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2. Plaine de Karya.

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Je descendis dans cette plaine par un sentier difficile qui contourne le mont Detnata. Karya, comme Boliana, comptait autrefois parmi les villages indépendants de l’Olympe: il était un de ceux qui avaient fourni le plus de ces capitaines, qui, suivant l’occasion, se faisaient armatoles dans les villes du pied de la montagne, ou klephtes sur ses sommets. C’est aussi depuis Ali-Pacha qu’il est devenu la propriété des Turcs. Il se compose de soixante-dix maisons; son école est aujourd’hui fermée. Je trouvai dans ses habitants une population de robustes montagnards, mais qui me parurent adonnés aux travaux des champs. La plaine à laquelle le village donne son nom occupe dans toute sa largeur le plateau du bas Olympe, du versant occidental au versant oriental. C’est un terrain tout à fait uni, qui s’allonge comme un ruban entre deux chaînes parallèles. En arrière, s’étendent les montagnes de Boliana et de Skamnia, dominées par les cimes de l’Olympe (de Karya un sentier tracé par les pâtres conduit en cinq heures sur ces sommets). En avant, c’est une autre chaîne qui barre le plateau en ligne droite: elle commence au-dessus d’Alassona, où elle forme une pointe d’un aspect bizarre; ce pic, qui attire les yeux, se voit de toute la Perrhébie; les habitants l’appellent Koukouli-tis-Davjas (la Crête de Davja), du nom d’un hameau. La chaîne se continue à travers le bas Olympe en formant successivement plusieurs autres sommets. Il faut remarquer les nombreuses pointes qui couronnent ce plateau: de là vient sans doute le nom d’Octolophos (les Huit Sommets), que les anciens lui ont donné . Dans la plaine serpentent deux rivières, qui, partant de sources voisines, ont une direction contraire et s’écoulent par les deux versants opposés. L’une est encore un bras du Titarèse: elle se réunit plus loin au torrent de Sparmo; et, descendant le long de la montagne de Davja, elle va former la rivière qui entre dans la plaine d’Olossone. L’autre coule à l’est, et descend en Piérie par un étroit ravin. La campagne qu’elles arrosent est fertile et en partie cultivée: la terre est noire, humide, et la charrue y enfonce profondément.

Au delà des rivières on ne laboure plus, et toute cette partie est abandonnée aux troupeaux. Ce sont des pâturages qu’on appelle dans le pays Konospoli, nom singulier, qui semble antique et qu’il est difficile d’expliquer. Le colonel Leake, qui recueillit à Alassona des renseignements assez exacts sur la configuration de ces plateaux, place des ruines à Konospoli. Malheureusement on n’y rencontre pas un vieux mur, pas une pierre, pas un tertre; c’est une grande prairie bien unie et couverte uniformément d’une herbe fine. Je trouvai, il est vrai, sur une colline voisine une inscription assez importante, mais qui est loin de prouver l’existence d’une ville dans ces parages . Au pied des montagnes qui bornent au midi la plaine de Karya, à l’endroit où elles forment un sommet nommé Goudaman, s’avance une petite colline que les habitants appellent Simo. Ou y voyait encore debout, il y a quelques années, une plaque de marbre plantée dans le sol; elle est maintenant couchée à terre: c’était la borne qui séparait dans l’Olympe le territoire d’Olossone de celui de Dium. Sous le quatrième consulat de Trajan , les deux villes firent entre elles un arrangement pour leurs limites, et cette borne fut posée par ordre de l’empereur et en son nom; l’inscription est latine et écrite en grands caractères. En fixant la limite exacte des districts de Dium et d’Olossone, elle nous donne aussi les limites de la Piérie et de la Perrhébie, et, par là, celles de la Thessalie et de la Macédoine. Il ne faut pas s’étonner de ne trouver aucune autre ruine aux environs. C’est au milieu des terrains vagues et inhabités qu’on a besoin surtout de poser des bornes; on sait toujours à qui appartient une ville ou une forteresse. Des bergers nous apprirent que la prairie de Konospoli était encore partagée vers cet endroit; les troupeaux des villages de la plaine ne peuvent venir paître au delà. Rien n’est souvent plus durable, plus éternel que les droits obscurs et les anciennes coutumes des villes et des villages. Le décret de Trajan, après dix-sept cents ans, a encore force de loi dans ces montagnes.

Le Mont Olympe et l'Acarnanie

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