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Paris, 26 septembre.

Dans trois jours à Lausanne, puis à Brieg, puis à Stresa, puis à Côme, puis à Venise. Écris-moi toujours poste restante.

Madeleine te continue son amitié, et la preuve, c’est qu’elle y ajoute un conseil, celui de t’absenter plus souvent de toi-même et de vivre moins en ta continuelle présence.

«Si fréquemment que l’on rencontre sa propre personne, dit ma sœur, si intéressante qu’elle soit, il faut avoir le courage, la discrétion de ne pas l’aborder inutilement. Toute contemplation intérieure trop poursuivie est dangereuse. Contrairement à ce que Pascal s’imagine, elle affaiblit les vertus publiques et nationales, elle n’augmente et ne développe que les qualités individuelles.»

Notre mère, comme pour aviver mes regrets, m’a tout à l’heure très-mystérieusement supplié de ne point t’avertir de notre absence. C’est un peu tard! Je te répète mot à mot son surprenant discours:

«Il est indispensable que Pascal ne nous accompagne point, qu’il n’ait pas même la fantaisie de nous rejoindre, et par conséquent qu’il ignore où nous allons. Tu sauras pourquoi au Lac Majeur. Une personne de notre famille, avec laquelle nous aurons à causer, nous suivra de Stresa au lac de Côme et à Venise. Ton ami nous gênerait, nous embarrasserait. Madeleine est au courant de ce gros secret.»

J’entrevois un mariage italien à l’horizon de mes étapes. Diable! Mon officier, je t’aime autant que je déteste les pékins étrangers.

JEAN.