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La fécondité des insectes dépasse tout ce qu’on peut se figurer de plus grand; elle est inimaginable; toutes les ressources de l’hyperbole restent impuissantes à faire comprendre jusqu’à quel point certains insectes possèdent la faculté de se reproduire. La femelle d’un simple papillon de ver à soie peut donner plus de cinq cents œufs qui tous seront aptes à devenir des vers. Les cirons, ces insectules si petits que tout le monde connaît, donnent naissance en quelques jours à de s milliers et des milliers d’êtres de leur espèce, qui bientôt deviendront, eux aussi, propres à la génération. Cette prodigieuse fécondité dans un tel insecte est de nature à nous faire concevoir d’où nous viennent les myriades de cirons qui vivent à nos dépens. En peu de temps, un seul couple de charançons, ces ennemis acharnés de nos greniers, engendrent des légions assez multipliées pour détruire les grains dans tous les dépôts d’une grande ville. Et l’abeille donc, cet utile insecte qui met à notre service son industrie aérienne, comme dit Virgile? Eh bien, une seule reine suffit à entretenir la population de tout un peuple! Sa fécondité peut produire jusqu’à quarante mille œufs! En vingt-quatre heures, quatre-vingt-six mille quatre cents œufs sortent des entrailles d’une reine de termites!...

Je pourrais nommer encore bien d’autres insectes chez lesquels cette faculté de reproduction existe à un aussi haut degré que chez ceux dont nous venons de parler. Mais ces quelques exemples suffisent à donner une idée de cet admirable propriété de multiplication, à nous faire entrevoir cette merveilleuse et occulte puissance de vie d’où sortent ces légions animées, douées d’une complète organisation et plus nombreuses que les grains de sable de la mer. Il y a dans cette nature infinitésimale un réservoir inépuisable, un véritable océan de vie d’où s’échappe et où rentre tout ce qui se meut. La petitesse est compensée par la multiplicité, et elle finît par être une grande création.

Si cette fécondité du monde inférieur n’était pas, en partie, annulée par les divers ennemis qui se repaissent d’insectes, qu’en serait-il du monde supérieur, et que deviendrions-nous? L’homme serait obligé de reculer devant cette armée envahissante; le roi de la création, avec cette royauté que lui dispute à chaque instant le plus obscur des insectes, périrait misérablement de faim, ou serait réduit, comme cela se pratique chez les peuples sauvages, à se nourrir des insectes déprédateurs eux-mêmes. Mais heureusement la Nature, prévoyante en toutes choses, a mis des bornes à ces envahissements. Tous les œufs n’éclosent pas, et une multitude d’insectes voraces plus forts, d’oiseaux, d’animaux ailés ou rampants, chassent et détruisent les petits ravageurs; et ces singulières battues échappent souvent à nos regards inattentifs.

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