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PASCAL A JEAN.
ОглавлениеFontainebleau, 25 septembre.
Écris-moi jour par jour le récit de tes impressions, de vos aventures, de vos rencontres. Donne-moi des adresses où je vous précéderai, où je vous attendrai avec des lettres. N’omets rien de ce que tu verras, de ce que Madeleine dira. Je suis curieux de vous autant que de moi-même. Jette, à chaque coin de paysage, des notes sur des feuilles volantes que tu m’expédieras le soir. Je suis ravi de penser que je vais à la fois être seul et voyager avec vous.
Assure de ma gratitude, de ma reconnaissance, ta sœur, Madeleine la railleuse. L’épreuve qu’elle m’a fait subir est bonne. J’ai cru remporter sur moi-même une victoire éclatante, au nom et sous la sauvegarde, sous l’invocation du seul idéal qui soit supérieur à l’amour. Désormais je suis invulnérable! Sous quelle forme plus tentatrice le bonheur pourrait-il hanter mes visions ou surgir à mes yeux?
Que Madeleine me permette de lui offrir mon plus sérieux dévouement, ma plus tendre affection, qu’elle daigne les accepter! Aimant la France d’amour, je ne puis aimer une autre femme que comme une sœur. J’aime ainsi la tienne, notre sœur, Jean. Ah, le doux nom! et combien je serais heureux de le prononcer un jour la main dans la main de Madeleine.
L’amitié, la fraternité d’une femme belle et bonne, intelligente et spirituelle, est une faveur des dieux. Cette haute confiance qu’aucun désir ne trouble, qu’aucune tromperie n’abaisse, qu’aucune jalousie n’assaille, qu’aucune exigence n’entame, qu’aucune infidélité ne brise, combien elle est enviable! Madeleine me l’avait fait à moitié connaître, me l’a-t-elle enlevée sans retour?
Ton ami,
PASCAL.