construit par ses soins à Samos, en collaboration de son père.

Menæchme de Naupacte et Soïdas, statuaires, qui, ensemble, avaient exécuté la statue de Diane Laphria, écrivirent sur la toreutique. Ces deux artistes appartiennent au VIe siècle.

Deux cents ans plus tard, un second Menæchme, de Sicyone, également statuaire, écrit sur l’art plastique et raconte la vie d’Alexandre le Grand.

Pausanias nous apprend que Gitiadas fut le constructeur d’un temple en airain, érigé à Minerve, dans les murs de Lacédémone. Cet artiste était poète. Plusieurs odes ont porté son nom, et il fut l’auteur d’un hymne à Minerve sur un rythme dorien. Sévère pour l’œuvre de ses mains, les parois de bronze qu’il avait fondues ne l’avaient pas satisfait, et, sans doute, il ambitionna d’en parachever le symbolisme en les faisant vibrer sous les strophes éclatantes et graves d’une prière qui fût un hommage à la Sagesse.

De Polyclète nous ne connaissons qu’un mot. C’est Plutarque qui nous l’a transmis. «Votre statue, disait Polyclète, ne sera vraiment digne du temple que si l’argile se niche sous votre ongle, oỉς ἂv εὶς ὄνυχα ὁ πηλòς ἀϕίϰηται.» Conseil de praticien légué par un maître, qui avait écrit un traité sur les proportions du corps humain.

Poète aussi, le peintre Timagoras de Chalcis, auquel Panænus, frère de Phidias, disputa le premier prix dans un concours de peinture, à Corinthe. Timagoras chanta sa propre défaite. Mais Panænus s’étant une seconde fois mesuré avec son rival, dans les joutes des jeux pythiques, fut vaincu.

Les anciens citent avec éloges les Trois Grâces vêtues, sculptées par Socrate. Il ne parait pas que Socrate ait rien écrit, mais il a laissé Platon.

Hippodamas, l’architecte du Pirée, qui, le premier, aurait conçu l’idée des rues à angle droit, fut tout à la fois législateur, orateur et savant.

Ictinus, dont le nom reste attaché à la construction du Parthénon, voulut écrire l’histoire de ce temple fameux.

Oublierai-je Phileus qui éleva le temple ionique de Minerve à Priène, et voulut se survivre, dit Vitruve, dans un traité sur ce monument? Hermogène d’Alabanda, en Carie, l’inventeur de l’ordonnance pseudodiptère, dont il fit l’application curieuse dans le temple de Diane Leucophryne, à Magnésie, a signé, dit encore Vitruve, d’excellents ouvrages sur l’architecture.

Apelle, qui occupe dans l’antiquité la même place que Raphaël dans les temps modernes, fit un ouvrage sur la peinture. On dit que le grand artiste recommandait aux peintres de ne pas trop finir leurs tableaux. Le livre dans lequel étaient consignés ses précepte fut dédié par le maître à l’un de ses disciples.

Asclépiodore, contemporain d’A pelle et son rival heureux dans la composition d’une scène peinte, a écrit sur le nombre des plans et la dégradation des figures.

Euphranor, sculpteur, fondeur et peintre, composa, dit Pline, plusieurs traités sur les proportions et le coloris.

Satyrus travaille au tombeau de Mausole et le décrit. Protogène, statuaire et peintre, dont Apelle assura la renommée en achetant à un prix élevé l’un de ses tableaux, Protogène, dont l’atelier fut la sauvegarde de Rhodes, au temps du siège de Démétrius Poliorcète, est l’auteur d’un ouvrage sur le dessin.

Antigone et Xénocrate, deux sculpteurs, ont écrit sur la statuaire, sur la ciselure, la toreutique et la peinture. L’un et l’autre ont rendu témoignage du génie de Parrhasius.

Eupompus, peintre comme Zeuxis et Parrhasius, dont il fut l’émule, ne nous est guère connu que par sa réponse à l’un de ses concitoyens qui lui demandait de nommer le maître dont il avait fait son modèle. — «Mon modèle, dit le peintre, en montrant la foule sur une place publique, le voici; l’art vit de l’étude de la nature, non de l’imitation d’un artiste.» Cette parole, entendue par Lysippe, lorsqu’il n’était encore qu’un ouvrier en cuivre (œrarium fabrum), l’aurait fait sculpteur. S’il en est ainsi, la réponse d’Eupompus vaut plus qu’un livre.

Un élève d’Eupompus, le Macédonien Pamphilus qui sera lui-même le maître d’Apelle, de Mélanthius et de Pausias, est, à Sicyone, le créateur de l’enseignement du dessin. Laissons parler Pline.

«Pamphilus fut le premier peintre, dit-il, qui eût étudié toutes les sciences, surtout l’arithmétique et la géométrie, sans lesquelles il soutenait que la peinture ne pouvait être parfaite. Il n’a enseigné à personne à moins d’un talent. Il prenait cinq cents deniers par an: Apelle et Mélanthius lui payèrent ce prix. C’est grâce à l’autorité de cet artiste que, d’abord à Sicyone, et ensuite dans toute la Grèce, on apprit avant toutes choses aux enfants libres la graphique, c’est-à-dire à peindre sur du buis (picturam in buxo), et que cet art fut reçu comme la base de l’enseignement des arts libéraux.»

Pline omet de nous dire comment le peintre de Sicyone fit prévaloir son autorité. Quelles furent les armes de ce novateur en matière d’éducation, de cet homme qui certes, ne chercha pas la popularité, car son atelier n’était pas public? Il fallait être riche pour étudier chez Pamphilus. Le maître rencontra donc, on peut le croire, des difficultés d’autant plus grandes pour imposer sa pensée, que ses vues pouvaient paraître moins désintéressées, puisque c’était un peintre qui cherchait à répandre l’enseignement de l’art, et que ce peintre montrait plus de fierté. Ses armes, il n’en faut pas douter, furent la parole ou la plume. C’est en étant orateur ou écrivain que Pamphilus fit passer dans la coutume (plusieurs disent dans les lois) l’enseignement primaire du dessin sur tout le territoire de la Grèce.

Ces faits se rattachent au ive siècle avant notre ère. A cette date, Rome, moins précoce que Sicyone et Athènes, regardait comme indigne de ses citoyens la pratique des arts qu’elle abandonnait à ses esclaves. Et il a fallu l’initiative de Pamphilus pour que l’étude de l’art devînt générale chez le peuple du monde le mieux doué pour en appliquer les principes! Sans doute, Phidias et Périclès avaient marqué l’un des sommets de l’histoire grecque, mais Alexandre allait naître. Son siècle n’est guère moins glorieux que le siècle de Périclès. C’est l’heure où Dinocrate, Aristide deThèbes, Praxitèle, Théon, Lysippe, Silanion, Timarque, Agasias, Nicias, Athénion, Apelle vont répandre sur leur pays des chefs-d’œuvre d’élégance, de grâce affinée. C’est l’heure où les Athéniens élèvent à Démétrius de Phalère trois cent soixante statues que, par un de ces retours d’opinion, si fréquents, hélas! chez les peuples modernes, ils briseront eux-mêmes à quelque temps de là. C’est l’heure où les médailles grecques atteignent leur plus grande perfection. Faut-il supposer que l’enseignement de l’art généralisé par Pamphilus à la même époque contribua pour quelque chose à l’éclat du siècle d’Alexandre? Nous le pensons volontiers. Et c’est avec joie que nous voyons développer en France, à l’heure présente, cette science du dessin qu’un peintre éminent avait su rendre obligatoire il y a vingt-trois siècles!

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