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ОглавлениеL INCENDIE DE LA BIBLIOTHÈQUE D’ALEXANDRIE
(642)
La Bibliothèque d’Alexandrie fut fondée par Ptolémée Soter dans le quartier Bruchion. Ptolémée Philadelphe et ses successeurs s’appliquèrent à en accroître l’importance, et, selon Aulu-Gelle et Ammien-Marcellin, elle compta jusqu’à sept cent mille volumes. Aussi avait-on dû établir un dépôt supplémentaire dans le temple de Sérapis.
Lorsque César s’empara d’Alexandrie, la première bibliothèque périt dans les flammes. Celle du Sérapéion, qui s’était augmentée des deux cent mille volumes de la bibliothèque de Pergame, donnés par Antoine à Cléopâtre, fut détruite en 390, pendant les guerres entre les païens et les chrétiens. Cependant, on était parvenu à la reconstituer, lorsque les Arabes se rendirent maîtres de la ville et la détruisirent de nouveau (642).
Le général Amrou-ben-el-Aas, conquérant de la Syrie et de l’Égypte, voulut, dans toutes les villes qu’il traversa en vainqueur, se concilier l’affection des nouveaux sujets du khalife: il en fut de même à Alexandrie, où il écouta avec une grande bienveillance toutes les réclamations qu’on lui fit.
«La Bibliothèque avait échappé à la connaissance des musulmans, soit que son asile leur fût resté ignoré, soit que, ne devinant pas le prix inestimable des trésors scientifiques qu’elle recélait, ils n’eussent vu dans ces précieux manuscrits que des rouleaux dé parchemin ou de papyrus, dont la valeur matérielle leur semblait trop modique pour qu’il y eût à s’en occuper .»
Jean le grammairien, sectateur d’Aristote, qui passait sa vie à consulter les trésors du Sérapéion et qui s’était acquis la considération d’Amrou, craignit que les volumes ne fussent dispersés. Il se rendit donc auprès du général arabe et lui demanda quelques ouvrages philosophiques, auxquels il tenait particulièrement. Bans la joie qu’il éprouva de voir sa demande bien accueillie, il commença à faire l’éloge de ces manuscrits et à insister sur leur rareté.
Mais alors Amrou se fit scrupule de disposer de choses aussi précieuses sans l’assentiment du khalife, el il en référa à Omar. «Si les livres dont tu me parles, répondit ce dernier à son général, contiennent les mêmes doctrines que leKoran, ils sont inutiles; s’ils renferment des dogmes contraires à ceux du Koran, ils sont sacrilèges: dans les deux cas tu dois les détruire.» Ce fameux dilemme fut l’arrêt de mort de la Bibliothèque, dont les manuscrits servirent pendant six mois à chauffer les bains publics d’Alexandrie.
On a quelquefois nié cet incendie, mais la manière dont s’expriment Abul-faradj el Ab-allatif semble ne laisser aucun doute à cet égard.