Читать книгу L'Art en Alsace-Lorraine - René Ménard - Страница 15
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LES FRESQUES
ES vestiges nombreux prouvent que la peinture monumentale a été cultivée en Alsace pendant tout le moyen âge; mais ils sont trop détériorés pour qu’on puisse se faire une idée du style qui leur est propre. Aussi les archéologues regardèrent comme une véritable trouvaille la découverte faite, en1824, dans le temple neuf de Strasbourg, d’une danse des morts dont plusieurs parties étaient bien conservées. Mais, en1870, le temple neuf a été brûlé par les Allemands, et il ne reste plus rien de la vieille peinture dont la découverte avait fait tressaillir les archéologues et les amateurs de la peinture alsacienne.
L’école primitive de Bohême se rattache à un un Alsacien, Nicolas Wurmser, qui peignait à Prague, antérieurement aux plus anciens maîtres allemands. Au XVe siècle, Jean de Schestadt, dont il ne reste malheureusement rien, s’était acquis, en Alsace, une très-grande célébrité. Ce peintre passa, en1418, un traité avec les magistrats de la ville de Baie, pour la décoration d’une chapelle dite à la Croix des misérables, qui avait été élevée en1402en souvenir d’une ancienne croix très-vénérée par le peuple bâlois.
Les termes de ce traité sont parvenus jusqu’à nous et sont extrêmement curieux, parce qu’ils nous montrent comment on entendait alors la décoration d’une église, et quels arrangements on prenait avec le peintre chargé de la décorer.
D’abord les mandataires de la ville prennent à leurs frais tous les échafaudages qu’il sera nécessaire d’élever pour l’exécution du travail et se chargent également de faire couvrir les murs avec du plâtre fin et bien ébarbé. «Cela étant fait, maître Jean recouvrira avec de la toile, d’une manière propre et nette, tous les joints du plafond, et lorsqu’ils seront ainsi recouverts, il commencera à peindre et peindra la surface du plafond avec de la couleur bleue.»
Cette couleur bleue, que le traité appelle ailleurs de l’azur fin, devait être fournie par la ville, sans doute à cause de sa cherté, mais toutes les autres couleurs, et même l’or, demeuraient à la charge du peintre, qui s’engageait à n’employer que les meilleures qui se fissent dans le pays, et recevait pour cela une somme de300florins rhénans, «à tels termes qu’il en aura besoin, sans toutefois lui payer trop à l’avance». Lorsque l’ouvrage sera terminé d’une manière «louable, bonne et solide», les mandataires décideront ce qui doit lui être alloué en sus des300florins stipulés.
Le traité parle ensuite du genre de décor, qui consistait en sujets, animaux, ornements et dorures, le tout devant être exécuté «d’après le mode que l’on remarque dans le plafond de la Chartreuse de Dijon, en Bourgogne». Cette prescription est extrêmement importante, parce qu’elle prouve qu’à cette époque l’art alsacien puisait ses inspirations du côté de la France et non du côté de l’Allemagne.