Читать книгу Traité raisonné d'équitation, d'après les principes de l'école française - P.-A. Aubert - Страница 7
ОглавлениеPréparation pour monter à cheval, ou leçon dite du Montoir.
Cette préparation est indispensable pour s’assurer de l’obéissance du cheval pendant qu’on le monte, et il faut admettre qu’on n’a pas toujours quelqu’un pour le tenir, surtout avec l’adresse qu’exigent beaucoup de chevaux; il en est qui sont très impatients au montoir, qui ne veulent pas rester un instant sur place et qui vous marchent sur les pieds, si vous ne savez pas vous placer à une distance convenable de l’épaule; il y en a d’autres qui frappent du devant et du derrière; d’autres qui, avec l’impatience de partir au moment où l’on s’enlève sur l’étrier, ont la bouche si sensible qu’ils se renverseraient si les rênes étaient prises trop courtes avec les crins. Beaucoup de cavaliers font cette dernière faute, et beaucoup d’accidents en sont la conséquence inévitable. C’est pourquoi je prescris de prendre les rênes longes avec les crins, de manière qu’elles décrivent non pas un angle du petit doigt aux branches où elles sont attachées, mais un arc-de-cercle. Il arrive encore avec les chevaux qui se précipitent en avant, au moment où le cavalier veut entrer en selle, que s’il ne s’est pas bien enlevé en soutenant le corps sur les poignets et sur l’étrier, il ne peut arriver que sur la croupe, d’où il est bientôt précipité si le cheval est vigoureux. Il est donc très important que l’élève apprenne à se mettre en garde contre tous ces désordres, qui sont rares, il est vrai, mais qui peuvent aussi se rencontrer chez le cheval dont on se défie le moins, et qui le plus souvent ne sont pas chez l’animal, méchanceté, défense, mais une ardeur excessive ou une mauvaise habitude toujours causée par la faute de ceux qui l’ont monté pour les premières fois. Ce n’est qu’avec les chevaux dont on connaît bien le caractère et qu’on monte habituellement, que l’on peut se dispenser d’observer les règles que je prescris ici pour la leçon du montoir. Quant à en marquer tous les temps, ce n’est bon qu’au manége et en troupe pour l’unité d’action, mais dans l’usage ordinaire c’est absolument inutile.
Après qu’on aura appris à l’élève à faire l’inspection de l’équipement de son cheval pour s’assurer, 1° qu’il est sanglé ; 2° que la gourmette est mise; 3° que la martingale est arrêtée , on commencera la leçon du montoir très lentement et ainsi qu’il suit:
Le cavalier doit, avant de monter, avoir attention que son cheval soit droit et d’aplomb sur ses quatre jambes, en se plaçant vis à vis de son épaule et à six pouces environ de distance.
La tête haute et directe, le regard sur l’oreille du cheval.
Les épaules effacées et libres.
Le corps d’aplomb.
Les jambes assemblées, les jarrets tendus.
Les talons près l’un de l’autre.
Les pointes des pieds un peu tournées en dehors.
Ayant la gaule basse dans la main droite, les bras tombant naturellement près du corps, de manière que les petits doigts touchent les cuisses avec les pouces un peu inclinés en dehors.
Puis il doit aisément, et sans rien brusquer ni presser:
1° Prendre le bouton des rênes de la bride avec le pouce et l’index de la main droite. Enlever cette main perpendiculairement au dessus du garrot, et en développant le bras, un peu arrondi, de toute son étendue; la gaule placée perpendiculairement le long de l’épaule du cheval, afin qu’il n’en soit point effrayé. (V. pl. 3.)
2° Mettre la rêne droite sur le plat, la saisissant avec le pouce et l’index de la main gauche, et descendant cette main depuis le bouton jusqu’au tiers environ de la rêne, pour que celle-ci se mette sur son plat par le jeu du touret.
3° Répéter le même mouvement, et avec la même main, pour placer également la rêne gauche sur son plat.
4° Passer le petit doigt de la main gauche entre les deux rênes et près du bouton; puis la baisser environ d’un pied, faisant glisser les doigts le long des rênes, dont on soutient toujours le bouton avec la main droite.
5° Fermer les doigts de la main gauche pour s’assurer des rênes, lâchant en même temps le bouton de la main droite, qui la dirige sur l’épaule droite du cheval.
6° Mettre la main gauche en position comme à cheval, le pouce étendu sur les rênes, et sentir moelleusement la bouche dans la main, pour s’assurer de l’obéissance et de l’immobilité du cheval; et comme les rênes sont longues, il faut nécessairement élever la main pour marquer l’arrêt. (V. pl. 3.)
Observation importante.
Rien de si dangereux que de tenir les rênes courtes en montant, car si le cheval vient à faire un mouvement violent pendant que le cavalier est sur l’étrier, il retombe presque toujours à terre, mais avant d’y arriver, les crins lui échappent de la main, tout l’effort se fait alors sur les rênes, et l’extrême douleur que le cheval en ressent dans la bouche, suffit souvent pour le faire renverser sur le cavalier. Chute la plus dangereuse.
Si on est seul en plaine, avec un cheval qui veut partir, on tient la main ainsi soutenue en sentant la bouche, sans prendre les crins, comme je l’indique au 6e temps, et on chausse l’étrier en même temps; et sitôt qu’il reste un temps sur place, on prend les crins pour enfourcher lestement en confondant tous les autres temps en un seul. Je ferai remarquer à ce sujet qu’un cheval difficile au montoir est toujours dangereux, et que celui qui a de l’ardeur ne manque jamais de devenir difficile au montoir, quand on lui saccade la bouche en le montant.
70 Saisir une poignée de crins de la main droite à un pied environ du garrot et la passer dans la gauche, ainsi que la gaule, quand on monte avec l’étrier, et beaucoup plus près de la tête quand on s’enlève par la seule action des poignets (voltiger) .
8° Faire un pas en arrière du pied droit en effaçant bien l’épaule de ce côté.
9° Saisir l’étrivière de la main droite près de la boucle pour s’assurer qu’elle est sur son plat, et descendre la main jusqu’à 4 pouces environ du pont de l’étrier .
10° Chausser l’étrier du pied gauche en approchant le genou du corps du cheval, pour éviter que la pointe du pied le touche sous le ventre.
11° Saisir le troussequin ou le derrière de la selle au-dessus de l’attache de la croupière.
12° Enlever le corps légèrement et droit, partie sur les deux poignets, partie sur l’étrier, évitant surtout de trop charger ce dernier pour ne pas faire tourner la selle.
13° Rester un temps sur l’étrier, les jambes assemblées, les jarrets tendus, le haut du corps incliné sur la droite du cheval, la cuisse gauche appuyée sur son épaule gauche pour empêcher le corps de renverser à droite; la tête un peu tournée sur la gauche, le regard dirigé sur l’oreille du cheval.
14° Apporter la main droite sur le pommeau de la selle et au milieu, les doigts en dedans, le pouce en dehors. (Voy. pl.)
15° Enfourcher en étendant la jambe droite le plus possible au-dessus de la croupe, évitant de la toucher du pied, qui doit être placé presque de de niveau à la hanche en enfourchant.
16° Entrer doucement en selle en chassant la ceinture en avant, de manière à s’asseoir le plus près possible du pommeau.
Ici l’écuyer fait relever l’étrier gauche sur l’épaule du cheval ou l’ôte tout-à-fait, car il est bien entendu que dans les premières leçons, l’élève ne doit avoir ni éperons, ni étriers .
17° Lâcher les crins de la main gauche sans lâcher les rênes ni la gaule, et mettre cette main à la 1re position, après avoir passé la gaule dans la main droite.
18° Ajuster les rênes tant pour les égaliser que pour déterminer leur longueur. (V. pour ajuster les rênes.)
19° Placer la main droite à trois pouces environ au-dessus de la gauche; la gaule haute , le poignet arrondi, les ongles en dessus, le pouce et l’index allongés sur la gaule et un peu détachés des autres doigts pour en diriger la pointe vers l’oreille gauche du cheval.
20° Une fois en selle et placé, observer la plus grande immobilité et prêter attention à la leçon de pied ferme qui commence après ce 20e et dernier temps de la leçon du montoir.
Toute cette première leçon doit se donner le plus lentement possible, et se répéter plusieurs fois sous les yeux du maître, qui doit, en la détaillant, se servir toujours des mêmes termes.
J’ai cru devoir entrer dans ces détails, qu’aucun auteur n’avait traités avant moi, tant pour l’instruction des élèves que pour celle des jeunes sous-écuyers que l’on charge ordinairement des leçons de longe; ces jeunes gens, n’ayant point assez d’habitude et d’expérience de la leçon pour la donner de manière à dire tout ce qu’il faut, et rien que ce qu’il faut, chargent ordinairement leur démonstration de discours superflus, ou bien tombent dans l’abus d’un laconisme extrême, également contraire aux explications que réclament les leçons élémentaires.