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II
LE STYLE ROMAN

Table des matières


ONDÉ en Orient, le christianisme y avait également formé une architecture qui s’appropriait à ses besoins. Dès le VIe siècle, sous Justinien, Constantinople avait vu s’élever un édifice, l’église de Sainte-Sophie, dont l’architecture, aussi bien que la décoration, était une affirmation nouvelle, étrangère à toutes les traditions païennes de l’antiquité.

L’art byzantin était déjà constitué, car si on le résume habituellement dans Sainte-Sophie, qui en est le chef-d’œuvre, on en retrouve les principes non-seulement dans les édifices, mais encore dans une foule de menus objets, miniatures, triptyques, reliquaires, calices, qui sont tous empreints du même style.

Les persécutions contre les iconoclastes firent affluer en Occident une multitude énorme d’architectes, peintres, mosaïstes, enlumineurs, orfévres, doreurs, qui, accueillis dans les monastères de l’Occident comme des victimes de l’hérésie, apportaient leur goût et leurs idées au milieu des traditions appauvries du vieux style latin.

Le style roman en architecture a été le résultat de ce mélange, et est issu, non d’une inspiration soudaine, mais d’une transformation lente, dans laquelle l’élément byzantin a fini par devenir prépondérant parce qu’il était plus jeune et par conséquent plus vivant. Les voûtes se substituèrent aux charpentes de l’époque précédente, les tours se percèrent de petites arcades à plein cintre, les colonnes massives reçurent, au lieu des feuillages saillants du chapiteau corinthien, des ornements creux sur une masse cubique. On peut se faire une idée de ces chapiteaux d’après ceux que nous empruntons à la vieille église de Marmoutier (fig. 3) et à celle de Rosheim (fig. 4). L’ancien style romain subsiste néanmoins en partie dans un grand nombre d’églises, associé aux colonnes et à l’ornementation byzantine.


Fig. 3.–Chapiteau de l’Église de Marmoutier.


Fig. 4.–Chapiteau de l’Église de Rosheim.

On ne connaît pas le nom de la plupart des artistes de cette époque: ils le taisaient par humilité. C’est en fouillant dans les vieux manuscrits tirés des couvents, qu’on est parvenu à tirer quelques artistes de l’oubli absolu où ils étaient. Ce n’est donc jamais avec une bien grande certitude qu’on peut leur attribuer la construction de certains édifices ou la fabrication de certains objets d’art.

DRAGOBOD

DRAGOBOD, abbé de Wissembourg, est le plus ancien artiste dont le nom soit connu en Alsace. Dragobod, qui fut abbé de Wissembourg en674, devint évêque de Spire en690; mais il quitta son siége au bout de quelques années pour aller reprendre l’abbaye dont il avait été le fondateur et l’architecte. Les constructions qu’il a élevées ont péri, mais son nom devait nécessairement figurer en tête des artistes de l’Alsace.

DROGON

DROGON, évêque de Metz en825, est un fils naturel de Charle-magne, qui fut destiné aux fonctions ecclésiastiques par Louis le Débonnaire. A cette époque, l’étude de l’architecture religieuse entrait dans l’enseignement de tous ceux qui avaient l’espoir de devenir évêques ou abbés, car ils devaient diriger leur église matériellement aussi bien que moralement. Il n’est donc pas étonnant que Drogon ait donné les plans d’une église.

En827, les bâtiments monastiques de Marmoutier ayant été incendiés, Louis le Débonnaire chargea son frère de les rebâtir; et en 833, Drogon transféra solennellement dans l’église qu’il venait d’élever les reliques de saint Céleste, qui l’avait précédé dans le siége épiscopal de Metz.

La façade actuelle de Marmoutier passe pour appartenir à l’ancien édifice élevé par Drogon; mais l’intérieur de l’église est d’une construction beaucoup plus récente. Drogon a également rebâti l’abbaye de Neuwiller, et il reste peut-être des vestiges de son œuvre dans les parties les plus anciennes.

WILLO

WILLO, moine de Murbach et abbé d’Ebersmunster, vivait au XIe siècle; c’est à lui que se rattachent les plus anciennes traditions de l’orfèvrerie en Alsace. Il était très-habile doreur, et l’empereur Henri III, dit le Noir, le chargeait de dorer des vases de cuivre ou d’étain, qu’il donnait ensuite à ses vassaux, leur faisant croire qu’ils étaient d’or. Ceux-ci finirent par s’en apercevoir, et ne pouvant se venger sur l’empereur, résolurent de tuer l’artiste. L’empereur, voulant le protéger, lui donna l’abbaye d’Ebersmunster, bien que les moines eussent déjà nommé un autre abbé. Les moines se révoltèrent, mais l’empereur le réintégra par force. Willo, redoutant une nouvelle révolte, vola le trésor de son église et s’enfuit avec ses rapines.

On ne sait rien de plus sur cet artiste, qui passe pour avoir été d’une habileté prodigieuse. Bien qu’il n’ait pas, dans la légende, la réputation d’intégrité de saint Éloi, son nom est important à noter, parce que c’est le plus ancien qu’on connaisse dans l’orfèvrerie alsacienne.

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