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ACTE III Scène 1

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Mascarille

Taisez-vous, ma bonté, cessez votre entretien;

Vous êtes une sotte, et je n’en ferai rien.

Oui, vous avez raison, mon courrou, je l’avoue;

Relier tant de fois ce qu’un brouillon dénoue,

C’est trop de patience; et je dois en sortir,

Après de si beau coups qu’il a su divertir.

Mais aussi raisonnons un peu sans violence.

Si je suis maintenant ma juste impatience,

On dira que je cède à la difficulté;

Que je me trouve à bout de ma subtilité:

Et que deviendra lors cette publique estime

Qui te vante partout pour un fourbe sublime,

Et que tu t’es acquise en tant d’occasions,

À ne t’être jamais vu court d’inventions?

L’honneur, ô Mascarille, est une belle chose!

À tes nobles travau ne fait aucune pause;

Et quoi qu’un maître ait fait pour te faire enrager,

Achève pour ta gloire, et non pour l’obliger.

Mais quoi! Que ferais-tu, que de l’eau toute claire?

Traversé sans repos par ce démon contraire,

Tu vois qu’à chaque instant il te fait déchanter,

Et que c’est battre l’eau de prétendre arrêter

Ce torrent effréné, qui de tes artifices

Renverse en un moment les plus beau édifices.

Eh bien! pour toute grâce, encore un coup du moins,

Au hasard du succès sacrifions des soins;

Et s’il poursuit encore à rompre notre chance,

J’y consens, ôtons-lui toute notre assistance.

Cependant notre affaire encor n’irait pas mal,

Si par là nous pouvions perdre notre rival,

Et que Léandre enfin, lassé de sa poursuite,

Nous laissât jour entier pour ce que je médite.

Oui, je roule en ma tête un trait ingénieu,

Dont je promettrais bien un succès glorieu,

Si je puis n’avoir plus cet obstacle à combattre.

Bon, voyons si son feu se rend opiniâtre.

Les Oeuvres Complètes de Molière (33 pièces en ordre chronologique)

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