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III

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Quant aux méthodes du philosophe, nous relèverons un seul point, mais capital.

Montesquieu s’était appliqué trop sérieusement aux sciences physiques et naturelles pour méconnaître le rôle des observations ou des expériences rigoureuses dans la découverte de la vérité. A ce point de vue, il est instructif de lire sa note sur la peste et la manière de la combattre. Mais, précisément, comme il se rendait bien compte des conditions sous lesquelles l’induction est légitime, il se défiait des applications qu’on voudrait en faire aux études politiques et sociales. Ce n’est que lorsqu’elles portent sur des phénomènes semblables que les généralisations sont fécondes. Avec des éléments divers, n’ayant que de l’analogie, on ne fonde point de vraies sciences.

Dans ses Pensées, l’auteur de l’Esprit des Lois met en garde, à plusieurs reprises, contre les illusions que se font certaines gens; et notamment dans le passage qui suit:

«Les politiques ont beau étudier leur Tacite; ils n’y trouveront que des réflexions subtiles sur des faits qui auroient besoin de l’éternité du Monde, pour revenir dans les mêmes circonstances.»

Est-ce à dire que toute généralisation soit stérile en ces matières? Nullement! Une philosophie prudente peut arriver à des conclusions vraies et utiles par l’examen de ce qu’il y a de permanent dans l’histoire. Or qu’y trouve-t-on partout et toujours? L’Homme, avec ses facultés, ses instincts et ses passions, causes intimes et éternelles de toutes les vicissitudes des Peuples.

C’est parce qu’ils sont (comme les Lettres Persanes) l’œuvre d’un moraliste, d’un moraliste hors ligne, que l’Esprit des Lois et les Considérations sur la Grandeur des Romains ne cesseront point d’exciter l’admiration des penseurs à venir.

Pensées et fragments inédits de Montesquieu

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