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ОглавлениеINCENDIE DU TEMPLE DE DIANE
(356 av. J.-C.)
Il s’est rencontré un homme que la passion de la gloire entraîna jusqu’au sacrilège. Érostrate, Éphésien obscur, voulut à tout prix se rendre célèbre, et acquit en effet une célébrité d’horreur et d’effroi.
Selon la tradition, poursuivi par la mauvaise fortune, il avait résolu de la vaincre ou plutôt de la braver. Le temple de Diane attira ses regards, et il songea, pour punir les hommes de leurs injustices, à les frapper dans un des objets de leur admiration.
«Puisque je n’ai pu conquérir la renommée par des actions honnêtes, s’écria-t-il, j’obtiendrai par le crime l’immortalité.» C’est le raisonnement insensé de beaucoup de criminels.
Dès lors, il vécut plus que jamais dans la retraite. Il passa des journées entières, sous prétexte de dévotion, à examiner, à étudier le mode de construction du temple. Comme on pouvait atteindre le faîte au moyen d’un escalier ciselé dans un seul cep de vigne, il put s’assurer que la charpente, étant tout entière de bois de cèdre, s’enflammerait aisément.
En 356 avant J.-C., la nuit même où naquit Alexandre, un frémissement sourd se fit entendre dans la ville; l’horizon sembla se teindre de reflets sanglants, et les Éphésiens, sortant de leurs demeures à la hâte, furent saisis d’horreur, en voyant les flammes dévorer ce qu’on appelle une des sept merveilles du munde.
«En un instant, cette nouvelle fatale vola d’une extrémité de la ville à l’autre; chacun courut vers le lieu de l’incendie, portant de l’eau dans le premier vase qu’il trouvait sous sa main. A tout moment, la foule augmentait, se pressait, se heurtait, se culbutait; l’air retentissait de plaintes et de hurlements; les femmes, renfermées dans l’intérieur des maisons, s’abandonnaient au désespoir et se prosternaient suppliantes devant les autels des dieux pénates; les vieillards craignaient que Diane irritée n’abandonnât leur patrie. Éclairée par la réverbération du vaste incendie, la ville semblait tout en feu; la mer réfléchissait au loin la lueur rougeâtre des flammes, et les navigateurs éblouis contemplaient avec une admiration mêlée d’épouvante ce magnifique et terrible spectacle.»
Excité par le vent, le feu consuma presque entièrement le temple. Seule la statue de Diane demeura debout, intacte, et les gardiens sauvèrent une très faible partie du trésor.
Fig. 1. — Incendie du temple de Diane. (556 av. J. C.)
Les Épliésiens indignés cherchèrent le coupable et le découvrirent. Érostrate fit dans les tortures l’aveu de cet acte de folie. Il fut tué, et les habitants de la ville rendirent un décret qui défendait sous peine de mort de prononcer le nom de l’incendiaire.