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FALCONET (1766)

Table des matières

LE STATUAIRE APPELÉ PAR CATHERINE II

A Messieurs de l’Académie royale de peinture et sculpture.

A Paris, le 3 septembre 1766.

Messieurs,

Le désir que j’ai eu d’exécuter sous vos yeux le monument dont l’Impératrice de Russie vient de me charger, est un hommage que vous daignerez agréer, puisque la supériorité de vos talents et le besoin que j’ai de vos avis l’ont fait naître.

Je connais parfaitement toute l’utilité des secours dont je vais être privé. Je dois tout à l’Académie, c’est en elle que résident les auteurs de mon éducation et la source des événements les plus heureux de ma vie.

Recevez donc, Messieurs, l’aveu sincère du besoin que j’ai de vos conseils, recevez mes regrets d’en être privé. Un bien n’est jamais pur: il m’était réservé de mêler à celui qui m’arrive aujourd’hui le déplaisir d’être abandonné à moi-même. Au moins, Messieurs, si vous m’honorez de vos ordres pour l’Académie de Saint-Pétersbourg, j’aurai des témoignages bien agréables et bien doux de l’honneur que j’ai de vous appartenir.

Je suis avec respect, Messieurs, votre très humble et très obéissant serviteur.

FALCONET.

Du Cabinet de M. Delacroix, ancien liquidateur au Tribunal de commerce de Paris. — On sait ce qu’était Falconet: esprit cultivé, mais personnel, caractère irascible, et, à ce titre, assez enclin à la flatterie, dans l’espoir qu’on userait avec lui de réciprocité. Au demeurant, un sculpteur adroit, faisant bonne contenance parmi ceux qui honorent l’École durant la seconde moitié du dix-huitième siècle.

En 1766, Falconet dut se rendre en Russie, où il vécut douze années, retenu par l’exécution de sa statue équestre de Pierre Ier. Prendre congé de l’Académie royale était un devoir qu’il ne négligea point. Et c’est plaisir de voir en quels termes galants ce sceptique parle du mérite de ses confrères. La lettre, que nous publions ici, fut communiquée à l’Académie le 6 septembre 1766. Aussitôt, la Compagnie — c’est le procès-verbal qui nous l’apprend — chargea son «Secrétaire de répondre à M. Falconet en des termes exprimant combien Elle est sensible à se voir privée d’un Professeur si digne de son estime, privation qui ne peut être compensée que par la certitude qu’Elle doit servir à étendre la gloire de l’Académie et de l’école française». On ne pouvait mettre plus d’empressement ni de courtoisie à reconnaître l’urbanité d’un confrère.

Les Maîtres peints par eux-mêmes, sculpteurs, peintres, architectes, musiciens, artistes dramatiques

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