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DÉPOT DE MENDICITÉ DE SAINT-DENIS

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Ce ne fut que beaucoup plus tard, sous l’empire, — il ne nous est pas possible de préciser la date, — que le Comité étendit ses visites au Dépôt de mendicité de Saint-Denis. Une des dames de l’Association, entrée maintenant dans le repos, Mme de Wegmann, avait fait de la triste prison de Saint-Denis son œuvre spéciale. Elle y mettait tout son cœur, tout son dévouement! A Saint-Denis se rencontraient des détresses inimaginables; c’était vraiment le comble de la misère. Saint-Denis a fort heureusement disparu. Depuis 1888 la Maison de détention de Nanterre renferme, dans ses nombreux services, des quartiers où la préfecture de police envoie les femmes que l’on internait auparavant à Saint-Denis.

Ces dames, comme on le pense, eurent rarement à s’occuper de détenues aussi bien disposées qu’A. J.; plus fréquemment elles rencontrèrent des déceptions. Mais elles ne se décourageaient pas. «Dieu, disaient-elles, peut semer pour un temps que nous ne savons pas, et ce n’est pas pour rien qu’il nous a formellement ordonné de visiter les prisonniers et en eux Jésus-Christ, notre Sauveur et notre Maître.» — Une femme les avait trompées: «Je n’ai jamais cru à la conversion de L., écrit Mme de Perthuis; les conversions sont rares, il faut prendre les grands moyens pour les consolider quand l’occasion s’en présente.» Certains jours tout est tristesse. Les prisonnières sont mal disposées: «n’en continuons pas moins à agir comme si nous pouvions tout, dit Mme Pelet, et à prier comme si nous ne pouvions rien.»

Malgré les déceptions inhérentes à leur genre de travail souvent si ingrat, aller à la prison, pour les dames de l’Association, n’a jamais été un devoir pénible qu’elles accomplissaient, mais un privilège dont elles jouissaient; elles tenaient beaucoup à ce que les détenues sentissent tout le prix qu’elles attachaient à ces visites. Les prisonnières répondaient en général par l’affection aux soins dont elles étaient l’objet. Un jour cependant, une détenue se prit à menacer de poignarder Mlle Dumas et Mme Bartholdi. Mme Fry se trouvait alors de passage à Paris. Mlle Dumas se hâta de la consulter sur la façon dont il convenait de traiter la pauvre énergumène. Mme Fry conseilla de ne pas lui parler de quelque temps, mais de la caresser du regard. Ce traitement réussit momentanément, la femme se calma.

Les quelques jours que Mlle Dumas passa alors dans la société de Mme Fry lui laissèrent un précieux souvenir. «Ce temps, écrit Mlle Dumas, doit porter des fruits de paix pour moi, de douceur et de bonheur pour les miens. J’ai eu le privilège d’être la secrétaire de Mme Fry, qui m’avait recommandé de lui adresser un rapport mensuel de notre travail.»

Cinquante années de visites à Saint-Lazare

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