Читать книгу Le Mont Olympe et l'Acarnanie - Léon Heuzey - Страница 9
3. b. Azoros.
ОглавлениеLe colonel Leake place à Douklista l’ancienne Doliché. Douklista se trouve à trois quarts de lieue de Sélos, au pied d’une colline pointue qui ressemble à un grand tumulus, C’est encore un pauvre hameau qui était jadis un grand village; une douzaine de maisons sont dispersées avec beaucoup de décombres au milieu des champs et des pâtis. Comme à Sélos, il n’y a pas une seule église qui ne renferme des fragments antiques et des inscriptions. Dans celle d’Hos Sôtir, que l’on reconnaît pour une assez vieille église à la coupole qui la surmonte, je trouvai encore deux tambours de colonnes doriques du même marbre que celles de Sélos: l’une avait de diamètre 0m,72, l’autre, 0m,82. On y voit aussi différentes pierres taillées, une stèle grecque, l’épitaphe d’un médecin de Nicée en Bithynie .
Les autres fragments que je rencontrai à Douklista, sont tous des actes d’affranchissement; les lettres sont d’une époque assez basse, les noms quelquefois romains, et la formule est celle qui fut communément adoptée sous l’empire. Pourtant toutes les vieilles coutumes locales n’ont pas encore disparu sous le niveau de l’administration romaine. La Perrhébie a gardé son ancien calendrier; on lit encore le nom des mois άπoλώνɩoς, λεσχανóρɩoς, qui ne se sont trouvés jusqu’ici que chez les Perrhèbes. Il faut y joindre le mois ϕυλλɩϰὸς, consacré également à Apollon, qu’on adorait à Phyllos, ville de Thessalie, sous le nom de Phyllios. Les Perrhèbes, Pélasges d’origine, s’étaient, dès les temps les plus reculés, mêlés aux tribus de race éolienne; on ne s’étonne pas de trouver chez eux, comme chez les Eoliens de la Béotie, un mois ὁμoλῳ̃oς. Homoloïos était un surnom de Jupiter, et ce culte commun est un curieux témoignage qui atteste les anciens rapports des deux races.
Tous ces débris épars dans les églises, ne suffisent pas pour démontrer qu’il y eût à Douklista une ville antique, surtout quand on est encore si près de Sélos et des ruines de Pythion. Quelques traces d’anciens murs sur la colline pointue d’Hos Hilias, qui domine le village, prouvent tout au plus que cette hauteur fut, à une époque incertaine, occupée par un fort ou par un château. Je croirais volontiers que presque tous ces fragments antiques, surtout les actes d’affranchissement, viennent du temple de Pythion. Comme c’était le temple le plus célèbre de la contrée, son enceinte devait contenir en grand nombre de pareilles inscriptions, non-seulement celles de la ville, mais encore celles des villes voisines. Ce fut plus tard pour les habitants du pays comme une carrière où ils trou- vaient des pierres toutes taillées; on en vint chercher de Douklista, peut-être même d’Alassona, et de plus loin encore.
Je placerais plutôt une des trois villes de la Tripolide à des ruines qu’on rencontre, en s’avançant à l’ouest, à la distance d’une lieue. C’est un petit plateau que les habitants appellent Kastri; il a évidemment porté une ville fortifiée. La partie supérieure est égalisée de main d’homme, les pentes forment talus. Au pied coule le Vourgaris, dont le faible courant s’est creusé dans les terres argileuses un lit large et profond. Il ne reste autour du plateau que des murailles écroulées en pierres brutes de petite dimension; le sol est rouge de débris de briques et de poteries. On y a trouvé des médailles et même des inscriptions. On conserve à Vlakho-Livadhi un marbre déterré sur la hauteur de Kastri; il porte les noms grecs de Phila, de Démophilos, d’Autoboulos et d’Oniscos. Les sculptures sont traitées avec quelque soin, mais sans art: c’est d’abord une tête de Méduse, et, au-dessous, deux cavaliers chassant des bêtes fauves et dardant le javelot. Ce sujet n’est jamais sculpté que sur les tombeaux d’une époque assez basse; mais ce serait, je crois, une erreur de le considérer comme un sujet byzantin. Il représente le mort, le héros, se livrant dans l’autre monde au plus noble et au plus héroïque des plaisirs; c’est un sujet encore antique et tout païen.
Mais quelle ville faut-il placer à Kastri? Est-ce Doliché ou Azoros? Il n’y a d’autre raison de se décider que l’ordre suivi par Tite-Live dans son énumération; à défaut d’autres renseignements, il faut tenir compte de ce faible indice . La première qu’il nomme est Azoros; les ruines de Kastri sont aussi les premières qu’on rencontre en descendant la vallée du Sarandaporos. L’histoire ne nous apprend presque rien sur Azoros, si ce n’est que Polysperchon y fut assiégé par l’armée de Cassandre . Cette ville honorait sans doute comme son fondateur un héros connu dans les antiques traditions éoliennes, Azoros, le pilote du navire Argo .