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3me Récit. Chute du Tauredunum.

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«Cette année (l’an 563), la haute montagne du Tauredunum, située dans le territoire du Valais, s’écroula si subitement, qu’elle engloutit le château et les villages dont elle était voisine, avec tous les habitants. Le lac, dans une longueur de soixante milles et une largeur de vingt, éprouva une secousse si violente par cet écroulement, qu’il se répandit sur les deux bords; une vague énorme dévasta plusieurs villages qui subsistaient de toute ancienneté, et n’épargna dans son débordement ni hommes ni troupeaux. Elle détruisit même plusieurs édifices consacrés à la religion, avec ceux qui les desservaient; le pont et les moulins de Genève furent emportés avec les hommes qui s’y trouvaient. Enfin elle pénétra dans la ville et y fit périr un grand nombre de personnes.»

(Traduit de la Chronique de Marius, évêque de

Lausanne et d’Avenches.)

«La montagne du Tauredunum fit, pendant plus de 60 jours, entendre une espèce de bruit intérieur, semblable à des mugissements; enfin elle se brisa, en se séparant d’une montagne voisine, et se précipita dans le fleuve (Rhône) avec les hommes, les églises, les richesses et les maisons qu’elle portait. L’eau (du Rhône), arrêtée par cette chute, retourna en arrière, parce que cet endroit était enfermé de tous côtés par des montagnes, au milieu desquelles le fleuve coulait. L’eau couvrit donc et détruisit tous les pays au-dessus de ses rives. Ensuite, s’étant accumulée et ayant trouvé une issue, elle causa de grands ravages sur sa route. En effet, comme on n’était pas préparé à cette inondation, elle fit périr les hommes et le bétail; elle renversa les maisons, et la vague s’étendit sur les deux rives du lac, en dévastant et entraînant tout ce qu’elle rencontrait, jusqu’à la ville de Genève. L’eau s’accumula à une si grande hauteur qu’elle entra dans la ville par-dessus les murailles, au dire de plusieurs personnes. Le fait est aisé à comprendre, puisque le Rhône, dans ces parages, coule dans des défilés de montagnes, en sorte que, sa route directe ayant été fermée, il n’en trouva point à droite ou à gauche. Mais quand il fut parvenu à rompre la montagne écroulée, il détruisit tout par la violence de son cours.

(Chronique de Grégoire de Tours).

N.B. On ne peut douter que la montagne du Tauredunum n’ait été placée au Bouveret, à l’extrémité du lac. Le nom de Bouveret est une espèce de traduction de celui de Tauredunum, car les Latins confondaient souvent les mots bovem (bœuf) et taurus (taureau).

Grégoire de Tours fait encore mention des truites du lac de Genève, et dit qu’on en trouvait qui pesaient cent livres. Ce poids, qui paraît au premier moment exagéré, pourrait bien ne pas l’être; car la livre romaine, dont parle Grégoire, ne valait guère que les deux tiers de la livre suisse actuelle. On pêche encore de nos jours des truites de vingt-cinq à trente kilogrammes.

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