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ОглавлениеL’INCENDIE DU PALAIS DE PERSÉPOLIS
(330 av. J.-C.)
Alexandre, maître d’Arbelles, de Babylone, de Suse, traversa le pays des Uxiens, passa l’Araxe et entra à Persépolis à la tête de sa phalange. Avant de quitter cette ville pour se mettre à la poursuite de Darios, il invita ses généraux à un festin qui fut une véritable orgie.
Parmi les courtisanes conviées à cette réjouissance se trouvait la Grecque Thaïs. Elle avait suivi Alexandre en Asie.
Si l’on en croit Clitarque, Thaïs enivrée s’écria en se tournant vers Alexandre: «J’aurais une joie infinie si, pour finir noblement cette fête, je pouvais brûler le magnifique palais de Xerxès, qui a incendié Athènes, et le flambeau à la main, y mettre moi-même le feu en présence du roi. Ainsi, on dirait par toute la terre que les femmes qui ont suivi Alexandre dans son expédition d’Asie ont bien mieux vengé la Grèce de tous les maux que les Perses lui ont faits, que les généraux qui ont combattu pour elle et par terre et par mer!»
Tous les assistants applaudissent à cette proposition insensée. Alexandre, couronné de fleurs, une torche à la main, marche le premier; les convives le suivent en chantant, en dansant, et le désir de Thaïs est bientôt réalisé.
On a révoqué en doute l’authenticité de cet événement, et il est, en tout cas, bien certain que le palais de Xerxès ne fut point détruit en entier, puisqu’on en voit encore aujourd’hui les restes. Au-dessus de la plaine de Mardascht, où sont ces ruines, s’élèvent cinq terrasses dont la seconde supporte une colonnade (Tschilminar), au sud de laquelle s’étend un espace de terrain dont le niveau n’est interrompu que par un immense monceau de décombres. Sir Robert Ker Porter place en cet endroit la partie du palais détruite par Alexandre.
«Il est vrai, dit-il, qu’on ne découvre aucune trace du feu sur les murs adjacents. On peut donc objecter que si un édifice aussi considérable avait été incendié, les ravages des flammes se laisseraient encore voir sur les murs. Mais en réfléchissant à quelles distances tous ces édifices se trouvent les uns des autres, séparés non seulement par de simples espaces, mais sur des terrasses isolées, on concevra qu’un d’entre eux ait pu être brûlé jusque dans ses fondements sans que le feu ait atteint aucun des autres. En outre, la solidité des murs de ce palais est telle que le feu a pu s’y trouver renfermé comme dans une fournaise, consumant entièrement l’intérieur. On objectera encore que ce palais devait être d’une construction semblable à celle des autres; il est singulier qu’il ne reste aucune trace de ces murs dont nous admirons ailleurs la solidité. Mais il est possible que la pierre, minée par l’action du feu, se soit dégradée et peu à peu soit tombée sur le toit déjà abattu. En outre, Plutarque nous apprend que l’ivresse d’Alexandre se dissipant presque aussitôt que cet acte insensé eut été commis, il donna des ordres pour éteindre le feu ou du moins l’empêcher de s’étendre. Il est probable, d’après cela, qu’une partie de l’édifice aura été abattue pour arrêter l’incendie. Ces ruines furent ensuite abandonnées et restèrent dans le même état, ce qui n’étonnera personne si l’on considère que la brièveté de la vie d’Alexandre et les troubles qui suivirent sa mort firent négliger Persépolis.
«Les souverains Grecs et Parthes aimèrent mieux prendre pour capitales d’autres villes que celles qui avaient été le théâtre de la gloire des anciens rois. Les cruelles dévastations des Arabes contribuèrent encore à faire abandonner Persépolis. Ainsi, il est probable que la partie du palais qui fut incendiée se trouve encore aujourd’hui à peu près dans le même état que le lendemain de cette nuit de destruction, 330 ans avant l’ère chrétienne.»