Читать книгу Le Mari de Lucie & Le Soulier de Rosine - Manoël de Grandfort - Страница 4

II

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Ils passaient leurs étés à Valavran, dans un beau vieux château du Midi de la France. Francis avait été élevé là; le souvenir, si lointain pourtant, de sa mère y était encore vivant; chacun se rappelait cette femme aux cheveux blonds, à la main compatissante. La trace de ses bienfaits se retrouvait partout… Elle avait marié celui-ci, doté celle-là; payé les mois de nourrice de cette autre. La Simone lui devait sa maisonnette; Jean Pierre le commencement de sa fortune, et cette brave fermière, aux joues rouges, le droit de pouvoir se dire une honnête femme. La cloche de la paroisse portait son nom, elle avait orné l’église et donné un terrain pour agrandir le cimetière. Son mari la laissait maîtresse de dépenser leurs grands revenus, à sa guise, et bien peu de cet argent allait vers les colifichets à la mode. Elle avait ce qui nous manque aujourd’hui; la foi simple, la foi naïve, celle qui transporte les montagnes et qui, par un miracle plus surprenant encore, change nos cœurs, en éloigne les passions mauvaises, et les remplit d’amour et d’abnégation.

C’était pour ces souvenirs sacrés que Francis aimait sa vieille demeure, quoiqu’elle fût d’un style passé de mode et que les jardins fussent encore plantés à la française; sa jeune femme partagea son goût; rien ne fut changé par elle à l’arrangement des parterres, où les rosiers fleurissaient depuis le printemps jusqu’à l’automne sans interruption. On la vit comme autrefois le faisait la mère de son mari, parcourir la longue avenue de tilleuls, terminée par un vaste étang, marcher doucement sur le sable fin des allées, s’arrêtant pour cueillir une fleur, regarder le. soleil se couchant derrière la colline empourprée, ou écouter rêveusement, le soir, la lointaine chanson du pâtre qui, à pas lents, ramène son troupeau.

Le Mari de Lucie & Le Soulier de Rosine

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