Читать книгу Traité raisonné d'équitation, d'après les principes de l'école française - P.-A. Aubert - Страница 14
ОглавлениеContinuation de la Leçon en liberté.
Instruction de l’Elève-Ecuyer.
Il reste, pour compléter la position de l’élève, qu’il tienne le bridon dans la main de dedans, qui, jusqu’alors, est restée libre. Je ne parle pas des étriers, que je ne lui donne que vers la quarantième leçon. (V. des Etriers.) Ce bridon lui devient maintenant indispensable, parce qu’après quelques leçons en liberté il doit apprendre à tenir son cheval placé ou dans le pli. (V. du Pli.) C’est dans cette leçon qu’il reconnaîtra l’avantage de ce bridon pour ployer l’encolure, et combien le juste pli de l’encolure ajoute à la grâce et à l’agrément du cheval. Cette main du bridon, qui a été jusqu’ici dans une position insignifiante, comme une enseigne , va s’animer par l’action qu’elle produira sur toute la position de l’élève, qui, de ce moment, a appris à donner à son cheval l’attitude la plus gracieuse à l’œil du spectateur, et la plus commode pour le cavalier; il est donc tout naturel que cet élève, qui se trouve beaucoup plus à son aise, soit par cette seule raison, bien à cheval et plus gracieux. Voilà le secret de ce changement en mieux, de cette grâce, qui arrivent subitement et immanquablement, quand le maître a su les préparer. (V. du Bridon joint à la bride.)
Si la main de la bride n’avait pas été placée avec le plus grand soin, si elle n’avait pas conduit seule le cheval pendant le temps nécessaire; si son pli, pour ainsi dire, n’était pas déjà pris dans la bonne position, il est certain que celte bonne position s’altérerait par l’emploi de l’autre main, susceptible de contrarier son effet; et c’est ce qui arrive toujours quand on veut placer un élève qui a trois leçons de même que celui qui en a vingt; et c’est bien pour éviter ce désordre, qu’à l’imitation de M. Pellier, mon maître, je recommande avec tant d’insistance de ne pas faire prendre le bridon trop tôt Cependant, il ne faut pas tomber dans le défaut contraire en tenant les élèves indéfiniment à, la seule main de la bride, surtout avec des chevaux souvent faux dans la main, et que le meilleur écuyer ne saurait tenir droits, tourner ni placer, sans la rêne du bridon. Je fais donc prendre ce bridon vers les premières leçons en liberté. Pendant que la main de la bride tient le cheval rassemblé (V. pour Rassembler son cheval.) la rêne de dedans du bridon le tient dans le pli, et, comme je l’ai déjà dit, donne au cavalier et au cheval une action plus régulière et plus gracieuse.
Je sais qu’il est des écuyers qui dépêchent tellement la leçon élémentaire qu’ils ne craignent pas de mener les élèves en promenades extérieures avec des éperons et des étriers dès la troisième ou quatrième leçon. D’autres les font galoper de deux pistes avant qu’ils sachent conduire leurs chevaux au petit trot le long du mur du manège. Ceux-là diront que ma méthode n’est pas à la hauteur du siècle, qu’elle est rétrograde, que je ne suis pas homme de progrès, etc., etc. Mais je réponds à cela que ce n’est pas tout de se dépêcher, c’est d’arriver à temps. Or, je soutiens que par mon système d’enseignement, les élèves apprennent beaucoup plus vite, et savent mieux. A peu d’exceptions, tous ceux que j’ai formés ont eu une bonne position et ont mené passablement leurs chevaux aux trois allures, d’un train égal et placés, après 24 leçons. J’en appelle au témoignage des connaisseurs qui ont vu les manèges dans leur beau temps. Plusieurs de ceux-là se sont déclarés les protecteurs du mien, mais ce n’est qu’après avoir jugé par eux-mêmes des progrès que j’ai fait faire en peu de temps à tous les élèves qu’ils ont bien voulu me confier.
Ce système, je n’avais pas de raison de le faire connaître il y a 15 ans; il était même dans mes intérêts de ne le communiquer qu’à ceux qui donnaient leçon dans mon manège; mais aujourd’hui, qu’en publiant le fruit des études de toute ma vie, je commence par annoncer que les principes que j’enseigne étaient connus longtemps avant moi, il m’importe aussi de faire connaître ce qui m’appartient; c’est ce dont on pourra juger après avoir lu cet ouvrage avec quelque attention.