Читать книгу Cinquante années de visites à Saint-Lazare - Marie d' Abbadie d'Arrast - Страница 20

DEUX AUTRES DÉTENUES

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Z... de Berne, en 1840, a vendu sa fille, par acte notarié, à des saltimbanques. La fille est rachetée à grand’peine par la Société helvétique qui, de plus, paie à la mère le voyage de retour.

Une nommée N... reste une énigme. N..., en 1840, refuse de parler de sa vie passée, mais elle fait entendre qu’elle a sacrifié à un grand intérêt dont la sûreté, peut-être l’existence d’autres personnes dépend. Elle dit n’avoir pas de proches parents. Elle est venue de Brest, il y a quelques années, sans papiers, sans aucunes ressources, vivant de son travail; elle a été arrêtée pour vagabondage, ne demande rien, ne cherche point à attirer l’attention sur elle. Elle a la figure pâle, abattue, et ses yeux se remplissent de larmes; la foi seule, dit-elle, la soutient. Elle espère la mort comme seul terme à ses souffrances. Elle a refusé de nommer le pasteur qui l’a instruite. Sa saleté et son désordre prouvent qu’elle est habituée à la misère la plus profonde. En sortant de prison, elle est soumise à deux années de surveillance qu’elle demande à passer à Rouen. En 1840, elle part pour Rouen avec de bonnes recommandations. Le Comité paie les frais de diligence, aussi témoigne-t-elle une vive reconnaissance du renvoi en voiture.

Elle paraît décidée à rester à Rouen et à se soumettre aux exigences de la surveillance: elle est installée dans une chambre, on lui donne un lit et des meubles.

Elle travaille, mais pas assez pour se suffire, et sa conduite dénote une grande exaltation; elle se brouille avec ses protecteurs de Rouen. Mlle Dumas engage une correspondance active avec elle pour l’encourager et la calmer. Non contente d’être en correspondance par lettres avec la pauvre libérée, Mlle Dumas la visite à Rouen en 1842, et lui trouve de l’ouvrage. N... paraît contente de son sort; elle est chargée de confectionner un trousseau. L’année suivante elle tombe malade: le Comité lui assure un secours mensuel. Elle se remet et en 1844, elle a de l’ouvrage, prend des apprenties, et à partir de ce moment il semble qu’il n’y ait plus de traverses dans cette vie jusqu’alors bien pénible; du moins les registres de la prison ne font plus mention d’elle. Nous pouvons espérer qu’heureuse à la fin, grâce à l’aide persévérante du Comité, grâce à la conversion de son cœur à Dieu, N..., comme les peuples heureux, n’a plus eu d’histoire!

Cinquante années de visites à Saint-Lazare

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