Читать книгу Cinquante années de visites à Saint-Lazare - Marie d' Abbadie d'Arrast - Страница 10

SURVEILLANTES LAÏQUES

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A cette époque la prison n’était pas encore desservie par les religieuses; ces dernières ne sont entrées en fonction que le 1er janvier 1850. En 1839, les surveillantes étaient des laïques; excellentes femmes, dont quelques-unes étaient mariées et avaient de nombreux enfants, elles vivaient à Saint-Lazare en famille. Parmi les laïques les plus distinguées nous devons mentionner Mlle Chupin, surveillante des jugées. Lorsqu’elle quitta la prison pour céder la place aux religieuses, Mlle Chupin fonda à Clichy le Refuge de Sainte-Anne; quelques années plus tard elle prit elle-même l’habit religieux. Elle mourut comme une sainte! Toutes les surveillantes reçurent les dames protestantes avec beaucoup de cordialité, elles prêtèrent leur logement pour les entretiens particuliers avec les prisonnières; les dames se plaisaient à faire de longues stations chez elles.

On n’inscrivait pas alors au greffe, comme on l’a fait par la suite, la religion des détenues; il était parfois difficile de découvrir les protestantes au milieu de la nombreuse population de Saint-Lazare. Le directeur chargea une des surveillantes, Mme Billecocq, femme d’un esprit supérieur qui s’occupait des filles malades, de procéder à cette investigation. Mme Billecocq en chargea la femme des pansements; celle-ci, causant avec les détenues, mettait la conversation sur la Vierge et s’apercevait bientôt à quel culte appartenait son interlocutrice. Les dames protestantes jouissaient alors d’une entière liberté, elles pénétraient dans toutes les divisions de la prison, dans les ateliers, dans les cellules, dans les pistoles. Il leur fallait beaucoup de tact, beaucoup de prudence, pour que la liberté qu’on leur accordait ne devînt pas pour elles un danger. Elles n’avaient pas encore l’expérience qu’elles acquirent par la suite, mais elles voulaient sincèrement suivre les traces de Celui qui est doux et humble de cœur, et elles se tirèrent à leur honneur des premières difficultés. A cette époque, Mlle Dumas était déjà la visiteuse la plus assidue de la prison; lorsque les autres dames étaient empêchées de faire leur service, elles lui demandaient de vouloir bien les remplacer, et elle était toujours disposée à leur venir en aide.

Cinquante années de visites à Saint-Lazare

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