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II.–VIE DE MONTESQUIEU

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Table des matières

35(1973. III, fo278vo).–Il y a des gens qui ont pour moyen de conserver leur santé de se purger, saigner, etc. Moi, je n’ai pour régime que de faire diète quand j’ai fait des excès, et de dormir quand j’ai veillé, et de ne prendre d’ennui ni par les chagrins, ni par les plaisirs, ni par le travail, ni par l’oisiveté.

36(1133. II, fo78).–Dieu m’a donné du bien, et je me suis donné du superflu.

37(1182. II, fo82vo).–Je ne me consolerois pas de n’avoir point fait fortune, si j’étois né en Angleterre. Je ne suis point du tout fâché de ne l’avoir pas faite, en France.

38(879. II, fo4vo).–D***, qui avoit de certaines fins, me fit entendre qu’on me donneroit une pension. Je dis que, n’ayant point fait de bassesses, je n’avois pas besoin d’être consolé par des grâces.

39(1686. III, fo34).–Je ne serois point (sic) du tout d’une plus grande fortune. Mais, pour celles de ces gens d’affaires:

«Non equidem invideo; miror magis...»

40(1981. III, fo279vo).–Je jouois mal; je quittai un ridicule qui me coûtoit beaucoup d’argent. Je veux être comme ceux qui ont des ridicules qui ne leur coûtent rien.

41(2228. III, fo465vo).–Je disois que je n’étois pas assez grand seigneur pour n’avoir pas un sol et ne savoir où donner de la tête.

42* (2229. III, fo465vo).–Je ne demande à ma patrie ni pensions, ni honneurs, ni distinctions; je me trouve amplement récompensé par l’air que j’y respire; je voudrois seulement qu’on ne l’y corrompît point.

43(1346. II, fo193vo).–Je disois: «J’ai un nombre innombrable d’affaires que je n’ai pas.»

44(2240. III, fo466vo).–Je disois: «Je ne veux point quitter les affaires que l’on a, pour celles qu’on se donne.»

45(217. I, p.239).–Spectacles.–Je me souviens que, sortant d’une pièce intitulée Ésope à la Cour, j’en sortis si pénétré du désir d’être plus honnête homme, que je ne sache jamais avoir formé une résolution plus forte; bien différent de cet ancien qui disoit qu’il n’étoit jamais sorti des spectacles aussi vertueux qu’il y étoit entré.

C’est que ce ne sont plus les mêmes choses.

46(1001. II, fo30).–Je disois, étant à Chantilly, que je faisois maigre par politesse: M. le Duc étoit dévot.

47(2134. III, fo351).–Le comte de Kinski me dit lorsque j’arrivai à Vienne: «Vous trouverez le palais de l’Empereur bien vilain.» Je lui répondis: «Monsieur, on aime assez à voir un vilain palais d’un prince dont les maisons des sujets sont belles.»

48(2135. III, fo351).–Le prince Eugène me disoit: «Je n’ai jamais écouté ces faiseurs de projets sur les finances; parce que, que l’on mette l’impôt sur les souliers ou sur la perruque, cela vient au même.»

Il avoit bien raison: ce sont les perpétuelles réformes qui font que l’on a besoin de réforme.

49(2123. III, fo350).–Je trouvois à Vienne les ministres très affables. Je leur disois: «Vous êtes des ministres le matin et des hommes le soir.»

50(2136. III, fo351).–Les Grecs disoient: «Il n’est beau de vieillir qu’à Sparte.» Moi, je disois: «Il n’est beau de vieillir qu’à Vienne.» Les femmes de soixante ans y avoient des amants; les laides y avoient des amants. Enfin, on meurt à Vienne; mais on n’y vieillit jamais.

51(339. I, p.338).–Je disois que je voulois voir la Hongrie, parce que tous les états d’Europe avoient été comme est la Hongrie à présent, et que je voulois voir les mœurs de nos pères.

52(997. II, fo30).–Lorsque j’étois à Florence, et que je voyois les manières simples de ce pays: un sénateur, le jour, avec son chapeau de paille; le soir, avec sa petite lanterne: j’étois enchanté, je faisois comme eux, et je disois: «Je suis comme le grand Cosme.» Effectivement, là, vous êtes gouverné par un grand seigneur qui fait le bourgeois; ailleurs, par des bourgeois qui font les grands seigneurs.

53(632. I, fo453).–Je dis, à Rome, à M. le cardinal Alberoni qu’il avoit rétabli l’Espagne avec ces deux mots: Oui et Non. Quand il avoit dit une de ces paroles, et il les disoit d’abord, elles étoient irrévocables. Il n’y eut plus de lenteur.

54(2153. III, fo352vo).–Nous entendîmes au Collège Clémentin, à Rome, une tragédie détestable, sans aucun mélange de mauvais ni de médiocre. Il n’en faut pas davantage pour perdre le goût des enfants.

55(1138. II, fo78vo).–Je disois à Rome: «Je n’achète ni des pucelages, ni des tableaux de Raphaël.»

56* (763. I, fo500).–To the King.–«La plupart des m. (?) viennent avec des desseins cachés et des négociations secrètes. Pour moi, je puis révéler à votre Majesté toutes mes instructions: je n’y viens que pour cultiver l’amitié.»

57* (762. I, p.500).–To the Queen of England.– «La grandeur de votre esprit est si connue dans l’Europe qu’il semble qu’il ne soit plus permis de le louer.

» C’est cet heureux talent, ce charme séducteur, qui fait que vous vous communiquez à tous vos sujets sans rien perdre de votre rang et sans confondre les conditions.

» Vous régnez sur un peuple nombreux. Le Ciel, qui vous a accordé de régner sur tant de royaumes, n’a accordé à aucun de vos sujets le bonheur dont vous jouissez dans votre famille.»

58(662. I, p.462).–La reine d’Angleterre me fit l’honneur de me dire qu’elle remercioit Dieu de ce que le pouvoir des rois d’Angleterre étoit borné par les loix. Je lui dis: «Madame, votre Majesté dit là une chose si belle qu’il n’y a pas d’homme de bon naturel qui ne voulût avoir donné un bras pour que tous les rois du Monde pensassent comme elle.»

59(656. I, fo459vo).–Ayant vu en Angleterre un chien qui jouoit aux cartes et répondoit aux questions qu’on lui faisoit, en assemblant les lettres et arrangeant les noms qu’on lui demandoit, et écrivant, pour ainsi dire, lorsque j’eus découvert les signes d’où dépendoit tout l’art, j’en étois, sans le vouloir, fâché: ce qui me fait bien sentir combien les hommes aiment le merveilleux.

On répandoit des lettres à terre; l’homme parloit toujours, et, lorsque le chien avoit le nez sur la lettre qu’il falloit, il cessoit de parler.

60(1466. II, fo216).–Je me repentirai toujours de n’avoir pas sollicité, après le retour de mes voyages, quelque place dans les affaires étrangères. Il est sûr que, pensant comme je pensois, j’aurois croisé les projets de ce fou de Belle-Isle, et j’aurois rendu par là le plus grand service qu’un citoyen pût rendre à sa patrie. Il y a des sots qui ont de la pesanteur, et des sots qui ont de la vivacité; mais ce sont les sots qui ont de la vivacité qui accouchent des projets les plus stupides.

61(1386. II, fo198vo).–Inscriptions pour une pyramide que je veux faire élever aux confins de ma terre:

Tutatis Dynastiœ Finibus,

Repressis Prœdam Quœrentibus,

Hoc

Gallici Senatus Æquitatis Monumentum

Carolus

In Rei Memoriam Erexit.

Sur l’autre côté:

Stet Lapis Hic Donec Fluctus Girunda Recuset

Oceano Regi Generosaque Vina Britannis.

Sur le troisième côté:

Deo Terminali,

Judici, Indici, Testi,

Perpetuo

Fines Regenti,

Dormientibus Vigilanti,

Hoc Sacrum

Juris Cultor Et Pacis Amans

Posuit.

62* (1545. II, fo245).–Je voulois mettre sur une pyra-20mide, après le gain de mon procès contre les Jurats:

Deo Terminali,

Recto, Justo,

Semper Vigilanti,

Semper Clamanti,

Testi, Indici, Judici,

Perpetuo

Sacrum.

Sur le revers:

Finibus Dynastiœ Defensis,

Calumniis Litium Repressis,

Hoc Gallici Senatus Æquitatis Monumentum

Carolus

In Rei Memoriam Erexit.

Sur l’autre revers:

Stet Lapis Hic, Donec Fluctus Girunda Recuset

Oceano Regi Generosaque Vina Britannis.

63(1963. III, fo270vo).–J’étois, avec milord Bath, chez Mme d’Aiguillon, et je disois que, lorsque j’avois harangué le Roi, j’avois été fort déconcerté. Mme d’Aiguillon dit: «Et Milord qui a tant parlé au Parlement d’Angleterre n’étoit jamais déconcerté! –Il est plus aisé, répondis-je, de parler contre un roi, que de parler à un roi.»

64(444. I, p.389).–J’écrivois à un jeune homme: «Vous entrez dans le monde, et j’en sors. Tout vous donne des espérances et à moi des regrets.»

65(2142. III, fo351vo).–Je bâtis à La Brède: mon bâtiment avance, et, moi, je recule.

66* (2230. III, fo465vo).–J’écrivois: «Je vais dans mes forêts chercher la tranquillité et une vie douce et paisible; mais mon cœur me dit que vous étiez à Paris ou à Lunéville, et mes bois ne me disent plus rien.»

67(2242. III, fo466vo).–Je n’ai plus que deux affaires: l’une, de savoir être malade; l’autre, de savoir mourir.

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