Читать книгу Jean et Pascal - Juliette Adam - Страница 5
ОглавлениеLIEUTENANT D’ARTILLERIE.
École d’application à Fontainebleau.
Paris, le 17 septembre 1875.
Mon pauvre Pascal,
Comment t’annoncer la triste nouvelle d’une fête? De quelle éloquence ou profane ou sacrée dois-je me servir pour te décider à y assister? Par quels arguments te prouver que ta présence est indispensable?
Ma jolie sœur m’ordonne de t’écrire tout simplement: «Viens!» Elle compte bien plus, dit-elle, sur ton affection que sur ta galanterie, qu’elle semble disposée cependant à mettre en cette circonstance à quelque rude épreuve.
Te voilà donc prié d’honorer de ta présence les bal, divertissement et souper, qui seront donnés le dimanche 19 courant à nos camarades de polytechnique et d’application, pour fêter ton succès et le mien. Ceux qui ont de la gaieté en apporteront. Je ne dis pas cela pour toi! Autant comme premier sorti tu as le droit d’être grave et solennel, autant comme quatrième j’ai celui d’être en belle humeur et joyeuseté.
Madeleine et ses amies arboreront la cocarde française pour te réjouir les yeux, cher exilé de notre Lorraine.
Ma mère, qui te niait volontiers, convient en boudant un peu que je ne surfaisais pas ton mérite.
Je suis ton ami et tu es le mien, ce qui est beaucoup plus étonnant.
Donc sois des nôtres, Pascal. Ma sœur et moi t’en supplions. Délaisse un instant pour nous ta chère solitude. Si tu acceptes notre invitation, Madeleine te promet de faire la semaine prochaine cette excursion à la Gorge-aux-Loups que nous projetons depuis si longtemps.
Je t’offre le meilleur de mon cœur.
JEAN.