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V.–ÉCRITS DE MONTESQUIEU.

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Table des matières

83(837. I, p.538).–J’ai la maladie de faire des livres et d’en être honteux quand je les ai faits.

84(412. I, p.374).–Bien des gens en France, surtout M. de La Motte, soutiennent qu’il n’y a pas d’harmonie. Je prouve qu’il y en a, comme Diogène prouvoit à Zénon qu’il y avoit du mouvement en faisant un tour de chambre.

85(609. I, fo449vo).–Je disois: «Je parle des différents peuples d’Europe, comme des différents peuples de Madagascar.»

86* (1297. II, fo137).–Du reste, dans tout ceci, je n’ai prétendu louer ni blâmer notre nation. Quand j’agis, je suis citoyen; mais, lorsque j’écris je suis homme, et je regarde tous les peuples de l’Europe avec la même impartialité que les différents peuples de l’île de Madagascar.

87* (764. I, p.500).–Je ne juge jamais des hommes par ce qu’ils ont fait ou ce qu’ils n’ont pas fait à cause des préjugés de leurs siècles. La plupart des grands hommes y ont été soumis. Le mal est lorsqu’ils y ont ajouté du leur: car, d’ailleurs, ils n’ont pas vu, la plupart du temps, les préjugés de leur siècle, parce qu’ils n’ont pas voulu les voir. Qui sont les sots qui prétendent avoir plus d’esprit que les grands hommes qui s’y sont soumis? Je ne juge point de saint Louis par ses croisades. Il m’est indifférent que M. Arnaud fût janséniste, s’il a bien raisonné sur le jansénisme. Je n’estime pas non plus un homme parce qu’il les a suivis, et ne fais cas ni de la pauvreté de Fabricius, ni du retour de Regulus (je parle seulement du retour); mais je fais cas de la fermeté et de la vertu de Platon et de Socrate.

88(1477. II, fo218vo).– Je disois: «Je voudrois bien être le confesseur de la vérité; non pas le martyr.»

89* (1438. II, fo207vo).–Quelques gens ont regardé la lecture du Temple de Gnide comme dangereuse. Mais ils ne prennent pas garde qu’ils imputent à un seul roman le défaut de tous. Qu’il y ait, dans une pièce de vers, des choses licencieuses, c’est le vice du poète. Mais que les passions y soyent émues, c’est le fait de la poésie.

La lecture des romans est dangereuse sans doute. Qu’est-ce qui ne l’est pas? Plût à Dieu que l’on n’eût à réformer que les mauvais effets de la lecture des romans! Mais ordonner de n’avoir pas de sentiments à un être toujours sensible; vouloir bannir les passions, sans souffrir même qu’on les rectifie; proposer la perfection à un siècle qui est tous les jours pire; parmi tant de méchancetés, se révolter contre les foiblesses: j’ai bien peur qu’une morale si haute ne d[ev]ienne spéculative, et qu’en nous montrant de si loin ce que nous devrions être on 15ne nous laisse ce que nous sommes.

90* (1948. III, fo256).–Réflexions.–Quelques scènes de Corneille me donnèrent l’idée de ce dialogue (de Sylla). J’étois jeune, et il falloit être bien jeune pour être excité à écrire par la lecture du grand Corneille et par la lecture de cet auteur qui est souvent aussi divin que lui.

91* (932. II, fo16).–Le succès de ce livre a pleinement rempli mon ambition, puisque toutes les critiques que l’on a fait (sic), après un mois de vie ou d’engourdissement, sont ensevelies dans la nuit éternelle du Mercure, avec les énigmes et les relations des gazetiers.

Hoc miserœ plebi stabat commune sepulcrum.

92(1599. II, fo456).–Sur ce qu’on me disoit que j’irois en Angleterre et (?) recevoir les applaudissements pour l’Esprit des Loix; je dis: «Il faut chercher l’approbation; jamais, les applaudissements.»

93(1598. II, fo456).–Sur quelques petite auteurs5 qui me critiquoient, je dis: «Je suis un grand chêne au pied duquel les crapauds viennent jeter leur venin.

94* (1643. III, fo4vo).–Je me plaignois d’une infinité de mauvaises critiques sur mon Esprit des Loix, qui venoient de ce qu’on ne m’avoit pas entendu. Je me trompois: elles venoient de ce qu’on ne vouloit pas m’entendre. Une infinité de petits esprits avoit des lieux communs de morale qu’ils vouloient débiter. Or, pour cela, il falloit ne pas m’entendre. Par exemple, s’il (sic) prenoit le mot de vertu dans le sens que je lui ai donné, on ne pouvoit pas s’étendre sur la nécessité des vertus chrétiennes et des vertus morales dans toutes sortes de gouvernements. De plus, en ne m’entendant point, ils avoient un champ libre pour faire des déclamations. Or, ce genre d’ouvrage est de tous le plus facile.

95* (1952. III, fo257).

Tu potes in totidem classem convertere nymphas.

Je disois cela de l’Angleterre, à la paix de1748, et l’appliquois à une critique douce faite sur un de mes ouvrages.

96(2239. III, fo466, vo).–On me parloit de la critique idiote de M. Dupin, fermier général, de l’Esprit des Loix; je dis: «Je ne dispute jamais contre les fermiers généraux quand il est question 5d’argent, ni quand il est question d’esprit.»

97(2057. III, fo342).–Je disois sur l’abbé de Laporte, qui avoit écrit contre l’Esprit des Loix pour avoir quelques pièces de vingt-et-quatre sols d’un libraire: «Un homme qui dispute pour s’é-clairer ne se compromet pas avec un homme qui dispute pour vivre.»

98(2166. III, fo357).–Lors de mon affaire avec la Sorbonne. «... Mais je vois de loin une petite nuée qui se grossit et veut produire un orage. Je crois que je serai à la fin obligé d’abandonner la patrie la plus tendre, le roi le plus chéri. Allons! et, en quelque lieu que nous reposions notre tête, tâchons de la mettre sous les lauriers.»

99(2053. III, fo341vo).–Je disois dans une apo-logie: «C’est l’indignation de l’innocence.»

100* (936. II, 17vo).–Quelque bonne chose que je dise, je l’abandonne toute à l’orgueil de tous ceux qui voudront la critiquer.

101* (1315. II, fo180).–On trouvera qu’en donnant mon jugement sur divers auteurs je loue plus que je ne critique. Je n’ai guère donné mon jugement que sur les auteurs que j’estimois, n’ayant guère lu, autant qu’il m’a été possible, que ceux que j’ai crus les meilleurs.

D’ailleurs, sans afficher ici de beaux sentiments, j’ai été si tourmenté, toute ma vie, par ces petits beaux-esprits qui m’ont rompu la tête de leurs critiques de ce qu’ils ont mal lu, et de ce qu’ils n’ont pas lu, que je crois leur devoir en partie le plaisir singulier que je trouve à voir un ouvrage excellent, à voir un ouvrage bon qui approchera peut-être de l’excellent, à voir même un ouvrage médiocre qu’on pourra rendre bon.

D’ailleurs (j’avoue), je n’ai aucune prédilection pour les ouvrages anciens ou nouveaux, et toutes les disputes à cet égard ne me prouvent autre chose si ce n’est qu’il y a de très bons ouvrages, et parmi les anciens, et parmi les modernes.

102(2241. III, fo466vo).–Je disois: «Je n’ai point le temps de me mêler de mes ouvrages; je m’en suis démis entre les mains du public.»

103(89. I, p.84).–Il y a un auteur qui a fait un traité sur les maladies des arts; je voudrois en faire un sur les maladies des religions.

104(796. I, p.512).–Je voudrois faire un jugement sur l’histoire de Fernand Cortès, par Solis, avec des réflexions; j’en ai déjà de toutes faites.

105(1111. II, fo75).–Histoire de France.–Si je la fais (j’avois songé à faire celle de Louis XIV), il faudra y mettre les principales reparties, y mettre partout les extraits des pièces, plus ou moins longs selon qu’elles seront plus ou moins intéressantes. Au reste, je croyois que je n’y réussirois pas moins bien qu’un autre, et mieux surtout que ceux qui, ayant eu part aux affaires, sont devenus parties intéressées. Il y en a (me semble) mille exemples. Il me paroît que César, dans les causes qu’il donne de la guerre civile, est en contradiction avec Pompée; mais je veux examiner cela.

106(939. II, fo17vo).–Je travaille depuis vingt-cinq ans à un livre de18pages qui contiendra tout ce que nous savons sur la métaphysique et la théologie, et ce que nos modernes ont oublié dans les immenses volumes qu’ils ont donnés sur ces sciences-là.

107(2204. III, fo463vo).–J’ai des matériaux prêts pour faire une comparaison d’Arrien et de Quinte-Curce.

108(2217. III, fo464vo).–Je veux faire un livre de Stultitia Nebulonum.

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