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3. c. Doliché.

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C’est plus bas, dans la même vallée, près du hameau de Vouvala, qu’on trouve les ruines de la troisième ville de la Tripolide. Le colonel Leake, à qui on les avait indiquées lors de son passage, y place Azoros; mais, si Tite-Live n’a pas fait son énumération au hasard, ce sont les ruines de Doliché. Ces restes d’une ville obscure ont par eux-mêmes de l’intérêt, s’ils n’ont pas l’intérêt de l’histoire. Le Paléo-Kastro de Vouvala est une colline isolée, coupée à pic en certains endroits, ombragée de quelques bouquets de chênes verts. La rivière l’entoure de l’un de ses replis; c’est comme un fossé naturel qui la protége de presque tous les côtés. Sur les pentes s’échelonnent les débris d’une triple enceinte.

De la première enceinte et de la plus extérieure, il ne reste que les fondations; mais il en reste assez pour qu’on y reconnaisse distinctement le travail de deux époques différentes: sur la pente orientale, une construction faite de moellons et de ciment, n’ayant au lieu de tours que des contreforts peu saillants; sur la pente opposée, un appareil hellénique flanqué de tours carrées. La seconde enceinte règne seulement à l’orient, du côté où la colline, plus accessible, n’a pas la rivière pour défense naturelle; c’est une belle ruine grecque de la meilleure époque. Le mur et les tours, qui sont de marbre blanc, comme à Rhamnonte, s’élèvent presque partout jusqu’à dix et douze pieds (front des tours 6m, saillie 5m,40). Ces grandes pierres de marbre ne sont pas dégrossies à l’extérieur; mais elles sont assemblées avec soin, et la construction est parfaite, sans offrir pourtant aux yeux une complète régularité. La cime allongée de la colline était entourée d’une troisième ligne de fortifications: c’était l’acropole ou plutôt la forteresse intérieure; car la ville tout entière, bâtie sur des pentes raides et environnée de deux enceintes, n’était, à vrai dire, qu’une acropole. C’est là qu’on devrait surtout retrouver des constructions helléniques; mais je n’y rencontrai que les ruines d’un mur en pierres brutes de petite dimension. Ce mur ne paraît pas avoir eu de tours; je remarquai seulement à l’intérieur une série de petites chambres carrées, qui étaient probablement des casemates.

Du côté du nord, où les rochers sont taillés à pic, les trois enceintes viennent s’appuyer sur un mur épais fait de pierres énormes, qui borde le précipice. Il s’élève encore à six et huit pieds sur une longueur de plus de cent mètres, et il est flanqué d’une tour carrée de même construction (front de la tour 5m,50, saillie 5m,20). Cette partie appartient sans doute aux plus antiques fortifications de la ville. La grosseur des pierres fait penser aux ouvrages cyclopéens; mais elles sont taillées à angle droit, et leur arrangement presque régulier atteste une époque moins reculée. Cette construction parait toutefois appartenir au temps où l’architecture militaire ne visait qu’à faire des murailles massives et inébranlables aux coups du bélier. Le mur en marbre blanc date au contraire de cette période, où, l’art s’étant introduit partout, on avait appris à joindre l’élégance à la solidité ; les villes s’entouraient alors de tours et d’enceintes fortifiées autant pour se parer que pour se défendre. En même temps, des ruines beaucoup plus récentes nous montrent que Doliché, citée une seule fois dans l’histoire, resta pourtant, au moins jusqu’à la fin de l’empire romain, un des remparts de la province.

Quant aux édifices qui pouvaient orner cette ville, on n’en retrouve pas de traces. Une vieille église ruinée, la seule qui se voie sur la colline, contient un fragment de colonne en marbre non cannelée. Plus bas, dans la plaine, j’ai cru reconnaître un petit tumulus. Le hameau de Vouvala est une métairie de la Panaghia d’Alassona, et l’on a vu que les moines avaient fait apporter à leur monastère plusieurs inscriptions provenant du Paléo-Kastro. D’autres fragments ont été laissés dans l’église du village ou dans les bâtiments de la ferme. J’y trouvai un couronnement de stèle grecque en forme de conque, un bas-relief funéraire d’une exécution un peu lourde représentant une femme enveloppée d’une longue draperie, une plaque de marbre sur laquelle était sculptée un serpent. Un tombeau avec inscription et bas-reliefs porte les noms de Paramona, d’Eutychidès et de Lycarion leur fils . Les lettres sont de basse époque et les sculptures à l’avenant. Lycarion est d’abord représenté à cheval en costume de héros, puis en toge entouré de sa famille; au-dessus on a figuré un bœuf. On voit qu’il y a dans ces débris, comme dans les ruines des murailles, les traces de deux époques différentes.

Les habitants appellent encore Paléo-Kastro une colline située au-dessus de Gligovo, village voisin de Vouvala, mais plus rapproché des monts Amarbis. C’est le dernier anneau d’une chaîne de villes fortes et de citadelles, qui commençait au Paléo-Kastro de Sélos, et fermait dans toute sa largeur cette petite plaine de la Tripolide, où débouchaient deux passages importants. Malheureusement l’histoire ne nous fournit pas assez de renseignements pour que nous puissions nommer toutes ces places.

Le Mont Olympe et l'Acarnanie

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