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JEAURAT DE BERTRY (1765)

Table des matières

URBANITÉ ACADÉMIQUE

A Messieurs de l’Académie royale de peinture et sculpture.

A Versailles, ce 21 décembre 1765.

Messieurs,

Puisque des devoirs indispensables ne me permettent par d’avoir auprès de vous cette douce assiduité, dont je trouverais la récompense dans vos lumières, et l’encouragement dans vos travaux, trouvez bon, du moins, qu’au commencement de la nouvelle année, je vous renouvelle les assurances de mon respectueux attachement, de mon admiration sincère pour vos talents supérieurs, et que je vous prie d’agréer mes vœux pour la gloire de l’Académie, et pour la prospérité de chacun de ses illustres membres.

Je suis, avec un profond respect, Messieurs, votre très humble et très obéissant serviteur,

JEAURAT DE BERTRY,

Peintre de la Reine.

Du Cabinet de M. Delacroix, ancien liquidateur au Tribunal de commerce de Paris. — Frédéric Villot déclare qu’on ne possède aucun renseignement sur Jeaurat de Bertry (Nicolas-Henri). Toutefois, Villot se contredit lui-même en rappelant que ce peintre fut reçu à l’Académie, le 31 janvier 1756, sur le tableau Ustensiles de cuisine, aujourd’hui au Louvre. Voilà déjà, ce nous semble, quelques jalons. Les livrets des anciens Salons nous montrent Jeaurat de Bertry exposant en 1757, des «instruments de musique, de guerre et de science». Nous sommes donc en présence d’un peintre de genre ou de nature morte? Pas exclusivement. Au Salon de 1796, notre artiste expose le portrait du «citoyen Gelé à l’instant où il reçoit le brevet d’imprimeur de la Gendarmerie nationale». Jeaurat est donc portraitiste sur ses vieux jours, car il n’est plus jeune en 1796! Au même Salon, l’artiste expose une «Vue de la collégiale, et du pont de Corbeil (sous le pont passe un coche descendant)». Jeaurat est donc aussi paysagiste ou, tout au moins, peintre d’architecture. Quand meurt-il? Nous ne pouvons le dire. Villot nous avait fait savoir que Jeaurat était encore de ce monde en 1793. Il y a lieu de lui accorder au moins trois années de vie au delà de cette date, puisqu’il expose en i796. Jeaurat de Bertry est le neveu et l’élève d’Étienne Jeaurat, garde des tableaux de la Couronne, à Versailles, en 1767, et académicien depuis 1733. L’Almanach royal de 1773, que nous ouvrons au hasard, renferme cette adresse: «Jeaurat de Bertry, pensionnaire de feue la Reine, à l’Observatoire, barrière Saint-Jacques.» Pensionnaire de Marie Leczinska? ce titre n’allait point, du vivant de la reine, sans quelque fonction. Il nous est même permis de voir dans ce titre une qualification équivalente à celle de «Peintre de la Reine», puisque Jeaurat, comme on vient de le voir, n’hésite point à s’attribuer ce rôle. Et, vraisemblablement, le peintre de la Reine était tenu de vivre à la cour, c’est-à-dire à Versailles. L’Académie de peinture étant assemblée le 31 décembre 1765, il est dit au procès-verbal: «Le secrétaire a fait lecture de plusieurs lettres de compliment, adressées à l’Académie, à l’occasion du renouvellement de l’année, de Messieurs les Associés professeurs de l’Académie de Marseille, de M. Jeaurat, Recteur, présentement à Versailles, de M. Jeaurat de Bertry, Académicien, son neveu, aussi à Versailles.» C’est la lettre de Jeaurat de Bertry, mentionnée dans ce passage, que nous publions. Elle est l’œuvre d’un lettré, absolument maître de la langue qu’il parle. Un membre de l’Académie française n’userait pas de locutions plus justes, de termes plus choisis que ne le fait Jeaurat, pour complimenter ses confrères. Si cette lettre est son ouvrage, — et pourquoi non? — ce peintre de peu de renommée fut un homme distingué.

Les Maîtres peints par eux-mêmes, sculpteurs, peintres, architectes, musiciens, artistes dramatiques

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