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L’ASSOCIATION PREMIÈRES ANNÉES

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Malgré ses efforts, Mme Fry ne parvint pas à former à Paris, d’une manière durable, une association mixte pour la visite des prisons de femmes. Presque immédiatement après son départ, les dames catholiques se retirèrent. Pour motiver cette retraite, on a parlé de l’inquiétude qu’aurait inspirée à l’archevêque de Paris les visites que les membres de la Société des Amis avaient faites dans les prisons de la capitale. D’ailleurs, il y avait déjà des dames catholiques en possession du privilège de visiter Saint-Lazare. Plus anciennement encore, en 1818, des dames de charité, touchées de l’état d’abandon des jeunes prisonnières, réunies à la Petite Force et aux Madelonnettes, avaient résolu de pénétrer dans ces deux établissements pour y porter les secours et les consolations de la religion. Les repenties qui en sortaient étaient admises à la maison du Refuge de Saint-Michel.

En dépit de la déception qu’elle venait d’éprouver, Mme Fry avait cependant réussi jusqu’à un certain point dans son entreprise, et son travail devait porter des fruits dont elle pouvait rendre grâces à Dieu. Par sa parole et par ses exemples, elle avait animé quelques dames protestantes de l’ambition de se montrer ses émules.

Ces dames résolurent d’adresser une pétition au Préfet de police pour obtenir l’autorisation de visiter Saint-Lazare. C’étaient Mmes Cuvier, Juncker, Martin-Paschoud, comtesse de Montigny-Jaucourt, Matter, Adèle Monod, baronne Mallet, Émilie Mallet, baronne Pelet, baronne de Sahune, comtesse de Perthuis, Voidel; enfin, Mlle Dumas, que nous aurions dû nommer la première, puisque, après avoir été une des premières à la tâche, il y a cinquante ans, comme secrétaire de l’Association des Dames visiteuses, elle a pris part sans interruption jusqu’à maintenant au travail, et a accepté, depuis l’année 1876, la direction de l’Œuvre des prisons des femmes à Paris, en qualité de présidente du comité.

Voici la lettre que ces dames adressèrent au Préfet de police, le 2 mai 1839:

MONSIEUR LE PRÉFET,

Quelques dames protestantes, touchées de compassion envers les pauvres femmes de leur religion détenues à Saint-Lazare, désirent vivement obtenir l’autorisation de les réunir le dimanche, à l’heure où les prisonnières catholiques sont conduites à la chapelle. Elles désireraient également les visiter à l’infirmerie lorsqu’elles sont malades. Mais comprenant combien il est nécessaire qu’elles agissent avec la plus grande prudence, ces dames s’engageraient à n’avoir de rapport qu’avec les protestantes et ne se permettraient aucune démarche qui n’eût votre approbation.

Le 15 juin, M. Gabriel Delessert répondit à cette pétition avec bienveillance.

Paris, le 15 juin 1889.

MADAME LA BARONNE,

J’ai reçu la lettre que vous et Mesdames Cuvier, Dumas, Juncker, Martin-Paschoud, comtesse de Montigny-Jaucourt, Matter, Adèle Monod, Émilie Mallet, baronne Pelet, comtesse de Perthuis, de Sahune et Voidel m’avez fait l’honneur de m’écrire un sujet des détenues protestantes qui se trouvent dans la maison de Saint-Lazare.

J’ai l’honneur de vous informer, Madame, que je viens de donner des ordres pour que vous et ces dames soyez, suivant vos désirs, introduites dans la maison de Saint-Lazare, lorsque vous vous y présenterez, — soit le dimanche, pendant l’office catholique, pour donner des instructions morales et religieuses aux détenues protestantes, — soit tout autre jour, pour visiter celles de ces détenues qui seraient malades.

Je crois devoir vous prier, Madame la Baronne, de vouloir bien, dans l’intérêt de l’ordre, inviter ces dames à ne se présenter à Saint-Lazare qu’au nombre de deux ou trois à la fois; à ne se charger d’aucune lettre qui leur serait remise par ou pour des détenues; à s’abstenir de toute démarche que ces détenues les prieraient de faire au dehors et qui s’écarterait de la mission que vous vous proposez de remplir; à ne se mettre en rapport qu’avec les détenues protestantes et à déposer au greffe, pour être soumis à mon examen, les livres que vous leur destineriez.

Agréez, Madame la Baronne, l’hommage de mon respect.

Le conseiller d’État, Préfet de police,

G. DELESSERT.

Cinquante années de visites à Saint-Lazare

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