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ОглавлениеL’INCENDIE DU TEMPLE DE JÉRUSALEM SOUS TITUS
(70)
Le Temple de Jérusalem, brûlé une première fois sous Nabu-kudur-usur, avait été réédifié après la captivité de Babylone, purifié sous Judas Machabée et reconstruit du temps d’Hérode. Il devait être incendié une seconde fois lors du siège de Jérusalem par Titus (70).
On sait que le 5 thammuz (juin-juillet) les Romains s’étaient emparés de la forteresse Antonia et que les Juifs s’étaient retranchés dans l’enceinte du Temple, contre lequel les Romains élevèrent aussitôt leurs terrasses. Les assiégés, vaincus dans une sortie, crurent se venger de cet échec en mettant volontairement le feu aux portiques du nord-ouest, par où le temple communiquait avec la forteresse Antonia: ils détruisaient une partie de l’édifice, dans l’espoir qu’ils sauveraient le reste. Mais les soldats de Titus ripostèrent deux jours après (24 thammuz) par l’incendie du portique septentrional.
Les Juifs pensèrent que cette circonstance était favorable à leur position militaire, et ils ne firent aucun effort pour arrêter les progrès du mal. Bien plus, le 27 thammuz, ils amassèrent dans les portiques de l’ouest du soufre, du bitume, du bois sec et d’autres matières inflammables; puis, ils firent semblant de s’enfuir. Les Romains se laissèrent prendre au piège et beaucoup d’entre eux se précipitèrent dans les portiques.
Cette imprudence leur coûta cher; car les assiégés, voyant qu’un certain nombre de soldats montaient à l’escalade, mirent le feu aux substances dont ils avaient eu soin de combler cette partie du Temple. Les assaillants, surpris par l’embrasement soudain des portiques, essayèrent inutilement de se sauver: les uns périrent au milieu des flammes, les autres se tuèrent eux-mêmes pour ne pas être brûlés vifs; d’autres enfin, sautant à tout hasard, tombèrent entre les mains des Juifs qui les massacrèrent.
Titus, qui, il faut le reconnaître, se montra constamment désireux de conserver le Temple et n’écouta pas même les conseils de ceux qui l’engageaient à détruire ce bel édifice, s’efforça à plusieurs reprises de vaincre l’ennemi sans avoir recours à la violence. Il échoua dans ses tentatives; puis, lorsqu’il vit à quels excès se portaient les Juifs en proie à la famine, lorsqu’il sut qu’une femme de Pérée avait osé se nourrir des membres de son enfant, lorsqu’il fut certain que ses béliers n’arriveraient pas à faire brèche au Temple et que les assauts pourraient être repoussés longtemps encore, le dépit s’empara de lui. Il ordonna donc aux soldats de mettre le feu aux portes: le revêtement d’argent fondit, le bois fut consumé et les flammes gagnèrent rapidement les galeries dans toutes les directions. Les Juifs n’eurent pas le courage de combattre l’incendie, qui dura tout le jour et toute la nuit, et qui aurait plus longuement exercé ses ravages sans l’intervention de Titus. Sur l’ordre de leur général, quelques cohortes se mirent à éteindre le feu pour se frayer un passage vers le Temple.
Le lendemain matin (10 ab: juillet-août), les assiégés tentèrent une sortie. Ils surprirent et repoussèrent les postes ennemis, inférieurs en nombre; mais vers onze heures, ils furent repoussés à leur tour. Sans perdre courage, ils firent immédiatement une seconde sortie et voulurent repousser les légionnaires, qui en ce moment cherchaient à arrêter l’incendie de l’enceinte intérieure du Temple. Alors un soldat, sans en avoir reçu l’ordre, se fit soulever par un de ses compagnons et jeta un tison enflammé «dans les lieux par où l’on allait aux bâtiments faits autour du Temple du côté du nord.» Le feu se communiqua rapidement à tous les cabinets et ce fut en vain que Titus, accouru en toute hâte, donna des ordres pour essayer une fois encore de sauver le monument sacré. Ne pouvant arrêter la fureur des soldats, il entra avec ses principaux officiers dans le sanctuaire, dont la magnificence l’étonna, et qu’il voulut au moins conserver; mais le feu, mis à la porte du Temple par un soldat, dévora en un instant toutes ces richesses. Les Juifs, de leur côté, firent quelques efforts pour éteindre les flammes, sans être plus heureux. Les Romains achevèrent la ruine des portiques et des portes et ils incendièrent la Trésorerie pleine de riches vêtements, d’argent et d’objets précieux.
«Au bruit des flammes pétillantes, dit M. Munk, au fracas des murs croulants, se mêlaient les gémissements des victimes et le cri de victoire des Romains; .les habitants de la ville répondaient aux cris plaintifs de leurs frères mourants, et les échos des montagnes voisines accompagnaient de leur retentissement cette scène effroyablement grandiose de destruction et de mort.»
L’incendie du Temple fut suivi de celui de la Basse-Ville: la place Ophla, le palais d’Hélène Adiabène, les Archives, l’Hôtel de Ville ne furent bientôt plus que des ruines fumantes. «Cet embrasement, dit Josèphe, consumait, avec les maisons, les corps morts dont les rues de la ville étaient remplies.»