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CHAPITRE V.

Table des matières

De la leçon de Pied-Ferme ou sur place (V. pl. 3.) — Elle commence immédiatement après celle du Montoir.

Instruction de l’Elève-Ecuyer.

Aussitôt que l’élève est à cheval, l’écuyer doit commencer par le placer droit dans la selle, le plus près possible du pommeau, en lui expliquant tout de suite l’avantage d’une bonne assiette, comme base de la position. Il ajoutera beaucoup à la clarté de la démonstration, s’il sait joindre à propos l’expression du geste. Le geste et le toucher sont deux moyens d’enseignement qui facilitent beaucoup la leçon de tous les exercices du corps. Ainsi il ne suffit pas de dire à un commençant: Tournez la cuisse, ployez le genou, fermez la jambe, etc., il faut en même temps lui tourner la cuisse au dégré nécessaire, faisant mouvoir les articulations des genoux, des hanches, des pieds, etc.; examinant ce qu’on peut exiger de leur flexion, extension, rotation, sans causer une trop grande gêne à la partie que l’on veut placer, et en ayant égard à la conformation particulière de chaque élève, discernement qui suppose que le professeur possède au moins les notions d’anatomie suffisantes pour savoir où ces articulations sont placées et à quelle classe elles appartiennent .

SUITE DE LA LEÇON DE PIED FERME.

Des douze principes généraux servant à établir la belle position du cavalier.

1. — La tête haute et libre entre les deux épaules.

2. — La poitrine bien ouverte sans être saillante.

3. — La pointe des épaules en arrière et d’aplomb sur les hanches.

4. — Le haut du corps, dit buste aisé, libre et droit.

5. — Les bras sur la ligne du corps, tombant naturellement à deux pouces dès hanches.

6. — Les coudes tombant naturellement ni en avant, ni en arrière des hanches.

7. — L’avant-bras et le poignet sur une ligne horizontale.

8. — Les reins moelleusement soutenus et un peu ployés.

9. — L’assiette chargée du poids du corps bien au milieu de la selle, les fesses chassées en avant sous la base.

10. — Les cuisses assez tournées en dedans pour être collées à plat sur la selle, sans serrer les genoux.

11. — Les jambes libres et assurées tombant naturellement près le corps du cheval, un peu inclinées en arrière, sans étriers et perpendiculairement, quand elles sont portées par les étriers.

12. — Les pieds tombant d’aplomb sous la ligne des jambes, la pointe un peu plus basse que le talon, sans étriers et de niveau avec les étriers.

Ces douze principes généraux de position étant détaillés d’abord, suivant l’ordre et dans les termes que j’indique ici, suffiront, sans autre développement, pour placer un élève à cheval dans l’attitude convenable pour l’aplomb et la solidité ; quant à la grâce, elle vient un peu plus tôt, un peu plus tard, suivant que le sujet est disposé à avoir plus ou moins de souplesse dans les mouvemens. Je n’ai pas besoin de dire que l’écuyer doit rappeler ces principes à propos toutes les fois qu’une ou plusieurs parties se seront dérangées, en recommandant surtout à l’élève d’éviter d’employer de la force et de la roideur.

Je ne donne pas ici le détail de la tenue des rênes et de la pose de la main, supposant cette leçon de pied-ferme donnée par un sous-Écuyer qui se borne à faire prendre la bride à la première position, comme je l’indique à la fin de la leçon du montoir. Pour les plus grands développemens, on consultera les chapitres qui traitent de la position des mains.

Il y aurait un grand avantage à donner trois leçons de pied-ferme avant de faire marcher l’élève même au pas.

Ces trois premières leçons seraient consacrées à lui apprendre à monter et à descendre de cheval en marquant bien tous les temps; à établir sa position sur place par le rappel des douze principes précités; à ajuster les rênes: 1° pour les accourcir; 2° pour les allonger; 3° pour les égaliser, et enfin à les changer d’une main à l’autre: à lui apprendre à marquer le demi-arrêt et l’arrêt par la retraite du corps (V. De la Retraite du corps. ) ; à diriger la main de la bride à droite et à gauche sans la fausser, afin de faire tourner l’épaule du cheval, accompagnant ce mouvement de la pression moelleuse de la jambe; à arrêter et rendre, etc., etc.

Toutes ces démonstrations élémentaires sont de la plus indispensable nécessité, et la main du maître doit conduire celle de l’élève pour l’empêcher de se fausser dans sa position et pour lui imprimer surtout, dès les premières leçons, ce tact de sentiment que l’écolier conçoit bien plus facilement par cette expression du toucher, dont j’ai déjà parlé, que par de longs discours. Pendant les premières leçons tout doit être purement élémentaire; ce n’est qu’à mesure que l’élève améliore et assure sa position qu’on doit lui expliquer les conséquences des principes, qui ne lui sont indiqués d’abord que comme un commandement militaire, auquel il doit se soumettre avec la plus aveugle et la plus entière confiance. Si le développement raisonné des principes devient indispensable quand les élèves sont arrivés au point de le comprendre, les explications anticipées n’aboutissent jamais qu’à étourdir le commençant, à retarder l’exécution physique, et à faire dégénérer la leçon en bavardage.

L’écuyer devra encore apprendre à l’élève à fermer ses deux jambes également par le pli du genou; puis à les fermer l’une après l’autre, et cela toujours sur place et comme leçon préparatoire avant de marcher. Il faudra comme je l’ai déjà dit, faire jouer toutes les articulations, afin de préparer l’élève au liant et à la souplesse, avant de mettre son cheval en mouvement. Beaucoup de personnes prennent des leçons uniquement par raison de santé. Chez plusieurs de celles-là se joint, à une grande faiblesse de constitution, une irritabilité nerveuse qui cause de la contraction aux membres quand on veut les assujétir, sans préparations bien ménagées, à des positions d’école. Souvent ces positions, données au commençant, sont tout le contraire de celles qu’il prend dans l’habitude de la vie: voilà la cause de cette extrême fatigue qui accompagne ordinairement les premières leçons de manège, d’armes, de danse, etc. Il faut dire encore que les hommes les plus forts apportent, par la raison contraire, beaucoup plus de force qu’il n’en faut, et s’épuisent aussi bien que les faibles, si le maître n’y prend garde.

C’est cette leçon sur place que M. de Chabannes employait avec tant de succès, quand il était premier Écuyer de manège à l’Ecole Royale de Saumur, où il forma tant de sujets remarquables .

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